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La mort, ce qu’en disent les religions

Une lecture qui va des rites à l’euthanasie en passant par le suicide

Claire BARTHÉLÉMY

12 / 2006

L’ouvrage aborde sur la mort différents thèmes qu’on retrouve dans toutes les religions : le passage de la vie à la mort, les rites qui l’entoure, le deuil, l’au-delà éventuel. Les religions cherchent à expliquer la mort.

Arlette Fontan, qui apporte un regard philosophique à la question, fait une très bonne synthèse du rapport des différentes religions à la mort, où elle opère des classifications intéressantes, au niveau spatial et temporel, sur des questions aussi diverses que l’au-delà, le jugement des morts, etc. Elle distingue entre les religions à temps linéaire depuis la création jusqu’à la fin des temps (judaïsme, christianisme, islam) et les religions à temps cyclique (orientales). Quant à l’espace, elle constate que les religions ont toujours tenté de « localiser le monde des morts ». Elle décortique aussi les rites funéraires, qui se décomposent en plusieurs étapes : union avec le mort, séparation, mémoire, et parfois, en Chine et au Japon, culte des ancêtres.

Cet ouvrage atteint son but, très bien résumé par Arlette Fontan : « notre époque pratique à la fois la banalisation de la mort omniprésente et un détournement de celle-ci en écartant l’interrogation fondamentale qui reste : qu’est-ce que la mort ? et plus précisément qu’est-ce que le ‘’mourir’’ ? (…) Penser la mort, ce n’est pas la donner en spectacle, ce n’est pas en faire un objet d’étude, c’est penser notre être, notre être mortel et en même temps, indissolublement, notre être vivant dans son rapport au monde et à la divinité. Or telle a été la tâche de toutes les religions. C’est pourquoi la présentation des différents visages religieux de la mort ne satisfait pas seulement la curiosité, elle est instrument de réflexion sur l’homme placé face à son destin » (p. 27).

Pari gagné : ce petit livre sur la mort réussit à contenter la curiosité pour les cultures religieuses de la mort et à pousser à la réflexion à partir de la richesse de ces différents regards. De ces regards d’autres cultures, comme c’est le cas du repas de deuil obligatoire dans le judaïsme, où les endeuillés doivent manger…

La réflexion sur la mort pousse aussi à s’interroger sur les conceptions de la vie véhiculées par ces religions. Le suicide, la peine de mort, le meurtre, le martyre, la greffe d’organes, l’euthanasie sont aussi autant de sujets qui lient la vie et la mort et qui font appel aux diverses visions culturelles et religieuses de celles-ci. Un point a attiré mon attention : les femmes musulmanes n’assistent pas au cortège funèbre et à l’inhumation car elles donnent la vie. Dans la religion juive, le cohen (appartenant au groupe des prêtres) n’a pas le droit de rentrer dans un cimetière, car il est « le référent de la vie au sein de la société hébraïque ».

Le suicide donne lieu à des positions différentes selon les religions. Arlette Fontan note que « les religions chinoises et japonaises acceptent et parfois recommandent la mort volontaire ». Dans le judaïsme, il y a eu une évolution de la position prise à l’égard du suicide. D’abord honte, car c’est à dieu seul de retirer la vie, il est maintenant compris comme une conséquence de la dépression, de problèmes psychologiques etc. La partie sur l’islam contient aussi un développement sur le suicide, dans lequel Mahmoud Azab explique qu’il est source de honte car la vie est un dépôt de dieu qu’il faut préserver, et qu’il est très rare car devant la peur de la punition, « toute la communauté rejette cet acte ». Sur un plan un peu particulier, Brigitte Tison présente aussi la pratique de la sati qui consiste dans l’hindouisme pour les veuves à mourir sur le bûcher du mort, par « amour inconditionnel, fidélité absolue. » Une autre vision de la mort volontaire.

Une question d’actualité, où chaque auteur donne le point de vue de la religion sur un thème précis, traite de l’euthanasie, qui est là encore sujet à diverses approches de la mort.

Key words

philosophy, religion and society, religion and culture

Source

Book

Philippe GAUDIN (DIR.) La mort, Collection Ce qu’en disent les religions, Éditions de l’Atelier – Éditions Ouvrières, 2001, 176 p.

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