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Le développement durable en Inde nécessite une gestion intégrée des ressources des territoires par les villages

En Inde, l’approche sectorielle dans la gestion des territoires agricoles et forestiers est à l’origine de la misère des campagnes

Ina RANSON

2000

"On a introduit le développement pour combattre la pauvreté, et on s’est retrouvé à détruire les moyens de subsistance et à créer la misère" constate Wolfgang Sachs, chercheur à l’Institut de Wuppertal (Le Monde du 27 juin 2000). Faut-il en tirer la conséquence que le développement est un concept dépassé ?

L’échec du concept occidental de développement

Le CSE, Centre for Science and Environment, à Delhi qui travaille, depuis de nombreuses années, sur les questions de développement et de mal-développement confirmerait l’analyse de Sachs, mais sa réponse serait plus nuancée. Dans les rapports sur l’environnement en Inde qu’il édite depuis 1982, il est beaucoup question des dégâts entraînés par des actions de "développement" : pollutions graves dans les villes et les campagnes, appauvrissement, voire épuisement des nappes phréatiques, dégradation des terres, exploitation inconsidérée des forêts, érosion des sols, etc. Mais le CSE ne met pas en question les apports potentiellement positifs des sciences et des technologies modernes. Mais celles-ci ont été introduites sans qu’il soit tenu compte des interactions complexes que comporte chaque démarche spécifique, et rarement dans l’intérêt des petits paysans indiens. Le "progrès" a été accepté comme une fatalité ou plutôt comme une superstition moderne qui a fait oublier la sagesse des traditions anciennes. Les résultats positifs du développement, obtenus, par exemple, par l’irrigation massive, ont très souvent caché les hypothèques sur l’avenir, c’est-à-dire les conséquences à moyen ou à long terme de la saturation des sols, de la salinisation progressive, de la réduction des oligo-éléments et des pompages excessifs de la nappe souterraine.

D’autres stratégies pour vaincre la faim

Anil Agarwal, le directeur du CSE, affirme que "les ressources naturelles de l’Inde permettent de nourrir tous ses habitants et ceux des pays avoisinants, à condition d’être protégées et exploitées correctement". Quelles sont les stratégies pour y parvenir ?

L’économie de subsistance de la plupart des Indiens est fondée sur l’exploitation de la biomasse. Il serait plus réaliste de définir aujourd’hui la pauvreté comme un manque en ressources de biomasse, et non comme un manque d’argent. Le concept de "produit naturel brut" rendrait bien mieux compte de l’économie de survie des pauvres dans les campagnes que celui du produit national brut (PNB). Même si l’augmentation de la biomasse ne suffit pas à éliminer la pauvreté, elle écarterait ses rigueurs, et elle constitue la première condition pour un développement économique soutenable. La biomasse n’assure pas seulement les besoins vitaux dans les campagnes, mais aussi les ressources de près de la moitié de la production industrielle indienne.

Comment promouvoir un développement rural visant à une augmentation de la biomasse et une distribution équitable des bénéfices qui en sont tirés ? " Certainement pas avec les lois et le système administratif du 19ème siècle ni avec les concepts occidentaux de développement économique et social du 20ème siècle." Il est urgent de surmonter les approches sectorielles inconsidérées et de soutenir "une planification intégrée de l’écosystème villageois".

Seuls les villages sont capables d’assurer une planification intégrée

L’Inde est composée de macro-systèmes très variés. Le CSE pense que des directives de développement des écosystèmes doivent être établies par chaque macro-système, mais qu’une planification intégrée ne peut être faite que village par village. "C’est dans chaque village, afin d’impliquer l’ensemble des habitants, que doivent se définir les plans d’action pour l’amélioration et la gestion des micro-écosystèmes."

