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La volonté des institutions ne suffit pas pour créer une dynamique de développement

Histoire de la difficile émergence d’un projet de vente collective de produits fermiers

Betty WAMPFLER

05 / 1994

En 1992, une enquête demandée par la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron sur la transformation et la vente de produits fermiers (Fiche 17), aboutit à une double conclusion : - cette forme d’activité se développait de manière relativement importante depuis quelques années, en se concentrant sur les marchés locaux , - cette vente de proximité n’avait jusque là posé que peu de problèmes, son intérêt risque d’être compromis, à court terme, par la concurrence qui est en train de s’intensifier.

La réflexion du groupe de techniciens de la Chambre d’Agriculture qui avait été à l’origine de l’enquête, s’est alors orientée vers l’organisation de formes de commercialisation plus concertées et/ou susceptibles de s’implanter sur des marchés extérieurs au département. Parmi les 20 groupes de producteurs et les 150 producteurs individuels que l’enquète avait permis d’identifier, le groupe de techniciens choisit une demi-douzaine de personnes, pressenties comme pouvant être des "leaders" de cette démarche, et les invita à une réunion de réflexion sur le sujet.

La composition de cette réunion illustre d’emblée la difficulté de transgresser les clivages syndicaux dans le contexte aveyronnais : si la plupart des invités étaient plus ou moins proches des syndicats agricoles majoritaies - interlocuteurs "naturels" de la Chambre d’Agriculture, bien connus des techniciens -, un effort avait été fait par ces techniciens pour ouvrir la réflexion à des membres du syndicat minoritaire - impliqués plus fortement et depuis plus longtemps dans l’activité produits fermiers -. Mais la tentative fut un échec, aucun membre de "l’autre bord" n’acceptant de venir à cette réunion, ressentie par eux, comme une volonté de "récupération".

La réunion s’ouvrit avec l’évocation de projets du même genre, qui avaient avorté dans le passé, par manque de mobilisation de la "base" selon les techniciens, par excès de volontarisme des techniciens qui avaient lancé l’idée, pour les agriculteurs présents... Le constat de la concurrence croissante sur les marchés locaux remit tout le monde d’accord : organiser la commercialisation pouvait limiter les dégâts. Deux facteurs de blocage furent évoqués comme apparemment déterminants : la peur de perdre la clientèle acquise par chaque producteur au bout de longues années d’efforts, et le manque de temps disponible pour s’investir dans la mise en oeuvre d’un projet collectif...

Puis le choix du type de projet à initier divisa les participants : fallait-il regrouper tous les producteurs sous une même image "produit de l’Aveyron ou de manière plus restreinte "produit de telle ou telle région" de l’Aveyron ? Ou bien fallait-il au contraire préserver l’identité de chacun à travers la création d’un simple point de vente en commun, de produits très différenciés ? La première formule présentait l’avantage de pouvoir mobiliser une "force de frappe" importante et des financements variés (d’origine agricole mais aussi venant du Conseil Général etc...)

La seconde avait la préférence des producteurs, mais semblait plus difficile à organiser, à gérer : pouvait-on, dans un même point de vente, mettre en concurrence trente producteurs de fromages ou bien vingt producteurs de canards ?...

La réunion s’acheva sur deux décisions : quelques producteurs intéressés et des techniciens iraient voir "ce qui se fait ailleurs" (Mission agro-alimentaire des Pyrénées; Uniferme en Isère)pour mieux cerner les problèmes et glaner des idées ; des financements seraient demandés, par le biais du projet LEADER, pour indemniser le temps investi par chaque agriculteur participant à l’élaboration du projet ...

Dix mois après cette réunion, après des visites extérieures et de nouvelles réunions, le projet subsiste toujours, mais a pris des formes différentes : seuls quelques producteurs de fromages sont encore mobilisés, mais leur réflexion bute depuis plusieurs mois sur la nécessité de faire des choix : faut-il vendre un seul ou plusieurs types de fromage ? L’option un seul fromage paraissant plus intéressante, quel fromage choisir ? Que feront les producteurs dont le fromage qu’ils sont habitués à faire n’est pas retenu ? Quelle image faut-il promouvoir ? Que devient l’identité de chaque producteur ? Autant de questions cruciales qui rendent l’avenir du projet très incertain...

Key words

rural environment, countrymen’s organization


, France, Aveyron

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Cet exemple illustre, notamment, la difficulté (l’impossibilité ?)de faire émerger des projets collectifs par une voie "technocratique", même pavée de bonnes intentions et étayée d’une solide connaissance du "terrain"...

Source

Interview

ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier) - L’ENSAM fait partie depuis janvier 2007 de Montpellier SupAgro qui est née de la fusion de 4 établissements : ENSAM, Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (CNEARC), Département industries agroalimentaires régions chaudes de l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA-SIARC) et Centre d’expérimentations pédagogiques de Florac (CEP Florac). 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cedex 1, FRANCE - Tél. 33 (0)4 99 61 22 00 - Fax 33 (0)4 99 61 29 00 - France - www.agro-montpellier.fr - contact (@) supagro.inra.fr

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