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Travailler l’expression orale, un travail en soi

Henriette NALLET

02 / 1999

Assis autour d’une grande table ronde, les apprenants lisent à voix haute et à tour de rôle le texte à partir duquel ils prépareront des saynètes. En fin d’année, ils souhaitent présenter un spectacle à l’ensemble des participants de l’atelier d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Au milieu d’eux, trois bénévoles entourent ceux qui maîtrisent moins bien la lecture, elles leur lisent les textes à voix basses puis les apprenants les répètent au groupe. L’objectif est de travailler l’expression orale.

Cet atelier est né en septembre. Les bénévoles de l’atelier lecture et écriture de Domène, accompagnés par les travailleurs sociaux, remarquaient que certains apprenants étaient bloqués dans leur apprentissage du fait d’une mauvaise diction ou, que d’autres, quoique ayant bien progressé à l’écrit continuaient à subir les quolibets de leur entourage du fait d’erreur à l’expression orale.

En septembre donc, les trois bénévoles se sont jetées à l’eau. Elles ont proposé cet atelier en complément, multipliant presque par deux le temps d’apprentissage. Cela n’a pas rebuté les apprenants qui ont été plus nombreux à se présenter que le nombre de places prévues. Ils sont huit. Ils ont tout de suite perçu l’intérêt de cet atelier, exprimant rapidement quelles sont les situations où une mauvaise maîtrise du français oral les gêne : chez le médecin, au téléphone, avec les instituteurs et même parfois avec leurs enfants.

Huit apprenants de niveaux très hétérogènes puisque certains sont analphabètes tandis que d’autres en sont à étudier la grammaire et à approfondir une connaissance déjà sûre de l’écrit. Certains arrivent à l’atelier avec des mots entendus qu’ils souhaitent se faire expliquer, l’un d’eux est en mesure de chercher les relations entre les mots <cirés comme cirage ?>. L’atelier peut aussi être l’occasion de découvrir la mauvaise foi de certaines personnes qui les entourent : <Mon patron je lui dis <l’outil il est usé>, il dit qu’il comprend pas. C’est bien comme ça qu’on dit ?>

Huit à travailler ensemble. Plus encore que le travail de l’écriture, l’expression orale favorise le travail collectif. Lire à voix haute, répéter des dialogues de la vie quotidienne, réciter une comptine ou une petite poésie, se présenter, décliner les noms de ses vêtements et leurs couleurs, jouer à partir de cartes pour assembler les contraires, trouver les différences Un ensemble d’exercice qui requiert une écoute attentive et une grande concentration pour mémoriser le vocabulaire. Cela explique peut-être cette ambiance de respect et d’attention aux autres que les bénévoles sont si heureuses de trouver.

Plus encore que l’atelier "d’écriture ", l’atelier d’expression orale permet une expression libre. A écouter les bénévoles, cette forme d’atelier semble un espace de liberté. Soulagées des contraintes de l’écrit, des exigences de productivité que posent les apprenants, elles apprécient de pouvoir rebondir si facilement sur ce qu’ils disent. L’oral laisse plus de place à l’imprévu, à l’impulsion. La présence de quatre cultures différentes (indienne, turque, arabe, kabyle), cinq avec celle des bénévoles, est également le support de nombreux échanges.

Palavras-chave

alfabetização, educação popular, inserção social, processo de aprendizagem, construção do saber


, Franca, Isère, Domène

Comentários

Cette dynamique interne est une alchimie difficile à trouver qui nécessite un dosage complexe d’hétérogénéité et de similitude entre les participants. Il n’empêche que le travail de l’oral modifie les positions des uns et des autres, les bénévoles se sentent moins considérées comme des <maîtresses>, les plus avancés à l’écrit ne sont pas forcément plus à l’aise à l’oral Des progrès rapides ont été notées. Lorsqu’un jour, une des participantes a téléphoné pour informer de son absence, elle a été prise pour une autre tellement son débit de parole avait changé ! Un autre ne dit plus que son patron ne le comprends pas...

Notas

Contacts : M. Barbier ou Mme Lasserre, Espace Contact Innovation, 3 rue Marius Charles, 38420 Domène - Tél. : 33 (0)4 76 77 51 90

Entretien avec BARBIER; LASSERE

Fonte

Entrevista

(France)

IRIS (Isère Relais Illettrismes) - Le Patio - 97 galerie de l’Arlequin, 38100 Grenoble, FRANCE - Tél / Fax : 04 76 40 16 00 - Franca - www.cri38-iris.fr - cri38.iris (@) wanadoo.fr

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