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Le syncrétisme est plus qu’un troc de véhicules culturels d’une communauté à une autre. C’est plutôt la réappropriation et la re-création de ces véhicules culturels par la communauté qui les adopte

Le cas de la rencontre des musiques africaines, européennes et amérindiennes

David GAKUNZI

04 / 1993

Plus que tout autre continent, l’Amérique a été le lieu de métissage des musiques africaines, européennes et amérindiennes. Ce mariage de musiques s’est fait notamment par la permutation, l’échange des différents instruments d’une communauté à l’autre ou par leur combinaison. Les africains par exemple ont débarqué avec leurs cordophones parmi lesquels la harpe qui va se diversifier dans les mains des indigènes et des métis. Ce sera le cas de la marimba, instrument d’origine africaine qui est devenu l’instrument par excellence des indiens de Mexico, du Guatemala, du Nicaragua. Pendant ce temps les noirs du Brésil et des Caraïbes vont adopter les xylophones d’origine amérindienne. Les groupes populaires du Mexique adopteront, eux, l’accordéon venu d’Allemagne tandis que sa variante le bandonéon deviendra le véhicule indispensable du tango argentin. La guitare deviendra le "tres" à Cuba, le "cuatro" au Venezuela, le "seis" à Porto Rico, l’énorme "guitario" mexicain et le minuscule "charango" péruvien. Cependant c’est plus dans la manière de faire que s’est opéré ce métissage musical. Le jazz en est une bonne illustration. En effet, à partir d’une instrumentation exclusivement européenne les afro-américains vont créer une musique totalement différente, dans laquelle chaque instrument assumera un rôle distinct de celui qui lui avait été assigné dans la symphonie européenne. Le jazz-band est en principe constitué d’un groupe d’instruments qui assure la permanence rythmique (piano, batterie, etc)et des instruments mélodiques (surtout trompette et saxophone). Tous ces instruments sont d’origine européenne. Les descendants d’africains se sont réapropriés ces instruments destinés au départ à jouer des musiques populaires européennes (polka, marches militaires), pour en faire des véhicules du swing africain. L’autre exemple frappant est celui des orchestres cubains classiques. Jusqu’à il y a quelques années l’orchestre type de la musique cubaine était constitué de violons, flûtes, clarinettes, trombones, ophocleides et tympanons. Tout instrument d’origine européenne. Ces orchestres jouent cependant une musique -avec des mélodies qui comprennent huit mesures à 2/4, rythmées sur des contretemps- qui n’a rien à voir avec les partitions classiques européennes. A entendre jouer ces orchestres, on a l’impression que leurs instruments sont possédés par les dieux africains ou les esprits amérindiens. Même quand ils jouent des airs typiquement européens rien n’est plus à sa place. Ce qui était triste devient joyeux, l’aristocratique fait place au populaire, le solennel au délire.

Key words

aculturation, cultural change, cultural identity, cultural interdependence, cultural syncretism


, Latin America

Comments

La musique est le domaine où le syncrétisme s’est réalisé avec le plus de facilité. Non pas que les cultures musicales amérindiennes, africaines et européennes soient au départ très proches mais parce que la musique est un langage universel.

Notes

Fiche de suivi des manifestations du 5° centenaire de la "rencontre des deux mondes". Ces fiches ont été rédigées à partir d’entretiens effectués lors de la rencontre "Identité des peuples d’Amérique 500 ans après" organisée par la Fondation Science et Art à Saint Domingue du 13 au 21/11/1992

Source

Interview

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