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dialogues, proposals, stories for global citizenship

La radio peut-elle véhiculer la parole paysanne sans en altérer le langage ?

David GAKUNZI

04 / 1993

Créée en à l’initiative de l’ONG italienne GAO, la Radio rurale de Kayes a aujourd’hui cinq ans d’existence. Situé dans l’ouest du Mali cette radio s’est fixée pour objectif de faire entendre la parole des villageois en leur tendant le micro. C’est dans cette optique que s’inscrivent les émissions animées, deux fois par semaines, par l’Ordik (Organisation rurale pour le développement intégré de la Kolimbine). Réalisées sur le terrain, c’est-à-dire dans les villages, avec les paysans les émissions de l’Ordik essaient d’intégrer des éléments de la communication traditionnelle. Une semaine, au moins, avant son passage, Barka Fofana -l’animateur qui est l’animateur de ces émissions- annonce sa venue dans un village par la voix des ondes. Il doit s’arranger aussi pour que son horaire d’arrivée ne corresponde pas avec l’heure des travaux aux champs. A son arrivée dans le village il est d’usage d’abord d’aller saluer le chef du village. Ensuite c’est le recueil de la parole des villageois sur le thème du jour. De retour dans les studios de la radio, le défi pour Barka est d’arriver à restituer la parole recueillie sans en altérer le langage c’est à dire en y intégrant des éléments de la communication traditionnelle. L’émission de vulgarisation sur la protection infantile est annoncée par un chant traditionnel chanté par les femmes du village visité. Ensuite la mémoire des villageois est mise à contribution pour trouver des proverbes, des devinettes parlant de ce thème. De nouveau l’émission fait appel aux chants du coin. Ensuite c’est au tour du griot d’entrer en jeu avec un conte vantant les mérites de l’allaitement maternel. Suit un débat entre les femmes sur ce sujet. Des spécialistes de la question sont aussi mis à contribution. Ils confrontent leur savoir avec celui des Vieux et des Vieilles. La palabre terminée, l’émission se conclut sur des proverbes rappelant l’importance de préserver sa santé. L’émission ne se fait pas toujours sans problème. A part les problèmes classiques de la panne des piles ou des cassettes, il y a parfois, notamment en hivernage, l’impraticabilité des routes qui peut pousser à reporter la visite d’un village. Tout en jouant un rôle éducatif ces émissions ont permis de faire revivre, de réactiver, de fixer la mémoire populaire de la région. Il y a par exemple des chants de femmes qui étaient en train de se perdre qui sont rechantés grâce à ces émissions. Des proverbes, des contes ont été, ainsi sauvés de l’oubli.

Key words

cultural change, democracy, development history, cultural identity, cultural interdependence, popular participation, innovation, radio, traditional knowledge, tradition and modernity, transfer of knowledge


, Mali, Kayes

Comments

La réussite de l’intégration des éléments de communication traditionnelle dans les émissions de l’ORDIK démontre les capacités de la radio ,outil moderne de communication ,à véhiculer la parole paysanne.Mieux que l’écriture, la radio peut être un instrument formidable de préservation de la tradition orale car elle est un outil adaptée à l’oralité.La plupart des paysans étant analphabètes, l’écriture déformerait leur expression car exigeant la maîtrise d’un vocabulaire et des codes dont ils ne sont pas familiers.

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Interview

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