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En Allemagne, la diaspora turque s’efforce d’aider leur région d’origine par des transferts financiers individuels ou collectifs

Stefanie DI MURO

03 / 2004

Parmi les communautés immigrées en Allemagne, les Turcs sont le groupe le plus important : Environ 2,5 millions de Turcs vivent en Allemagne (500 000 ont obtenu la nationalité allemande), ce qui représente 3,4 pour cent de la population. La communauté turque est composée de différents groupes, religieux et socioculturels. L’immigration des Turcs en Allemagne de l’Ouest commence en 1961. Pour répondre au besoin de main d’ouvre, le gouvernement allemand facilite le recrutement des travailleurs invités par les entreprises allemandes. Les campagnes de recrutement s’achèvent en 1973, année de la première crise pétrolière. Alors, une partie de travailleurs étrangers retournent en Turquie. Néanmoins, la communauté turque en Allemagne ne cesse de croître grâce aux regroupements familiaux, à sa forte natalité et à l’arrivée de demandeurs d’asile. En 2000, le gouvernement allemand adopte une loi qui permet la nationalisation des étrangers (la double nationalité n’est accessible qu’aux mineurs). Cependant, l’intégration des Turcs en Allemagne reste un sujet " chaud " : Les jeunes de la troisième ou quatrième génération sont confrontés à l’échec scolaire, à un taux de chômage élevé et à des problèmes d’identité culturelle.

Les transferts financiers de la communauté turque

Dès les années 1960, les travailleurs turcs envoient de l’argent (environ 1,2 milliard d’euros en 1999) et des biens de consommation à leurs familles. Si les transferts financiers augmentent constamment jusqu’en 1980, leur poids devient moins important dans un pays en cours d’industrialisation. Aujourd’hui le chiffre baisse ; une tendance qui va se renforcer pendant les prochaines années. La grande partie des transferts servent à l’acquisition de terrains et de maisons, de machines agricoles et de biens de consommation à longue durée de vie (réfrigérateurs, voitures). Seulement un faible pourcentage est investi dans des entreprises ; l’effet sur l’économie nationale est donc très limité. Parce que les transferts privés coûtent assez chers, le gouvernement turc a mis en place des conditions favorisant les importations de biens acheminés par les migrants vers la Turquie d’une part et des taux d’intérêt avantageux pour les dépôts en devises d’autre part. En plus de ces transferts privés, environ 230 millions d’euros par an arrivent en Turquie dans le cadre des accords turco-allemands concernant la sécurité sociale (assurance maladie et assurance accident) et la retraite. A leur retour en Turquie, les travailleurs immigrés âgés ont droit à la partie de leur retraite versée par eux-mêmes, mais pas à la partie patronale. On prévoit la croissance de ce chiffre car le nombre de Turcs qui retournent dans leur pays à la retraite va encore augmenter.

Des expériences difficiles d’investissements collectifs

Presque dès leur arrivée en Allemagne, les Turcs développent des formes d’investissement collectif : les sociétés des salariés (créés en 1966) et les holdings financiers islamiques (vers la fin des années 1980). Les sociétés des salariés regroupent des immigrés originaires d’une région où ils pensent retourner un jour. Elles investissent dans ces régions, souvent rurales, pour promouvoir l’industrialisation et ainsi assurer un travail pour les immigrés à leur retour. Les projets réalisés par les sociétés des salariés ont créé environ 15 000 postes de travail en Turquie. Bien que le volume des investissements versés par plusieurs centaines de sociétés ait atteint 1 milliard d’euros en 1983, leur impact en terme de création d’emplois et de démarrage économique de la campagne reste limité. Les raisons de cet échec semblent être l’absence d’infrastructure en campagne, un choix de projets mal adaptés au contexte local (aggravé par les délais entre planification et réalisation) ainsi que des problèmes de gestion, de connaissances techniques et d’accès à des crédits. En plus, les sociétés des salariés, assez petites en comparaison avec d’autres entreprises et des holdings, sont devenues victimes de la concurrence économique.

