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Vivre dans les centres historiques

Expériences et luttes des habitants pour rester dans les centres de grandes villes du monde

Pierre Yves GUIHENEUF

05 / 2002

Dans la plupart des grandes villes du monde, les centres historiques se dépeuplent. A Mexico, depuis 1970, les arrondissements centraux ont perdu le tiers de leurs habitants. Ce sont les populations les plus fragiles qui sont les premières à s’en aller, pour des raisons que les spécialistes ne s’expliquent pas toujours. La dégradation des logements et leur abandon par les propriétaires pourrait en constituer la cause, tout comme l’insécurité ou la spéculation foncière. Dans certains cas, des populations marginalisées réinvestissent les espaces laissés vacants ou les friches. Cette situation de crise des centres villes est souvent accentuée par l’image de délabrement que véhiculent les médias. A Rome, où près de 1000 familles vivent dans des conditions indignes et où 100.000 expulsions ont été mises en ouvre en dix ans, plus de 300.000 personnes ont quitté le centre historique au cours des dernières années et plus de 187.000 logements sont désormais vides ou inutilisés.

La préservation des centres historiques est une nécessité, à la fois sur le plan social et patrimonial. A partir des années trente, les courants d’architecture modernistes tels que celui dirigé par Le Corbusier suscitèrent d’importantes destructions d’immeubles anciens des centres villes, sous couvert d’un discours inspiré de l’hygiénisme du siècle passé, qui glorifiait des ensembles soi-disant sains et fonctionnels. Aujourd’hui, si ces projets de " Villes Radieuses " ont disparu, c’est pour laisser la place aux appétits des grands investisseurs, qui occupent le vide laissé par la mort du Mouvement Moderne. L’expulsion des habitants constitue le corollaire habituel de ces opérations de placements immobiliers, parfois violent dans les pays du Sud. De nombreux projets dits " de rénovation urbaine " sont menés sans aucune concertation avec les habitants.

Face à l’autoritarisme des investisseurs privés et à la complaisance des pouvoirs publics, les habitants ont développé plusieurs stratégies de lutte. La plus spontanée est l’occupation. A Rome, par exemple, en 1989, un groupe de douze familles, en lien avec l’organisation Unione Inquilini, a occupé un immeuble vacant appartenant à la municipalité et s’est constitué en coopérative afin d’obtenir le bénéfice d’un décret municipal sur la récupération des édifices publics abandonnés. Elle a obtenu la garde de l’immeuble et a réparti les logements entre ces membres. La méthode qui donne le plus de résultats est sans doute la négociation avec les autorités publiques, mais elle est longue et suppose une bonne organisation collective. Elle peut aboutir à la proposition, par les habitants, de solutions de (re)logement ou de réhabilitation, ou encore par des changements politiques et de nouvelles législations. Il existe aussi des stratégies préventives qui passent par la constitution ou le renforcement d’organisations sociales. Ce dernier type d’action est surtout caractéristique du continent latino-américain.

Le Sommet mondial que les Nations Unies ont consacré à l’habitat à Istanbul en 1996 a débouché sur un programme : l’Agenda Habitat, approuvé par 171 pays. On y trouve des objectifs (notamment la lutte contre les expulsions), des engagements (dont celui d’un logement approprié pour tous) et des mesures à prendre (sans obligation juridique cependant pour les signataires). Tout cela est louable. Mais chaque pays doit chercher à l’appliquer en fonction de ses spécificités et c’est là que les difficultés commencent. Les habitants sont peu consultés, les instruments nécessaires ne sont pas toujours mis en place. Cependant, des initiatives positives ont parfois été prises, par exemple au Mexique ou en Inde.

De nombreuses expériences montrent que les habitants peuvent aménager leur quartier. Les coopératives mises en place en France (les Castors, dans les années cinquante), en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Italie ont parfois fini par inspirer des initiatives encadrées et aidées par les pouvoirs publics. A Rome, des " coopératives d’auto-restructruration " ont investi et remis en état des centaines de logements, mais se sont également occupé de préserver l’environnement des quartiers ou d’y appuyer la création d’emplois. Généralement, la presse est favorable à ces mobilisations et leur donne une légitimité, même si cela ne se traduit pas nécessairement par une législation plus favorable. Dans les pays du Sud, comme au Mexique et au Brésil, des organisations d’habitants ont mené avec succès des opérations de construction ou de réhabilitation, réalisant par exemple des ensembles collectifs en auto-construction. Mais la presse, qui s’adresse plutôt aux classes moyennes, leur est généralement peu favorable.

Palavras-chave

urbanismo, cidadezinha, moradia urbana, moradia popular, mobilização de moradores, exclusão urbana, organização de bairro


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dossiê

Vivre dans les centres historiques : expériences et luttes des habitants pour rester dans les centres historiques

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Ce dossier présente, outre l’analyse résumée ici, 22 fiches DPH présentant essentiellement des initiatives populaires d’occupation de construction ou de réaménagement urbain à Bruxelles, Bangkok, Dakar, Glasgow, Rome, Xi’an, Bucarest, Jérusalem, Buenos Aires, Mexico…

Fonte

Livro

AUDREFROY, Joël (coord.), Habitat International Coalition, Vivre dans les centres historiques, Charles Léopold Mayer in. Document de travail, 2001 (France), 124, 135 p.

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