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Bolivie : la production de canne à sucre à Santa Cruz

Gerardo BURGOS LINO

2008

Les statistiques et analyses présentées ici concernent l’état de Santa Cruz. Les enfants et adolescents de 9 à 18 ans ont été pris en considération dans ces statistiques.

La Bolivie a une superficie de 1 098 581 kilomètres carrés et une population d’environ 9 millions d’habitants. Elle est divisée en neuf départements : l’un d’entre eux est Santa Cruz, qui a une superficie de 370 000 kilomètres carrés pour plus de 2 millions d’habitants. La Bolivie compte 3 millions de personnes de moins de 18 ans, parmi lesquelles 1 million vit dans le département de Santa Cruz.

Culture, production et consommation

L’activité industrielle sucrière a débuté en Bolivie en 1941 et déjà à cette époque le département de Santa Cruz cultivait près de 3 000 hectares de terres en canne à sucre. Avec cette canne, l’on produisait du sucre brut et de l’alcool. Ce n’est qu’en 1944 que l’on fabriqua pour la première fois du sucre blanc cristallisé.

Parallèlement à la production locale, on importait également du sucre. Déjà dans les années 60, la Bolivie s’auto-approvisionne en sucre et commence à exporter. Dans les décennies qui vont suivre, l’importation n’a lieu que dans des cas exceptionnels pour des questions climatologiques ou des baisses des prix internationaux.

Actuellement, la zone de production de canne à sucre dans le département de Santa Cruz est concentrée sur neuf communes : Andrés Ibáñez, La Guardia, El Tomo, Cotoca, Warnes, Portachuelo, Montero, Mineros et General Saavedra. Cette zone comporte plus de 100 000 hectares cultivés. Les propriétés sont classées par taille. Celles-ci sont considérées comme petites jusqu’à 20 hectares ; moyennes, de 20 à 50 hectares ; et grandes, si elles font plus de 50 hectares. Les petites et moyennes propriétés représentent 35 % et les grandes 65 % de cette zone.

Quatre usines de productions sont installées à Santa Cruz : San Aurélio, La Bélgica, Guabirá et Unagro, qui à elles quatre produisent un peu plus de 1 million de tonnes de sucre par récolte.

En ce qui concerne la production d’alcool, celle-ci a toujours été faite pour un usage domestique, pharmaceutique et pour la préparation de boissons alcoolisées. En juillet 2005, le gouvernement a édicté une loi établissant que les producteurs de combustibles peuvent ajouter de l’alcool de canne à sucre à hauteur de 10 à 25 pour cent, sur une période d’application industrielle de cinq ans. Il n’y a aucune donnée relative aux quantités d’alcool produites.

Migration

La croissance de l’industrie sucrière a également eu des répercussions sur l’augmentation des cultures de canne et, par conséquent, sur l’utilisation, toujours plus importante, de matériel agricole pour la récolte. Mais, malgré cette évolution technologique, l’industrie a toujours besoin de main d’œuvre.

Durant les mois de mai à octobre, période de récolte dans le département de Santa Cruz, près de 30 000 personnes sont mobilisées, en général organisées en familles. Directement ou indirectement, 7 000 enfants et adolescents de moins de 18 ans y travaillent ; 27 % d’entre eux ont déclaré venir seuls car leurs parents devaient s’occuper de leurs maisons ou de leurs biens.

La moitié de cette main d’œuvre vient de Santa Cruz et le reste vient principalement des états de Chuquisaca et Potosí. Dans de tels cas, le changement radical des conditions de leur habitat est le premier défi auquel les migrants doivent faire face, étant donné qu’ils viennent des hauts plateaux où y règne un climat sec et froid. Ces familles ne sont pas préparées à affronter des températures élevées, l’humidité, les changements violents de climat et l’agressivité tropicale de la région, et les enfants sont les plus touchés.

Même s’il s’agit de personnes et de familles qui migrent temporairement pour résoudre un tant soit peu leur situation de pauvreté, une fois la récolte terminée, un grand nombre d’entre elles ne retourne pas dans leur région d’origine. Elles préfèrent rester, et offrent leur service pour d’autres cultures, ou alors recherchent du travail dans d’autres secteurs d’activité dans les communes voisines plus urbanisées ou même dans la ville de Santa Cruz.

