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Pour un rapprochement producteurs-consommateurs en Pologne

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1997

En Pologne, 27 % de la population active travaille dans l’agriculture - dont la moitié à temps partiel - et son activité représente 12 % du produit national brut. C’est le seul pays du bloc soviétique dans lequel les paysans se soient opposés avec succès à la collectivisation des terres. Aujourd’hui, 78 % de la surface agricole est constituée de propriété privée, 18 % appartient à l’État et 4 % est aux mains de coopératives.

Les propriétés privées sont constituées de deux millions de fermes dont la surface moyenne est de 6,5 hectares. 58 % d’entre elles ont une surface inférieure à 5 hectares. Celles qui sont les plus grandes et les plus viables sont situées dans le Nord et l’Ouest du pays. Dans le Sud-Est, le manque de succession constitue un réel problème.

Les terres appartenant à l’État étaient, jusqu’en 1989, réparties entre 1658 exploitations dont la surface moyenne était de 2700 hectares et le nombre moyen d’employés de 300. Depuis que le gouvernement a pris la décision de les privatiser en 1991, plus de 1000 d’entre elles ont déjà été démembrées.

La transition vers l’économie de marché

Depuis 1990, un programme a été mis en place par le gouvernement dans le but d’assurer la transition d’une économie centralement planifiée vers une économie de marché. Cela passe par la privatisation des entreprises publiques, la restructuration des usines et la modernisation technologique. Dans le cas de l’agriculture, cela se traduit par :

- la restructuration des usines de fabrication d’engrais et de machines agricoles

- la privatisation des fermes d’État

- la modernisation de l’agro-industrie

- l’adaptation du volume de production et de la taille des exploitations

- la construction d’infrastructures de marché des produits agricoles

Au cours de la mise en place de ce programme, plusieurs changements sont survenus :

- la diminution du cheptel (-30 à 35 % de bovins, -15 % de porcs, -90 % de moutons)

- la mise en jachère d’environ 7 % de la surface cultivée

- la diminution de l’usage des engrais (de 180 à 65 kg de NPK par hectare)

- la formation de groupes de chômeurs en milieu rural, où ils représentent 2 à 3 % de la population active.

Ces réformes ont eu des résultats divers. De 1994 à 1996, le taux annuel d’inflation est passé de 30 à 20 % et les taux d’intérêts agricoles de 20 à 6 %. En revanche, le chômage est stable autour de 15 %.

Pour qu’elles soient viables et efficaces, les exploitations agricoles familiales devraient voir leur nombre passer de 2 millions à 700.000, ce qui représenterait environ 150.000 fermes de moins de 5 hectares spécialisées dans les productions à haute valeur ajoutée : légumes, productions sous serre, etc ; 300.000 fermes de 5 à 10 hectares spécialisées ; 200.000 fermes de plus de 10 hectares, spécialisées et liées à l’agro-industrie. Quant aux fermes d’État, il est prévu que leur nombre en l’an 2000 soit d’environ 4 à 5000 exploitations d’une surface moyenne de 600 hectares.

En 1989, 70 % de la production agricole était commercialisée par l’État et 18 % sur le marché libre. Le reste, soit 12 %, était réservé à l’autoconsommation. En 1996, on estime que la part des produits commercialisés sous le contrôle de l’État ne représente plus que 20 % du total, celle qui est vendue sur le marché libre est de 50 % et celle qui est autoconsommée de 30 %.

La région Sud-Est : sécurité alimentaire et société durable

Dans le Sud-Est du pays, plusieurs actions ont été entreprises, visant notamment à favoriser les rapprochements entre producteurs et consommateurs, ruraux et urbains. Par exemple, des groupes d’agriculteurs vont vendre leurs produits en ville une fois ou deux par semaine en se rendant jusqu’au domicile de leurs clients. D’autres lieux de vente sont constitués par les marchés urbains où les producteurs viennent vendre du lait et des produits laitiers, des pommes de terre, des légumes, etc. La ville de Cracovie, de 750 000 habitants, en compte 35 dont le développement est encouragé par la municipalité. Celle-ci favorise également la promotion de la culture paysanne et souligne l’importance de la production de pain en organisant, avec des agriculteurs de Solidarnosc, des vacances en milieu rural destinées aux citadins lors de la période des moissons.

Cette municipalité a également mis en place un programme intitulé "Cracovie, ville saine" qui favorise notamment la promotion des produits biologiques. Pour cela, une boutique spécialisée a été ouverte en ville, en lien avec une petite coopérative qui regroupe 12 producteurs d’un même village situé à environ 90 km. Depuis 1994, des cours d’agriculture et de commercialisation sont organisés et un système de certification des produits biologiques a été mis en place.

à travers ces exemples, on voit qu’il est possible de mettre l’accent sur des politiques agricoles privilégiant l’échelon local, de favoriser les relations directes entre ville et campagne afin d’éviter la présence de corporations multinationale sur les marchés agricoles et de favoriser la maîtrise par la population de sa propre alimentation. Ces choix relèvent aussi d’un positionnement philosophique et religieux qui fait passer les personnes avant les choses, l’éthique avant la technique, l’être avant l’avoir et la charité avant la justice.

Palavras-chave

agricultura e alimentação, agricultura, agricultura camponesa, alimentação, soberania alimentar, estratégia alimentar, consumidor, produção agrícola, não coletivização da terra


, Polónia

Notas

Ce texte fait partie d’une série de cas portant sur la question de la sécurité alimentaire, recueillis parmi les membres du réseau Agriculture paysanne et modernisation (APM)lors de la rencontre de Yaoundé, en septembre 1996.

Fonte

Literatura cinzenta

RABSZTYN, Kasimir, Note de travail pour le réseau APM, 1997 (France)

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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