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Marché des céréales et oléagineux en Chine

Sylvie DIDERON

04 / 1993

Jusqu’en 1978, tout commerce était étatisé en Chine. La décollectivisation des moyens de production a été accompagnée de mesures concernant les marchés et les prix des intrants et produits agricoles.

1. Dès 1978, une revalorisation des prix d’achat des produits agricoles est décidée qui prendra effet en 1979. La hausse moyenne du prix des grains approche 25%. C’est une augmentation sans précédent depuis 1950. L’Etat conserve le monopole du marché jusqu’en 1985 où une réforme du système de commercialisation a lieu. Les livraisons obligatoires sont remplacées par des achats sous contrat entre l’Etat et les agriculteurs. Au-delà des quantités stipulées par ces contrats, la production revient entièrement aux agriculteurs qui peuvent la vendre librement.

2. Un organisme chapeauté par l’Etat, appelée "compagnie des céréales et oléagineux", est chargé des achats, des ventes, et de la transformation des grains dans les cantons. C’est l’ancien bureau des produits céréaliers et oléagineux qui est devenu une entreprise soutenue par l’Etat. Elle bénéficie chaque année d’emprunts à taux d’intérêt bonifiés et doit verser un pourcentage de sa marge brute à l’Etat. Son rôle est d’acheter aux agriculteurs les grains et oléagineux qu’il doivent vendre à l’Etat et de les acheminer aux endoits prévus par la planification centralisée. Là, ils seront vendus aux citadins ayant droit à des tickets d’approvisionnement, dans les magasins d’Etat et à prix subventionné. D’autre part, cette compagnie gère dans le canton les magasins d’Etat de vente des céréales et oléagineux ainsi que quelques usines de transformation: minoterie, huileries, usines de fabrication de divers produits alimentaires (pâtes, glaces,...), usines d’alcool de céréales, usine de fabrication d’aliments pour animaux. La compagnie fait également commerce de grains en achetant au-delà des quantités contractuelles. Dans ces conditions, le prix, dit "négocié", est peu inférieur à celui du marché. Si les prix du marché libre sont très élevés, la compagnie peut également jouer un rôle de régulation en vendant des stocks sur le marché.

3. A Bozhou, la faiblesse des surplus et le coût élevé des tranports limitent les achats par la compagnie en dehors des contrats avec les agriculteurs. En effet, l’éloignement du canton des grandes métropoles, l’absence de chemins de fer et l’état très médiocre des routes renchérissent le prix des produits rendus dans les lieux où la vente est possible: nord-est de la Chine pour le blé (Beijing, Heilongjiang, Shanxi, Shaanxi), sud-est pour le soja (Zhejiang, Jiangsu), sud et sud-est pour le maïs (Guangdong, Zhejiang, Shanghai), nord-est pour le sésame (Shandong, Hebei). Sur le trajet, les camions étant souvent l’objet de prélèvements plus ou moins légaux voire de racket, 20 yuans (1 yuan= 0,2US$)soit environ 25% de la valeur des chargements doivent être rajoutés au coût du transport.

4. Les quantités de céréales achetées sous contrat dans le canton de Tianchang (dont l’agriculture de plus en plus intensive se spécialise dans la céréaliculture)sont deux fois plus importantes que celles achetées dans le canton de Bozhou (dont l’agriculture reste très diversifiée). Ceci pour une surface cultivée deux fois moindre à Tianchang qu’à Bozhou! A Tianchang, les surplus dégagés sont très importants. Très proche de Shanghai et Nankin, ce canton bénéficie de débouchés substantiels pour ses produits. La compagnie est de loin le plus gros acheteur de grains du canton. Elle domine également le secteur de la transformation et gère 5 rizeries de grande capacité (autour de 100.000 tonnes), une huilerie, une usine d’aliments pour animaux, une entreprise de transports.

Key words

agriculture, farmer, state intervention in agriculture, cereal, price policy, role of the State, commercialization, transport, interior market


, Asia, China, Anhui

Comments

Les céréales représentent la quasi totalité de l’apport calorique dans la ration alimentaire en Chine. D’où leur importance stratégique. Le gouvernement hésite à supprimer ce système de quotas qui permet à la plupart des citadins de s’alimenter à bas prix. La colère en ville paraît plus dangereuse que celle des paysans.

Bien que la production nationale de grains soit devenue suffisante depui quelques années pour subvenir aux besoins de la population, la redistribution inter-régionale reste insuffisante en Chine. Notamment, la production de maïs est excédentaire au nord et insuffisante au sud. C’est l’inverse pour le riz.

Notes

Ma thèse (Institut National Agronomique Paris-Grignon; en cours)résulte d’un travail de recherche de terrain, d’observations et d’enquêtes menées auprès des acteurs de l’agriculture locaux: paysans, cadres,...dans plusieurs districts chinois.

Source

Theses and dissertations

DIDERON, Sylvie, INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE PARIS-GRIGNON, 1993/00/00 (Suisse)

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