Le choc culturel est un effet de la migration durant et après la récolte, pour les personnes qui restent. Il se manifeste principalement dans la communication et les formes de vie, comme l’habit et l’alimentation. Nombreuses personnes souffrent de discrimination, sont méprisées et humiliées quotidiennement par les contremaîtres et par les autres travailleurs et habitants locaux.

Travail et conditions de vie des moins de 18 ans

Même si les enfants de moins de neuf ans qui viennent avec leurs familles sont sûrement ceux qui souffrent le plus des effets négatifs du changement durant la récolte, nous nous intéresserons ici simplement aux enfants âgés de 9 à 18 ans qui, d’une manière ou d’une autre, participent activement à la récolte. Les statistiques et analyses présentées sont basées sur les dires des propres protagonistes.

Le contrat, qui de manière générale est verbal, est conclu entre le producteur de canne à sucre et le contremaître et entre le contremaître et le travailleur adulte (homme ou femme). Ainsi, le travail des adolescents de moins de 18 ans est clandestin et, donc, non protégé, du fait que ceux-ci « ne sont pas embauchés ». Et pour les adultes, ce sont seulement des « assistants ».

En général, et surtout les petits, les enfants sont chargés de la coupe de la canne. Les fillettes sont affectées aux activités liées aux « travaux de la maison » (cuisine, lavage, garde d’enfants, etc.), et pour ce qui est de la récolte, elles aident surtout au stockage de la canne à sucre.

Les journées de travail sont d’environ 12 heures. Le paiement se fait à la tonne de canne coupée. Ils dépensent leur argent essentiellement dans la nourriture et les vêtements, et économisent peu. 25 % des fillettes déclarent ne recevoir aucun salaire.

Les risques les plus importants auxquels ils sont exposés (aussi bien les garçons que les filles), sont les mutilations à la machette et les morsures de serpent. Et pour les petites filles surtout, il y a les brûlures. Pour les garçons, le plus pénible durant la récolte c’est le travail qui est très difficile et pour les petites filles, c’est faire la cuisine. À moindre échelle, il y a également les conditions climatiques, le sommeil qui est rare, la saleté, les bagarres et le fait de quitter son lieu d’origine (leur famille et la communauté à laquelle ils appartiennent leur manque).

Les soins sont insuffisants. Seuls 9 % déclarent recevoir des soins dans les campements où ils sont durant la récolte, et ce sont essentiellement des soins de premier secours. Ce sont en particulier les enfants et les femmes qui souffrent le plus. Ils ne reçoivent aucune sorte de sécurité sociale ou industrielle. Les enfants et les adolescents qui accompagnent les adultes vivent entassés dans les abris précaires.

Key words

sugar cane, agrofuel, agricultural production, working conditions


, Bolivia

file

L’agroénergie : mythes et impacts en Amérique latine

Notes

Traduit en français par Elisabeth Teixeira (babethteixeira (at) yahoo.fr)

Les textes de ce dossier sont le résultat du séminaire sur l’expansion de l’industrie de la canne à sucre en Amérique Latine, qui a eu lieu à São Paulo, au Brésil, du 26 au 28 février 2007.

Ce dossier est aussi disponible en anglais, espagnol et portugais.

Source

Gerardo Burgos Lino, Séminaire sur l’industrie de la canne à sucre en Amérique latine, São Paulo - Brésil, du 26 au 28 février 2007.

Trabajo infantil en la zafra de la caña de azúcar: Una evaluación rápida. Burgos Lino Gerardo et autres. OIT, 2002

Journal El Deber.

Institut national des statistiques.

Information UNICEF.

Information OIT.

Information ABI (Agence bolivienne des nouvelles).

Entretien personnel avec un producteur de canne à sucre.

Entretien personnel avec un cueilleur de canne adulte et jeune.

Entretien personnel avec l’autorité départementale du travail.

Proyecto nichos de mercado para el azúcar boliviana. Fondation Bosque Húmedo. 2005

El campamento cañero como escenario de encuentro intercultural, Fernando Rivero. Revue NUMERO UNO, mai 2005

Document institutionnel DNI-Bolivie. 2004

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