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Propositions des Aymaras sur les politiques de commercialisation des produits issus de l’élevage des camélidés en Bolivie

Monserrate RIVERA

09 / 2002

Depuis son enfance, Esteban Laime a vécu sur les plateaux désertiques de sa Bolivie natale. Membre de la communauté Esquiyani, il se souvient comment, à mesure que passait le temps, la population de sa communauté a émigré de la campagne vers la ville, jusqu’à diminuer significativement.

Esteban Laime a été comptable et dirigeant de sa communauté. Aujourd’hui, il est le président de l’association régionale ISQANI, l’une des associations les plus représentatives de son pays en ce qui concerne l’élevage des camélidés, tels que les alpagas, les vigognes et les guanacos. Durant son année de gestionnaire, Esteban a pu observer le renforcement de certains organisations communautaires, comme celles des producteurs de pommes de terre ou de quinoa par exemple. « L’idée est que tous les producteurs parviennent à un consensus relativement au projet à exécuter ; c’est à eux de l’approuver ou de le refuser. Auparavant, cela ne se faisait pas. Autrement dit, les producteurs ne participaient pas à la prise de décisions. »

Esteban nous raconte que dans cette zone, le climat est très froid et pas du tout adapté à la production agricole. Pour cette raison, ce peuple s’est consacré à l’élevage de camélidés, particulièrement d’alpagas, et à la transformation de leur laine en vue de sa commercialisation ultérieure.

Avec son organisation, ils ont travaillé à l’élaboration de la « Loi de dialogue » et participé au Conseil de développement productif et social (CODEPES), qui fonctionne au sein des gouvernements municipaux. Il s’agit d’une instance par laquelle doivent passer tous les projets qui vont être mis en œuvre dans chaque municipalité.

Au sein de l’ISQANI, quelques objectifs importants pour les éleveurs d’alpagas et de vigognes ont été atteints. L’un des plus importants a été l’augmentation du prix de la fibre d’alpaga. « Auparavant, son prix était très bas, et la viande considérée comme étant de mauvaise qualité, mais aujourd’hui nous avons obtenu une augmentation considérable sur les marchés interne et externe du prix de la fibre, et la viande est très appréciée. » La fibre d’alpaga coûtait 0,80 bolivianos et en coûte aujourd’hui 4,60, et sur le marché international elle atteint jusqu’à 6 dollars US (le taux de change à la date de rédaction de ce texte étant de 7,45 bolivianos pour 1 dollar US).

Le produit semi-fini, comme le fil d’alpaga, a également vu son prix augmenter, ce qui signifie une croissance du revenu des familles et de meilleures conditions de vie. « Cela nous a aussi permis d’accroître les sources de travail et de mieux nous organiser. Notre communauté est une organisation aymara. Nous sommes très unis, nous travaillons ensemble au sein des mingas [collectifs traditionnels de travail en commun volontaire]. »

Les éleveurs et producteurs se sont organisés au sein de l’Association nationale des producteurs de camélidés de Bolivie (Asociación Nacional de Productores de Camélidos de Bolivia, ANAPCA), qui est présente dans quatre départements : La Paz, Oruro, Potosí et Cochabamba. Les camélidés peuvent être des alpagas, des vigognes, des lamas ou des guanacos (animaux sylvestres de couleur unie). Esteban commente : « Nous sommes très contents de notre travail dans la mesure où les gens restent sur leurs terres. »

Parlant de son organisation, il explique que « dans mon pays, en ce moment, il y a deux types d’organisations : le courant syndical et les communautés organisées. Nous sommes davantage propositionnels ; il s’agit pour nous de régler les problèmes de nos communautés ou de la zone où nous vivons. Par exemple, l’Association peut fournir un apport économique pour certains projets d’organisations et de communautés qui exigent l’autofinancement. Nous n’espérons plus que le gouvernement apporte des réponses à tous nos problèmes. »

Esteban Laime est un leader de sa communauté, un homme qui est toujours resté engagé aux côtés de la base, dont tout le travail et les efforts sont consacrés à ce que les gens voient que quand on le veut, il est possible d’atteindre de nouveaux buts et de faire face à de nouveaux défis dans la vie. Il a l’appui de sa communauté et l’optimisme de continuer à travailler lui-même sa terre. C’est un homme qui croit en ses idéaux et qui lutte pour obtenir de meilleures conditions de vie pour sa communauté. Il estime que pour trouver des solutions aux problèmes, il faut élaborer et mettre en œuvre des propositions concrètes.

Key words

indigenous peoples, mountain, traditional cultivation, traditional farming, traditional knowledge enhancement, community organization, food and agricultural products commercialization


, Bolivia

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Indigenous Peoples

Comments

Le travail développé par Esteban Laime dans les zones de plateaux désertiques de Bolivie est un élément important de l’amélioration et de la préservation des régions de montagne. Organisés, les producteurs de laine ont pu faire le lien entre leurs besoins en termes de revenu et la conservation de leur milieu, à travers des pratiques ancestrales qui revalorisent leur culture et favorisent le maintien des populations sur leurs terres et dans leurs communautés. L’ANAPCA a pu avoir une influence sur l’élaboration des politiques publiques locales. Finalement, les positions de leurs organisations ont trouvé un place au sein des structures de gouvernement local.

Source

Interview

Fiche réalisée sur la base d’un entretien avec Esteban Laime, président de l’association régionale ISQANI, membre de l’Association nationale des producteurs de camélidés de Bolivie, ANAPC, et dirigeant de la communauté Esquiyani.

Fiche originale en espagnol : Las propuestas de los Aymarás sobre políticas de comercialización de subproductos de camélidos en Bolivia. Traduction : Olivier Petitjean.

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