español   français   english   português

dph participa da coredem
www.coredem.info

buscar
...
diálogos, propuestas, historias para uma cidadania mundial

Les ’tracasseries administratives’ ordinaires d’un voyageur gambien devant se rendre en Guinée Bissau

Ebraima MANNEH

01 / 2001

La Gambie, le Sénégal et la Guinée Bissau sont des pays voisins. La Gambie n’a pas de frontière commune avec la Guinée Bissau et pour s’y rendre, un voyageur venant de Gambie doit passer par la Casamance, au sud du Sénégal. C’est le voyage que j’ai effectué au mois de décembre 2000 et qui reste ancré dans ma mémoire, non seulement à cause de sa durée exceptionnelle mais aussi par les exigences extraordinaires des douaniers, des policiers et des gendarmes.

Les trois pays sont membres de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), une organisation d’intégration régionale, et ont tous signé sa Convention en matière de libre circulation des biens et des personnes entre les pays membres. Mais de la théorie au vécu quotidien, il y a de la marge et en réalité, le voyageur est confronté à des ennuis ’extra-réglementaires’ qui le condamnent à pardre beaucoup de temps, d’énergie et d’argent avant d’arriver à destination. Notons cependant qu’une guerre sévit en Casamance contre le Sénégal, et que les contrôles de sécurité.

Le tronçon gambien n’est pas long à parcourir - une quarantaine de kilomètres, mais il y aura néammoins trois arrêts : le premier pour la perception d’une taxe municipale qui ne concerne pas les voitures privées ; le second est un contrôle de police des taxis et transports en commun ; le troisième est au niveau de la frontière, à Jiboro. Là, on remplit normalement les formalités de sortie du territoire gambien -enregistrement des cartes d’identité acceptables dans les trois pays - et le laissez-passer du véhicule.

Nous arrivons à Séléti, en territoire sénégalais, à un kilomètre de la frontière. Au poste de douane, un douanier prépare, moyennant la somme de 2500 FCFA, un ’passavant de circulation’ autorisant la libre circulation de la voiture en territoire sénégalais pendant x jours, tandis qu’un autre fouille les bagages.

Après la douane, c’est au tour de la police. Pour récupérer nos cartes d’identité, nous devons payer 500 FCFA. A partir de ce moment, nous avons devant nous une centaine de kilomètres à parcourir en territoire sénégalais, avant la frontière avec la Guinée Bissau. Malheureusement nous aurons à subir une dizaine d’arrêts, pour des contrôles de police et de gendarmerie et des contrôles militaires. Ces derniers font montre d’un excès de zèle manifeste dans leurs contrôles. A chaque fois, il faut descendre du véhicule, montrer ses papiers et ouvrir ses bagages. Une ou deux fois même, les sacs à main sont vidés. Les rebelles casamançais empruntent cette route et la méfiance des militaites est compréhensible.

A l’entrée de Bignona, c’est un barrage de gendarmerie. Les gendarmes demandent à voir nos papiers. L’un des passagers de notre véhicule a des papiers de Guinée Conakry et les gendarmes exigent qu’il produise un carnet de vaccination, qu’il n’a pas - ni d’ailleurs aucun d’entre nous, mais seul le Guinéen est visé -. Il devra débourser 2000 FCFA à un gendarme qui nous dira négligemment : ils nous font la même chose chez eux’.

A Mpack, à la frontière avec la Guinée Bissau, il y a à la fois la police, la douane et l’armée. Nous nous arrêtons devant une ligne tracée sur le goudron, nous descendons du véhicule, munis de nos papiers. D’abors la police : 500 FCFA pour le contrôle d’identité. (Auparavant, on payait cette somme seulement pour les heures supplémentaires, c’est-à-dire si le contrôle avait lieu après 17h). Ensuite, la douane : le ’passavant’ délivré par leurs collègues de Séléti est contrôlé, le douanier le conserve en disant qu’il vous le remettra au retour. Entre-temps, un autre douanier fouille les bagages. Enfin, les militaires : il faut faire la queue, un soldat prend les cartes et inscrit les détails sur un document.

A quelques mètres de là, c’est le poste de contrôle de la Guinée Bissau. Les fouilles et les vérifications d’identité recommencent avec la police. On nous demande ’quelque chose pour le thé’, nous donnons 200 FCFA. Puis la douane guinéenne. Enfin, nous sommes libres !

La première ville rencontrée s’appelle San Domingo. De nouveau, il y a des contrôles : descente du véhicule, fouille des bagages, contrôle des papiers et nous payons 1000 FCFA.

En route maintenant pour la capitale, Bissau. Nous serons arrêtés une dizaine de fois, chaque ville ayant son propre poste de contrôle équipé d’une barrière tendue en travers de la route. Parfois il faut donner quelque chose pour le thé’, parfois la barrière se baisse et l’on continue simplement.

Nous devions aussi traverser par bac deux fleuves : le Cacheu et le Mansoa. Arrivés au premier bac, on nous dit que le deuxième est en panne et nous devons faire un détour de 150 kilomètres de plus pour arriver à Bissau.

Nous arrivons enfin à Bissau, après plus de 10h de voyage...

Palavras-chave

CEDEAO, meio de transporte, corrupção, polícia, exército, abuso de poder


, Gâmbia, Senegal, Guiné-Bissau

Notas

E.Manneh est l’animateur national pour la gambie du réseau Dialogues sur la gouvernance en Afrique (décentralisation - intégration régionale)

Fonte

Relato de experiencias ; Texto original

Team International - PO BOX 2546, Banjul, GAMBIE - Tel (220)22 71 36 - Fax (220)22 71 53 - Gâmbia

menções legais