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Les difficultés de négociation des petites et récentes associations (ASSY, Yatenga, Burkina Faso)

Baba OUEDRAOGO, Christophe VADON

07 / 1998

"L’ASSY a déjà négocié plusieurs fois. Certaines demandes ont été refusées, d’autres accordées sous conditions. Voici deux exemples.

1. La banque de céréales (Konanga), activité génératrice de revenus pour les femmes.

"Les femmes ont discuté, la présidente a émis son avis et le tout a été remis à une ambassade, mais celle-ci a demandé l’avis du Ministère de l’Agriculture. Nous avons porté notre demande à la représentation régionale du Ministère à Ouahigouya. Nous l’avons envoyé sous pli fermé confidentiel. J’aurais voulu, moi-même, la porter à Ouagadougou, à l’ambassade d’Allemagne. Il y avait une date pour le dépôt du dossier. J’ai reçu une réponse me disant qu’il n’y avait pas eu assez d’études préalables. Je suis allé voir celui qui s’occupe des projets, que je connaissais, à l’ambassade. En fait, le directeur régional avait écrit qu’il y avait déjà une banque de céréales dans ce village. Or, il n’y avait aucune banque de céréales à Konanga, du moins depuis 3 ou 4 ans. Même le bâtiment était tombé. Est-ce que c’est une erreur des animateurs qui ont mal informé leur direction ? Ou est-ce que c’est le service régional qui voulait saboter la demande ?

Je suis alors passé par le PAE (Projet Agro-Ecologique) qui est un projet financé par l’Allemagne. Et le PAE nous a toujours un peu parrainés. Leur coordinateur est allé voir les femmes à Konanga. Il m’a demandé de faire une autre demandé que lui-même allait introduire. C’était la fin de son contrat et le dossier est toujours en instance.

J’explique aux femmes que cela a été refusé "parce que, parce que...". Elles étaient cependant furieuses car elles connaissent bien l’historique de l’ancienne banque. Certaines y étaient même impliquées. En fait, la banque a été bouffée par les dirigeants. Les femmes voulaient cette fois une petite banque et pas des tonnes de mil. Elles voulaient un local pour permettre de stocker des feuilles. Ce n’est donc pas les mêmes méthodes, ni les mêmes produits, ni la même capacité que l’ancienne banque. Elles voulaient cueillir des feuilles de baobab, les sécher, les mettre dans des sacs, les stocker et les vendre après. De même pour les fleurs de kapokier. Elles voulaient acheter entre elles, en particulier aussi l’oseille, le sésame qu’elles vendent à un prix peu élevé au moment de la récolte. Et là, elles auraient pu le stocker ensemble puis le vendre plus cher, après l’avoir stocké dans la banque. C’était très différent de la 1ère banque qui achetait du mil à Dédougou et le revendait ici à crédit. Le projet était plutôt de développer leur petit commerce et non pas de s’occuper des vivres pour la période de soudure."

2. L’édition du jeu de Scrabble.

"Un projet a été fait, pas directement pour l’ASSY, mais pour la diffusion d’un Scrabble que j’avais adapté et traduit en langue mooré (on a vendu jusqu’à présent 220 Scrabble en mooré) avec le service d’alphabétisation épaulé par la Coopération suisse. La négociation a été dure. Ils disposaient d’une façon pour monter un projet et nous, nous avions une autre façon. Les Suisses ont dit : "Non, prenez nos titres (de nos formulaires) et développez nos sous- titres". Cela n’a pas été difficile parce que dans notre projet, nous avions tout cela. Mais il fallait le présenter dans un ordre différent. On a envoyé le 2ème projet. Ils nous ont écrit : "Nous voudrions travailler plus avec les associations que nous suivons déjà dans telles et telles provinces pour assurer une meilleure diffusion. Voulez vous revoir ce point ?" Et aussi, ils n’étaient pas d’accord pour que cette diffusion passe par d’autres organisations que celles qui étaient aidées par eux, les Suisses. Ce qui n’était pas notre avis. Et comme explication, ils disaient : "C’est ainsi que nous pourrons bien suivre". On a repris une seconde fois le projet et on a réussi à leur faire accepter un certain nombre d’associations qui n’étaient même pas aidées par eux. Nous avons le même problème avec le Scrabble en langue dioula. Nous voulons le diffuser dans 7 provinces dioulophones par des gens que nous avons déjà rencontré des réunions à Orodara. Mais les Suisses ne veulent le diffuser que dans les 2 provinces avec lesquelles ils travaillent. Nous ne sommes pas d’accord et on discute. C’est pourquoi le Scrabble en dioula est encore empilé là-bas, à la maison.

La deuxième différence concernait les publics cibles. Il y avait des publics qui n’étaient pas encadrés par leur programme "alpha". Ils ne voulaient pas les prendre en charge en ayant encore comme raison qu’on ne pourrait pas les suivre et les évaluer. Mais je pense que la diffusion n’a pas de frontières. Finalement, ils ont accepté. C’est qu’ils avaient fait un projet dans lequel ils disaient qu’on donnait un Scrabble après la formation à chaque participant et pas aux autres. Je trouvais que c’était plus intéressant de travailler "au large". Pour le suivi-évaluation de la diffusion, je pensais que l’on pouvait combiner à la fois la promotion du Scrabble et l’évaluation. J’ai demandé un budget pour un jeu-concours : les 3 vainqueurs de chacune des provinces se seraient retrouvés à Ouagadougou pour la finale. Ceci permettait aussi d’évaluer l’impact du jeu tout en ayant fait sa promotion. Et le dernier concours devait être télévisé. Cela fait 2 mois que je l’ai remis "là-haut"."

Palavras-chave

organização camponesa, agência de fundos, projeto de desenvolvimento, negociação, desenvolvimento local, liberdade de expressão


, Burkina Faso, Ouahigouya

Comentários

Une histoire significative des "bâtons dans les roues" qu’avec les meilleures intentions du monde les agents des ONG ou des coopérations bilatérales mettent dans leurs relations avec les petites associations paysannes en cours de création. Pourquoi, avec un débutant innovateur comme l’était notre interlocuteur, agir avec autant de directivité ? Ne serait-il pas plus respectueux et motivant de laisser essayer et ensuite d’évaluer et rectifier ?

Notas

Baba Ouedraogo est un innovateur. C’est pourquoi plusieurs fiches retraçant son parcours et décrivant ses activités lui sont consacrées. Voir fiches DPH : 7.439

Voir fiches GRAD n° : 186 à 195.

Entretien avec OUEDRAOGO, Baba, réalisé à Ouahigouya en juillet 1998.

Fonte

Entrevista

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - Franca - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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