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Quand le type d’action menée par une organisation détermine un processus permanent d’adaptation, la capitalisation d’expérience représente la pause du voyageur : s’arrêter, s’asseoir et échanger

Diego GRADIS, Sylvie ROBERT

12 / 1999

’ Traditions pour Demain ’, d’abord structurellement, est un réseau constitué d’entités nationales qui sont en France, en Suisse, aux Etats-Unis, et ont certains représentants en Europe, principalement aux Pays-Bas et en Angleterre ; ensuite, du côté du terrain, des représentants dans plusieurs des pays d’Amérique latine dans lesquels on travaille, et enfin un bureau régional au Pérou. C’est également un réseau parce que, du fait de la nature de nos activités, nous sommes en contact avec un grand nombre d’interlocuteurs, en Amérique latine principalement.

Dans les pays dans lesquels nous sommes présents, c’est à dire tout ce qui fait face au Pacifique, depuis la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis jusqu’au sud du Chili, les actions que nous avons menées sont très diffuses géographiquement. Dans chacun des pays en question, nous avons un grand nombre d’interlocuteurs qui sont des ONG, ou des organisations autochtones. Une autre donnée à prendre en compte, par rapport à notre souci de capitalisation, est que nous avons une relation institutionnelle, d’une part avec l’Unesco et d’autre part avec les réseaux.

Par conséquent, nous sommes très axés sur l’action, pas tant par choix que par limites humaines. Via les différents réseaux auxquels nous sommes rattachés, nous avons un souci de la diffusion de notre action.

Depuis 1986, nous apprenons. Chaque fois nous remettons notre ouvrage sur le métier. Nos documents de travail ne passent pas trois mois sans être modifiés, adaptés, selon notre connaissance de ce qui se passe à partir d’une situation qui ne cesse également d’évoluer. C’est un processus permanent d’adaptation, d’abord parce qu’il n’existe pas de situations semblables à la nôtre, ensuite parce que la situation globale évolue et enfin parce que nous n’avons absolument pas le sentiment d’avoir trouvé la solution miracle à un problème insoluble.

Pour nous c’est un apprentissage permanent. Demain notre conseil d’administration a onze projets à étudier. Il va se poser les mêmes questions que celles qu’il se posait il y a dix ans, avec les mêmes doutes. Ca c’est l’anti-confort. A chaque fois, nous devons redémarrer, avec notre lot de questions sur: Qui est notre partenaire ? Quelles perspectives peut-on entrevoir avec ce nouveau partenaire ? Cela veut dire étudier des paramètres qui changent d’un partenaire à l’autre.

Le Dossier pour un Débat que l’on a publié avec la Fondation avait pour objectif justement d’être un élément qui contribuerait à fixer des paramètres. Cet ouvrage est la traduction d’une version originale d’un livre en espagnol qui a été fait à l’occasion de notre dixième anniversaire et qui a voulu être une réflexion de nos partenaires de terrain sur notre méthode.

C’est pour cela que, nous l’appelons ’ nuestro libro ’. Ce n’est pas le nôtre, mais celui de ceux qui l’ont écrit ou qui l’ont ’ parlé ’. C’est, en effet, une jeune ethnologue, Geneviève Herold qui, pendant un an, a parcouru les différents pays et a passé une à deux semaines avec chacun des acteurs des programmes pour recueillir leur analyse de ce qu’ils avaient réalisé avec notre collaboration.

Le bloc, le noyau dur de notre intervention, je crois que beaucoup de gens l’ont. En revanche, notre faiblesse, mais pas par manque de préoccupation ni manque d’effort, c’est sur la capitalisation entre nos partenaires du terrain. Nous cherchons toujours une méthode, mais je crois en fait que ça tient à la nature même de nos partenaires. Il y a une communication naturelle entre eux, des échanges, une réflexion à leur niveau sans qu’ils aient à passer par notre intermédiation, sauf éventuellement matérielle. Nous avons pensé, depuis peu, à un nouvel instrument de partage. On a fait une première expérience qui devrait en principe se répéter : un bulletin interne par courrier électronique qui s’appelle ’ chaski ’ (chez les Incas, c’était le messager, qui d’un bout à l’autre de l’empire, courait de relais en relais). ’ Chaski ’ est donc une lettre ouverte à la quarantaine, cinquantaine de personnes que compte Traditions pour Demain. Chacun vient y mettre ce qu’il veut de manière très brève et synthétique.

On a eu une idée il y a quelques années : ’ Encuentro de tradiciones para el mañana ’. Encuentro, en espagnol c’est à la fois la rencontre et la croisée des chemins. Quand on pensait ’ Encuentro de tradiciones para el mañana ’, on pensait en fait à la croisée des Traditions pour demain. Le seul instrument à disposition, même si aujourd’hui il y a le courrier électronique, était l’écrit pour que ce soit matériellement réalisable. Or cela n’a pas marché pour la cinquantaine de groupes avec lesquels nous avons travaillé, à l’époque, et à qui nous avons offert la possibilité d’exprimer entre eux pourquoi et comment ils s’étaient engagés dans ce qu’ils avaient fait avec nous. C’est là où je dis qu’il y a un problème lié à la nature de nos partenaires, et le moyen choisi ne correspondait absolument pas à leur nature. Ils ont une réflexion distincte de la nôtre, une réflexion qui aboutit à un résultat distinct de ce que nous attendions. En fait ce n’était pas du tout ce qu’ils avaient envie de faire...

On a l’impression d’être assis sur un trésor et on n’arrive pas à le faire partager comme on le voudrait.

Notre principal objectif est de se connaître d’abord. Se connaître, en connaissant les autres, c’est banal. Remettre en question ses propres choix pour pouvoir progresser dans l’action, c’est l’ouverture, le contact, l’échange. C’est dans l’interrogation, dans le questionnement, et par rapport aux autres évidemment, qu’on enrichit son action et sa réflexion. C’est peut-être moins apprendre des autres que s’interroger soi-même. On s’interroge soi-même quand on est placé devant le besoin de le faire.

Nous manquons de moyens matériels pour pouvoir dire que sur nos 150 expériences on en choisit dix, on se réunit pendant onze jours et on construit quelque chose de vraiment solide, à la fois dans le mode de sélection et dans le vécu du processus. Il s’agit alors de produire quelque chose qui leur soit utile à eux et qui puisse être diffusé par des moyens qui leur soient accessibles tant dans la forme que dans le fond.

Chacun des projets poursuit un même objectif : retrouver le sentiment de dignité à partir de leur identité pour mieux se propulser et être reconnu dans un monde qui a rejeté leur identité.

Au bout de dix ans, il y a une pause, comme le voyageur qui sur son chemin doit faire des pauses. Il y a un relais ou il y a une halte, il rencontre les autres et il partage. Moi, je crois que capitaliser c’est s’arrêter, s’asseoir, partager. Donc, finalement, à Traditions pour Demain on capitalise puisque l’on échange tout le temps.

Nous sommes en doute permanent parce que avons été créés sur le doute. Disons que Traditions pour Demain a été le fruit d’une évaluation qui n’a jamais abouti. C’était un questionnement au départ et on continue à se questionner, parce qu’on n’a pas de paramètres, on n’a pas de formulaires.

Palavras-chave

processo de adaptação, minoria nacional


, América Latina, Europa

Notas

D. Gradis est président de ’ Traditions pour demain ’.

Fonte

Entrevista

Traditions pour Demain - 12 Promenade John Berney, 1180 Rolle, Suisse - Tel (41)21 825 23 31 - Fax (41)21 825 23 62 - - Suíça - www.fgc.ch - tradi (@) fgc.ch

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