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Le Forum des habitants en avant-première du sommet mondial des villes, Habitat II, à Istanbul, juin 1996

La parole des habitants au forum d’Istanbul

Françoise FEUGAS

11 / 1998

Pendant le sommet mondial des villes ’Habitat II’ de l’ONU qui se tient à Istanbul en juin 1996, est organisé un forum des habitants des quartiers défavorisés, presque comme un contre-sommet, au cours duquel une trentaine d’habitants, venus d’Amérique latine, d’Afrique et d’Europe, ont l’occasion de débattre des mêmes questions et d’échanger leurs expériences. La tenue de ce forum vise quelque part aussi à démontrer l’aberration qu’il y a à organiser un sommet mondial sur l’habitat... sans habitants, alors que les villes n’existent que par et pour les habitants. Pourtant les institutions présentes à ce sommet se sont peu préoccupées de les y associer.

Les participants au forum ont, de leur côté, réuni l’ensemble de leur réflexion en un texte commun, appelé "parole des habitants à Istanbul" dont nous souhaitons donner ici un compte-rendu résumé.

Reconnaissance, dignité, fierté

"Nous battre et progresser nous a permis de retrouver la fierté, la parole, la citoyenneté, face à ceux qui nous ignorent". Toute personne, tout groupe de base se battant pour faire triompher son droit mérite considération et reconnaissance. Mais les habitants sont souvent contraints de conquérir cette dignité par la force face à des décideurs qui les ignorent, les méprisent ou les évitent. Le savoir-faire des habitants doit être pris en compte par les autorités.

Logement pour tous

"Nous le peuple on ne peut habiter ni dans le ciel ni dans la mer; on a le droit à être et à rester sur sa terre". Toute collectivité doit garantir à tous le droit à avoir un toit, un espace privé, stable et protégé, que ce droit soit fondé sur des titres de propriété ou d’occupation légitime, ou tout simplement sur l’usage durable qui confère une légitimité à vivre sur sa terre, dans son logement, dans son quartier.

Exercice de la citoyenneté et pouvoir des citoyens

"Revendiquer ne suffit pas, il faut proposer, être capable de se mettre d’accord et de se faire entendre, et agir". Les habitants doivent apprendre à négocier, à oser le faire. Pour cela, ils doivent être correctement informés, et pas seulement par les experts. Ils doivent aussi pouvoir trouver des lieux et des occasions pour se rencontrer. Leurs actions collectives ont d’autant plus de chances d’aboutir qu’ils bénéficient d’appuis.

Partenariat et complémentarité pour une action efficace

"On ne met pas en question l’existence des autorités, on attend simplement qu’ils jouent leur rôle de décideurs pour que l’on puisse jouer notre rôle de citoyens actifs. On préfère moins de promesses, mais des promesses tenues".

Ce qui est désespérant pour les habitants, c’est de se trouver face à des interlocuteurs qui se dérobent ou se renvoient la responsabilité. L’action collective et la ténacité sont nécessaires pour vaincre l’inertie voire les stratégies négatives de certains décideurs. Parfois, les habitants citoyens subissent des pressions de toutes sortes, jusqu’à se trouver menacés dans leur vie quand bien même ils poursuivent leur action dans un cadre légal.

"Les habitants apprennent les règles du jeu alors que parfois leurs partenaires ne respectent pas ces règles qu’ils ont eux-mêmes élaborées ou les changent brusquement". Les changements politiques sont souvent assortis de remises en cause des projets engagés; il faut alors tout recommencer. Le risque de récupération au seul profit des intermédiaires existe. Il faut donc que les règles et les modalités du partenariat soient négociées clairement entre autorités et habitants. Elles doivent pouvoir faire l’objet de cahiers des charges signés par les parties et largement diffusés.

Le texte se conclut par un appel :

"Nous, habitants de tous les coins du monde, rassemblés à Istanbul, attendons des gouvernements et des bailleurs de fonds (...)qu’ils tiennent compte dans leurs accords des problèmes de développement, de logement et d’emploi à tous les niveaux et dans tous les pays

Appelons tous les Etats à faire cesser toute forme de pression, de mépris ou de violence contre les habitants et les membres de leurs organisations impliquées dans les luttes pour les droits, la citoyenneté, l’accès à la terre et au logement.

Décidons de nous organiser en un réseau international ouvert sans exclusive aux habitants du monde entier, et de développer notre action autour de trois axes, pour la mise en oeuvre desquels nous attendons de ces autorités publiques et de la communauté internationale l’aide qui nous est indispensable :

. Faire circuler l’information sur les expériences

. se rencontrer régulièrement pour échaner et se renforcer mutuellement

. mettre en place un dispositif de veille (...)qui s’assurera du suivi par les (autorités)des décisions et des engagements pris à Istanbul par l’ONU et donnera l’alerte en cas de violation grave des droits essentiels des habitants.

Nous attendons de la communauté internationale, et notamment de l’ONU, qu’elle valide ces principes, en assure la reconnaissance, facilite leur diffusion et leur mise en oeuvre."

Palavras-chave

moradia, bairro popular, ONU, cidadezinha, gestão da moradia, cidadania, participação dos moradores


, Turquia, , Istanbul

dossiê

Expériences de démocratie participative

Notas

Le texte intégral de cette déclaration se trouve dans le rapport cité en source, pp. 127-129.

Fonte

Relatório

FPH=FONDATION CHARLES LEOPOLD MAYER POUR LE PROGRES DE L'HOMME>, Habitants, élus, professionnels de la ville : éléments pour un partenariat Mémoire de la rencontre de Dakar, février 1998, Librairie Fph, 1998 (France)

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