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Vers un cadre global pour des médias démocratiques

Marc RABOY

04 / 1996

Le développement d’un système médiatique de plus en plus complexe et interconnecté a démontré le besoin de réfléchir à un nouveau cadre global de législation et de régulation. En même temps, en faisant ressortir l’importance des initiatives locales, il souligne le besoin de maintenir et accentuer les cadres nationaux existants.

Comment ces deux impulsions, apparemment contradictoires, peuvent-elles converger ? Il s’agit de reconnaître l’importance d’intervenir parallèlement à plusieurs niveaux, sur une multiplicité de forums. Si intimidant que cela puisse paraître, c’est le seul moyen de s’assurer que l’orientation des systèmes médiatiques reste liée aux besoins publics.

Au niveau local - les institutions communautaires doivent continuer à construire des structures de production et de distribution indépendantes, de former des réseaux avec des organisations similaires, et participer aux débats politiques nationaux. Dans le futur prévisible, la politique des médias continuera à se faire à ce niveau, et les groupes locaux auront à lutter pour s’y faire entendre. Les enjeux sont, entre autres, l’accès au financement public, d’étendre la contribution des structures privées à des projets de Bien public, et de faire reconnaître la place des services locaux et communautaires dans les systèmes nationaux.

Au niveau national - Des groupes représentant différents segments de la population (diverses constellations d’usagers, communautés culturelles, groupes d’intérêt)auront à exiger l’accès - et, quand ils l’obtiennent, y occuper une position responsable - au projet général de politique publique des médias. Leur autonomie par rapport aux impératifs de l’Etat et du marché devra être garantie par la constitution. Les médias électroniques doivent être reconnus comme une ressource sociale, avec les mesures politiques conséquentes pour assurer un rôle de service public à toutes les entreprises, y compris celles du secteur commercial. Les institutions publiques de diffusion, où elles existent, n’ont pas seulement besoin que le gouvernement réitère ses engagements financiers : elles doivent aussi passer par une démocratisation de leurs structures.

Au niveau international - Nous avons besoin d’une reconnaissance du rôle central des médias dans le développement social et culturel. Le Rapport récent de la commission de l’UNESCO sur la Culture et le Développement va dans ce sens, et énonce plusieurs propositions qui valent d’être poursuivies. Sur les forums internationaux, les initiatives diplomatiques devraient insister sur l’importance de la socialisation et la démocratisation des médias dans les pays où ceux-ci sont soumis à diverses tyrannies politiques et économiques. Le débat sur l’émergence d’une nouvelle infrastructure globale de l’information doit être recentré pour souligner la nécessité que celle-ci assume sans équivoque un caractère public. Spécifiquement, cela signifie lancer un débat sur le besoin de créer de nouveaux mécanismes globaux de régulation. Il risque d’y avoir sur cette question une lutte considérable, mais cette bataille devra être menée.

Il faut que la communauté médiatique démocratique internationale mène une action de lobbying pour un forum permanent pour le développement d’une politique globale sur les nouvelles technologies. La libre-entreprise transnationale devra être contrecarrée par un service public global. La base structurelle de telles institutions n’est pas évidente, vu qu’elles n’ont traditionnellement opéré qu’au niveau national. Il est d’autant plus important que ces questions soient discutées dans des forums démocratiques multilatéraux. Le rôle d’entités globales telles que l’UNESCO et l’UIT (Union Internationale des Télécommunications)est crucial , mais elles devront s’ouvrir pour inclure une participation plus large que les Etats membres actuels. De nouvelles formes institutionnelles démocratiques devront être développées pour que les médias réalisent leur potentiel : devenir les institutions centrales d’une sphère publique globale.

Une nouvelle créance doit être donnée à l’idée que l’environnement médiatique global, des ondes aériennes conventionnelles à l’atmosphère, est une ressource publique, devant être organisée et dirigée selon l’intérêt public global. Cela implique la reconnaissance de la légitimité de l’intervention publique à cette échelle. L’usage de l’air est limité pour l’instant à ceux qui en ont les moyens économiques et politiques. Etendre cet accès nécessitera des mécanismes transnationaux de régulation appropriés, ainsi que des mécanismes destinés à une distribution plus équitable des bénéfices commerciaux globaux. Il faut que la communauté internationale s’approprie une partie de l’air et de l’espace pour pouvoir distribuer à l’extérieur de leur pays d’origine les produits créatifs viables qui actuellement n’ont aucun accès à cette "nouvelle agora globale" qui ressort dans les discours utopistes sur les nouvelles technologies.

La convergence des technologies exige une convergence parallèle dans les politiques. Cela supposera l’invention de nouveaux modèles et d’une nouvelle manière de penser la communication en général. Par exemple, la notion d’accès signifie des choses différentes dans le domaine de la radiodiffusion et dans celui des télécommunications. Le modèle de la radiodiffusion place l’accent sur le destinataire actif, sur le libre choix, et l’accès renvoie à la gamme des produits offerts. Le modèle des télécommunications, lui, met l’accent sur l’expéditeur, sur la capacité d’émettre des messages, et l’accès renvoie aux moyens de communication. Pour que le nouvel environnement médiatique joue un rôle significatif dans la démocratisation, la politique publique devra encourager un nouveau modèle hybride , qui combine les objectifs sociaux et culturels de la radiodiffusion et des télécommunications, et fournir de nouveaux mécanismes - issus des deux modèles traditionnels - visant à maximiser l’accès équitable aux services et aux moyens de communication à la fois pour les expéditeurs et les destinataires.

La question centrale reste de savoir qui pourra utiliser toute la gamme des médias locaux, nationaux et globaux, pour recevoir et envoyer des messages. Cela dépendra d’un genre différent d’accès : l’accès aux processus de prise de décision qui détermineront le cadre dans laquelle les médias vont se développer, c’est-à-dire l’accès au cadre politique du nouveau système médiatique global.

Palavras-chave

comunicação, legislação, meios de comunicação, papel dos meios de comunicação, telecomunicações


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Notas

Marc Raboy est Professeur au Département de Communication, Faculté des Sciences et Arts, Université de Montréal, Box 6128, succursale A, Montréal, Québec, H3C 3J7 Canada. Tél.: (1 514)343 7171. Télécopie: (1 514)343 2298. E-mail : raboym@ere.umontreal.ca.

Fiche originale en anglais.

Fonte

Artigos e dossiês

Vidéazimut, Designing a legal framework in. CLIPS, 1996 (Canada)

Videazimut - 3680, rue Jeanne-Mance, bur.430 Montreal (Quebec) CANADA H2X 2K5 - Tél. (1 514)982 6660 - Fax (1 514)982 6122 - Canadá - videaz (@) web.net

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