Les holdings ont partiellement remplacé les sociétés des salariés. Ils se proposent d’être alternative coranique et non-capitaliste d’investissement financier. Ils font participer les sociétaires en cas de profit ou de perte généré par la société. Les holdings naissent en Turquie (beaucoup dans la région de Konya), mais bientôt les fondateurs réalisent que la formation de capital sera plus facile parmi les Turcs à l’étranger. Pendant les années 1990, les immigrés sont donc mobilisés à travers des réseaux islamistes tels que Mili Görüs. Normalement, les holdings réunissent entre 10 et 20 entreprises actives dans différentes branches. Souvent ces entreprises existent d’abord sur le papier et voient le jour seulement en cas d’un financement suffisant. Dès la privatisation des entreprises d’état en Turquie, les holdings sont des acteurs importants dans l’économie turque et mobilisent des sommes considérables à l’étranger En 2000, 50 holdings islamiques sont encore actifs en Allemagne où ils possèdent par exemple des chaînes de magasins alimentaires vendant des produits "halal. Cependant, plusieurs sociétés islamiques déclarent leur faillite, d’autres sont sous procès (en Allemagne) pour abus de biens sociaux : En 2004, on estime que 5 milliards d’euros - collectés en Allemagne pour des projets jamais réalisés - ont disparu en Turquie. L’identification des holding malhonnêtes reste difficile pour les autorités allemandes et pour les migrants qui veulent investir : Souvent ; les financements circulent en dehors des circuits bancaires, et parfois l’investisseur ne reçoit même pas un récépissé sur le montant confié à l’intermédiaire.

Aujourd’hui, les transferts profitent surtout aux familles

D’un point de vue économique, les transferts financiers provenant de l’Allemagne n’ont plus un impact tangible sur l’économie du pays. La Turquie bénéficie certainement de relations commerciales privilégiées avec l’Allemagne, par les importations de produits destinés à la communauté turque en Allemagne et par le tourisme allemand en Turquie. Les stratégies d’investissement collectif n’ont pu contribuer au développement local / régional que dans une minorité de cas. Pour les familles, par contre, les virements réguliers signifient encore une importante augmentation de niveau de vie, notamment dans les zones rurales.

Décalage entre le projet et les besoins locaux

Pourtant, une question se pose : Comment est-il possible que les immigrés peinent à faire les bons investissements dans leur région d’origine ? Une première raison peut être l’hétérogénéité de la communauté qui empêche le développement d’une politique homogène de la diaspora turque en Allemagne. Deuxièmement, l’adaptation culturelle au pays d’accueil donne à l’immigrant une différente vision de son pays natal. Il se laisse donc inspirer dans son choix d’investissement par des conditions et structures économiques et sociales qu’il trouve dans le pays d’accueil, sans vérifier si celles-ci sont transférables à son contexte d’origine. Troisièmement, la volonté de transformer la région d’origine et d’assumer une certaine responsabilité dans ce changement amène à la planification de projets trop grands et trop avancés par rapport aux réalités locales. L’exemple des Turcs en Allemagne nous apprend que les communautés émigrées ne sont pas forcement les meilleures conseillères quant au choix et à l’élaboration des projets de développement. Même si les immigrés connaissent bien la situation prévalant sur place, la distance géographique et l’adaptation à la société d’accueil, parfois mélangés avec une image idéalisée du pays natal, peuvent les rendre moins prêts en tant que collaborateurs pour le développement.

Palavras-chave

imigrante, transferência de capitais, projeto de desenvolvimento, financiamento do desenvolvimento, iniciativa cidadã, pobreza, mobilização da poupança


, Alamanha, Turquia

Notas

Selon le Coran, la collecte de taux d’intérêt n’est pas admise aux fidèles musulmans.

Certains holdings ont pu mobiliser plusieurs centaines de millions d’euros parmi les Turcs résidant en Allemagne.

L’Allemagne est le premier partenaire import - export de la Turquie : elle est responsable de 13 pour cent d’importations turques et de 16 pour cent d’exportations turques.

Presque 3,5 millions de touristes allemands en Turquie en 2002.

Source : Bibliographie

Meyer: "Ausländer in Deutschland -Vom Gastarbeiter zum Mitbürger" in 11 - 2002 / Kultur und Gesellschaft 11 - 2002, Goethe-Institut Inter Nationes.

Halm, Dirk: "Diaspora-(Migranten)-Gemeinschaften als Ressource/Motor für die Entwicklung ihrer Herkunftsländer: Fallbeispiel: türkische Community in Deutschland" in: Input des ZfT für die Sitzung der BAG Nord-Süd von Bündnis 90/Die Grünen am 21.06.2003 in Hannover.

http://www.auslaender-statistik.de

http://www.auswaertiges-amt.de/www/en/laenderinfos

http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/europe/281821.stm

http://www.destatis.de

http://www.iadb.org/mif/v2/files/28feb1.pdf

doku.iab.de/mittab/1978/1978_4_mittab_bahadir.pdf

Fonte

Texto original

CDTM (Centre de Documentation Tiers Monde de Paris) - 20 rue Rochechouart, 75009 Paris, FRANCE - Tel. 33/(0)1 42 82 07 51 - Franca - www.cdtm75.org - cdtmparis (@) ritimo.org

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