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Production et commerce du coton : situation mondiale

Tous les producteurs ne sont pas égaux

Sourav MISHRA

03 / 2006

De nombreux pays produisent du coton. Sur ce nombre, 8 pays représentent à eux seuls environ 80 pour cent de la production mondiale. Le marché est dominé par les Etats-Unis, second producteur après la Chine et premier exportateur (environ 70 % de la récolte). Viennent ensuite l’Ouzbékistan, l’Australie, le Brésil, l’Inde. Les principaux importateurs sont l’Indonésie, l’Union européenne, la Chine, le Mexique et la Thaïlande.

Le commerce du coton est aux mains d’un oligopole, avec une base relativement élargie : 500 entreprises contre 4 pour le café. Mais il faut voir ce que recouvrent les chiffres : 19 entreprises contrôlent à elles seules le tiers du marché, soit 200 000 tonnes/an, et les entreprises para-étatiques représentent 60 pour cent de ce négoce. Cela veut dire que les Etats ont tendance à agir sur les prix, essentiellement par le biais des subventions, surtout dans les pays développés. C’est un facteur de déséquilibre dans les échanges, au détriment évidemment des producteurs des pays en développement.

L’aide publique (c’est-à-dire les subventions) aux agriculteurs cotonniers représente plus du quart de leurs revenus. C’est aux Etats-Unis puis en Chine et dans l’Union européenne qu’ils sont les plus soutenus. Aux Etats-Unis, l’aide publique à la production et à l’exportation s’élève à 4 milliards de dollars, en Chine à 1,5 milliard, dans l’Union européenne (Espagne et Grèce) à 900 millions. Les cours internationaux sont en baisse constante depuis une trentaine d’années quand les Etats-Unis ont mis en œuvre un programme d’aide musclé, pour financer le stockage en 1985 et le soutien des prix en 1996. En 2002 ont été appliquées les nouvelles dispositions de la loi sur l’agriculture (Farm Bill-Step 3) qui permettent, en matière d’importations de coton, de fixer des quantités définies pour des périodes définies, ce qui protège la production locale. Les producteurs américains touchent des subventions directes, ce qui leur permet de vendre leur coton sur le marché international à des prix inférieurs aux coûts de production : coût de production = 1,70 $/kg, prix de vente = 1,18 $/kg. Pour 2005-2006, les subventions à l’exportation se sont élevées à 360 millions de dollars. L’Union européenne fait une politique semblable depuis que l’Espagne et la Grèce ont rejoint la politique agricole commune. En 2001, l’Espagne et la Grèce c’était 2,5 % de la production mondiale de coton, 6 % des exportations, mais 16 % des subventions mondiales pour le coton. Dans un rapport de 2005, le mouvement Oxfam note que cette culture disparaîtrait complètement d’Espagne et de Grèce si les aides communautaires étaient supprimées. Dans les pays qui subventionnent leurs producteurs, l’aide représente en moyenne 0,58 $ au kilo, soit environ 48 % du prix de vente.

Les grands perdants sont les agriculteurs des pays en développement. Voici ce que dit D K Nair, secrétaire général de la Confédération des industries textiles indiennes (CITI) : « Ces subventions profitent à quelques milliers de producteurs dans des pays développés, en conduisant à la ruine des millions de petits producteurs Africains. Aux Etats-Unis, c’est 4 milliards d’aide que se partagent 20 000 agriculteurs cotonniers ». Au Bénin, au Burkina-Faso, au Tchad, au Mali, au Togo, le coton représente les deux tiers des exportations agricoles, le tiers des exportations totales. Le coton conditionne la vie d’une multitude de gens. Et c’est la même chose ailleurs dans le monde : en Ouzbékistan, au Tadjikistan, au Turkménistan, le coton c’est respectivement 45 %, 20 % et 15 % des exportations, soit respectivement 8 %, 8 %, 4 % du PIB.

Au niveau individuel, une baisse des prix signifie que le producteur a encore plus de mal à survivre. Au niveau macro-économique, les gouvernements de ces pays ont encore plus de mal à mettre en œuvre des politiques visant à faire progresser les niveaux de vie, c’est-à-dire, dans le cas présent, à accorder une aide aux producteurs de coton. C’est un cercle vicieux. Dans le cadre de l’OMC, en avril 2004, le Brésil a officiellement porté plainte contre les subventions américaines, et son Organe de règlement des différends lui a donné raison. Le coton est si important pour l’économie de pays africains que la 6ème Conférence ministérielle de l’OMC qui s’était tenue à Hongkong en décembre 2005 a finalement décidé de supprimer tout type de subvention à l’exportation du coton pour fin 2006 et d’autoriser le coton des pays les moins développés en franchise de droit et sans contingentement. Mais il s’agit d’une décision en trompe-l’œil étant donné que les subventions spécifiques à l’exportation ne représentent que 7 % de l’ensemble des aides accordées aux producteurs dans les pays développés : la plupart des aides sont « à usage interne » et ne tombent pas sous la réglementation de l’OMC.

Il y a aussi la question des tarifs douaniers. Pour le coton, sur le plan mondial, la fourchette des barèmes à l’importation varie de 90 % pour la Chine à 0 % pour 64 pays (dont l’Union européenne, l’Australie et la Turquie). La moyenne est de 5,3 %. Le Brésil impose un tarif de 9,2 %, l’Inde 10 %, le Pakistan 5 % et l’Ouzbékistan 30 %. La taxe est en moyenne de 7 % en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Aux Etats-Unis, cela varie entre 0 et 0,31 dollar le kilo.

Key words

agricultural subsidy, international trade, textile industry, agricultural policy, exportation agriculture

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L’Inde et son coton : libéralisme mortel (Notre Terre n°19, septembre 2006)

Notes

Traduction en français : Gildas Le Bihan (CRISLA)

Lire aussi les 27 pages consacrées à ce sujet dans la revue Frontline (8 septembre 2006), publiée par le quotidien national The Hindu. Textes et photos disponibles en ligne sur www.frontline.in, cliquer sur Digital Frontline-Free Download et Archives en haut à droite, puis Volume 23, issue 17, Cover Story

Source

CRISLA, Notre Terre n° 19, septembre 2006. Sélection d’articles de Down To Earth, revue indienne écologiste et scientifique, publiée par CSE à New Delhi.

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