Car les écosystèmes des villages indiens sont trop diversifiés pour être régis par une institution régionale ou par l’Etat. "A l’intérieur même d’un écosystème global, les écosystèmes villageois se ressemblent autant qu’ils diffèrent : un village situé au fond d’une vallée et un village voisin en haut de la crête de la même vallée sont uniques dans leurs systèmes d’exploitation du sol et nécessitent des processus de gestion adaptés à leurs situations différentes. Cela ne peut se faire qu’en centrant la gestion sur les villages eux-mêmes et non sur des entités plus vastes. "Chaque action affectant une zone du système subtil agro-sylvo-pastoral d’un village a des conséquences inéluctables sur les autres. La gestion de ces systèmes complexes ne peut se réaliser judicieusement que si elle implique la population de façon active.

Il importe de respecter trois objectifs primordiaux :

  • améliorer l’ensemble des ressources naturelles de l’écosystème villageois ;

  • satisfaire en priorité les besoins en biomasse de la communauté villageoise ;

  • distribuer équitablement les ressources issues de cette biomasse.

Pour y parvenir, il faut réétudier le statut juridique des territoires afin de créer les conditions permettant que chacun puisse tirer profit d’une meilleure gestion des cultures, des pâtures et des forêts. Les domaines publics du gouvernement, par exemple, ne sont pas vécus par le villageois comme leur appartenant. "Le fond du problème, c’est que les villageois ont perdu le contrôle de leurs biens communaux, depuis l’instauration en Inde d’un Etat moderne".

Il est indispensable que chaque village ait une institution qui lui soit propre, qui rassemble ses membres pour gérer son patrimoine commun et soit un lieu de résolution des conflits internes.

"Déléguer et non diriger, encourager et non agir, tel est le vrai rôle du gouvernement"

La bureaucratie gouvernementale devrait aider les villages à promouvoir cette planification intégrée et à définir un cadre favorable à leur action. "La planification régionale, ou à un niveau plus large, doit simplement soutenir et encourager le processus de planification des villages et non la supplanter. Sinon, la participation de la population ne serait pas assurée et les projets de réhabilitation de l’environnement seraient voués à l’échec.".

En même temps, le gouvernement devrait mettre sur pied un plan national de formation car les sciences modernes et la technologie doivent soutenir les villages pour qu’ils atteignent un niveau supérieur de production - tout en mettant en valeur les savoir-faire ancestraux qui sont le fruit des observations et des expériences du passé et qui continueront à évoluer grâce aux nouvelles connaissances.

Palavras-chave

conhecimento tradicional, modernização das técnicas, economia rural, comunidade camponesa


, Índia

Comentários

Par la grande diversité des contextes géographiques et sociaux en Inde, le CSE, Centre for Science and Environment, peut mettre en relief des aspects de développement durable qui valent pour beaucoup d’autres pays : l’effort pour surmonter la crise de la gestion technocratique du territoire, la recherche d’une approche intégrée de la gestion, la redécouverte des savoir-faire anciens et leur valorisation par les sciences modernes, l’intégration des technologies modernes tout en cherchant à respecter les systèmes écologiques et sociaux des communautés traditionnelles. Alain Le Sann, dans la postface de l’édition française du livre cité, souligne aussi "que la réflexion des pays du Sud, menée dans un contexte différent... a le mérite de nous rappeler avec force que la protection de l’environnement n’est pas d’abord une affaire de technique mais de démocratie dans la gestion du territoire."

Notas

Contact : Centre for Science and Environment, (CSE), 41, Tughlakabad Institutional Area, 41, New Delhi-110 062, India - Tél.: (91 11)698 1110 - Fax: (91 11)698 5879 - cse@cseindia.org

L’ouvrage cité "Quand reverdiront les villages" a été traduit en français par Crisla, Centre de réflexion d’information et de solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.

Fonte

Livro

AGARWAL, Anin, NARAIN, Sunita, CSE, Quand reverdiront les villages, CRISLA, 1992/05 (France), Divers articles de la revue Down to Earth et textes sur le site internet du CSE.

CEDIDELP (Centre de Documentation Internationale pour le Développement les Libertés et la Paix) - 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris, FRANCE - Tel 33 (0) 1 40 09 15 81 - Franca - www.ritimo.org/cedidelp - cedidelp (@) ritimo.org

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