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Viêt-nam : le pays exporte du riz, mais les besoins de sa population ne sont pas satisfaits

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1997

La sécurité alimentaire au Viêt-nam a toujours constitué une priorité. Suite à la réforme économique des années quatre-vingts, l’agriculture vietnamienne s’est développée à un rythme rapide et le pays exporte désormais des produits alimentaires. Cependant, beaucoup de paysans n’ont pas suffisamment pour se nourrir. Le pourcentage des ménages en dessous du seuil de pauvreté est relativement élevé (selon les chiffres de la Banque Mondiale, de l’ordre de 51 %)et la croissance économique produit de l’inégalité.

Fluctuations climatiques et ruptures de digues ont depuis longtemps engendré des disettes, voire des famines. Cependant, quand le taux de croissance démographique a dépassé le seuil de 2 % par an après les années trente, la tension s’est manifestée dans le rapport entre population et alimentation. La production vivrière, pendant les soixante dernières années, a cependant permis de faire face à l’augmentation de la population, malgré les insuffisances de la production au cours de la deuxième guerre mondiale et durant la guerre pour l’unification du pays.

Si nous examinons le développement de l’agriculture des différentes régions du Viêt-nam au cours de ces dernières décennies, nous pouvons constater que :

1- les régions de plaines du pays se sont développées d’une manière assez satisfaisante car la croissance de la production agricole dépassait celle de la population. Par contre, les collines et les montagnes ont enregistré une augmentation de la production agricole inférieure à la croissance démographique ;

2- avant 1988, faute d’incitation du système socio-économique en vigueur, la diffusion du progrès technique selon le modèle de la "révolution verte" en milieu paysan restait insuffisante.

C’est pourquoi il faut réunir deux conditions pour assurer un développement acceptable :

- des technologies assurant une croissance de la production par extension des surfaces ou augmentation des rendements ;

- un environnement socio-économique favorable, permettant aux paysans d’accumuler et d’accroître leur production.

La révolution verte des années soixante-dix et quatre-vingts se fondait sur l’augmentation de l’utilisation des intrants par unité de surface sur des variétés améliorées sensibles. C’est ainsi qu’elle n’a pu toucher que les plaines densément peuplées, où les rizières cultivées par les familles et les possibilités d’irrigation se prêtaient à une valorisation substantielle des engrais utilisés. Par contre, dans les régions en pente où les densités sont moindres et les systèmes agricoles plus extensifs, une meilleure productivité de l’agriculture vivrière pluviale demande des investissements plus importants en intrants et en main d’oeuvre. Dans ces terroirs, seul le remplacement d’une agriculture sur brûlis par des cultures pérennes peut faire émerger des systèmes durables.

Pour assurer la sécurité alimentaire à venir, il faut donc résoudre les problèmes suivants :

1- continuer à élaborer des techniques d’intensification pour augmenter encore les rendements dans les zones de delta, tout en assurant la "durabilité" écologique et économique des systèmes productifs ;

2- chercher des solutions techniques pour les régions difficiles, en mettant au point une approche systémique et écologiquement durable ;

3- évaluer quel contexte socio-économique serait le plus incitatif pour les régions difficiles d’agriculture de subsistance pour lesquelles l’économie de marché n’est pas dynamisante.

Aujourd’hui au Viêt-nam, et aussi dans les autres pays d’Asie du sud-est, on parle beaucoup des nouveaux pays industrialisés de l’Asie de l’est, qui ont connu une croissance économique accélérée. Un processus d’industrialisation comme celui-là va de pair avec un accroissement du taux d’urbanisation, de l’exode rural et de la réduction de la surface agricole. D’autre part, une industrialisation rapide a aussi pour effet de diminuer la croissance démographique. Enfin, elle permet d’élever les revenus et de changer la structure de la demande alimentaire.

Mais l’expérience de ces pays a montré que cette industrialisation entraîne une chute de l’agriculture et ces pays devenaient de plus en plus déficitaires en aliments. C’est pourquoi ce modèle d’industrialisation ne peut plus être appliqué dans le futur. Existe-t-il un autre modèle d’industrialisation où l’agriculture aurait un rôle plus important et où sa croissance assurerait la sécurité alimentaire du pays ?

La vitesse de développement de l’agriculture dépend aussi de la technique d’industrialisation. Une industrialisation concentrée dans les zones urbaines accroît les taux d’urbanisation, d’exode rural, de perte des terres agricoles et la disparité entre les revenus urbain et rural. D’autre part, l’exode rural entraîne la concentration foncière et contribue à augmenter le revenu agricole. Au contraire, une industrialisation décentralisée reposant sur le milieu rural va retenir la population à la campagne, favoriser l’emploi et augmenter le revenu des ruraux par le développement des activités non agricoles. Ces deux stratégies vont avoir des impacts différents sur le développement rural.

Selon la stratégie d’industrialisation retenue, l’augmentation du revenu des populations urbaines et rurales va susciter des demandes alimentaires différentes. De façon générale, l’amélioration des revenus change la structure de l’alimentation en réduisant la part de céréales et en augmentant la consommation de viande, ce qui accroît la demande en céréales pour l’alimentation animale. Pour assurer la sécurité alimentaire, l’agriculture doit alors produire une plus grande quantité de grains. Cette production supplémentaire devrait être assurée soit par l’extension de la surface cultivée, soit par l’augmentation du rendement. La perte de terre agricole peut être compensée par le développement de l’irrigation qui permet la multiplication des récoltes, et l’augmentation du rendement dépend de l’investissement dans la recherche agronomique.

La recherche de sécurité alimentaire semble alors contradictoire avec la diversification de l’agriculture nécessaire pour créer plus d’emplois et élever le revenu des paysans. En réalité, la sécurité alimentaire demande une production plus diversifiée car la satisfaction des besoins nutritionnels suppose que soient disponibles des denrées comme les légumes, les fruits et les produits d’élevage. Cette contradiction peut être résolue si l’agriculture connaît une croissance de plus de 4 % par an.

Palavras-chave

agricultura e alimentação, agricultura, agricultura camponesa, alimentação, soberania alimentar, estratégia alimentar, autosuficiência alimentar, arroz, fome, agricultura de subsistência, industrialização


, Vietname

Notas

Ce texte fait partie d’une série de cas portant sur la question de la sécurité alimentaire, recueillis parmi les membres du réseau Agriculture paysanne et modernisation (APM)lors de la rencontre de Yaoundé, en septembre 1996.

Fonte

Literatura cinzenta

THE TUAN, Dao, Note de travail pour le réseau APM, 1997 (France)

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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