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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Communiquer par le théâtre une information complète et accessible sur le SIDA

Anne FONTENEAU

11 / 1994

L’AMPPF (Association Malienne pour la Protection et la Promotion de la Famille)créée en 1972 possède aujourd’hui cinq antennes régionales. Celle de Kayes, en parallèle de ses activités en faveur du planning familial, soutient également l’association Sinignasiki ou "Préparons l’avenir" en bambara, qui regroupe de jeunes femmes non mariées avec enfants. En collaboration avec le GRDR (Groupe de Recherches et de Réalisations pour le Développement Rural dans le Tiers Monde), organisation non gouvernementale française intervenant dans la vallée du fleuve Sénégal, notamment en matière de santé, l’AMPPF a recruté les membres de Sinignasiki pour une action théâtrale de prévention du SIDA. Rédigée en équipe (animateurs de l’AMPPF et du GRDR, chef de la section Animation populaire à la Direction Régionale de la Jeunesse), la pièce relate l’apparition, dans un village, d’une maladie nouvelle qui nécessite l’évacuation de ceux qui en sont atteints. Intrigués et inquiets devant ce problème que ne peut résoudre le guérisseur traditionnel, les membres du conseil de village se rendent chez le commandant de cercle qui convoque les autorités sanitaires. Celles-ci diagnostiquent des cas de SIDA et viennent informer le village. Initialement prévues pour 15 jours, les répétitions ont finalement nécessité un mois. Le texte rédigé en français, puis traduit en bambara a été appris par coeur par les jeunes femmes sachant lire. Aux analphabètes, l’essentiel du message était longuement expliqué afin qu’elles puissent l’exprimer avec leurs propres mots, d’où sur scène, une certaine place faite à l’improvisation. Filmées à la video, les répétitions étaient ensuite critiquées afin que le jeu de chaque acteur soit le plus juste possible. S’inspirant de la tradition malienne du Koteba qui vise à susciter la réflexion par le rire, les jeunes filles costumées interprètent parfois des rôles masculins. Musique à base d’instruments traditionnels (djembe et calebasses ornées de cauris), ballet et chants (dont l’un relatant l’histoire du meilleur jeune cultivateur du village parti en ville où il a contracté le SIDA)rythment la pièce. Annoncées en brousse par l’animateur du GRDR lors de ses visites et par la radio rurale de Kayes, les représentations ont, à ce jour, eu lieu dans quatre des cinq localités prévues. Chaque fois, plus de 300 personnes, hommes, femmes, jeunes et vieux se sont massés sur la place publique. Afin de tester l’efficacité de l’information par le théâtre, les spectateurs sont invités à réagir immédiatement et devant toute l’assemblée en exprimant ce qu’ils ont compris et ce qu’ils pensent du problème évoqué. Les autorités villageoises (chef coutumier, présidents des différentes associations, immam...)sont également consultées individuellement afin de s’assurer que la transmission du message soit la plus efficace possible. En zone soninke, la pièce est précédée ou suivie de la projection d’une cassette video tournée en soninke par les migrants maliens en France sur le SIDA ou "La catastrophe". Pour prolonger la sensibilisation, l’AMPPF forme ensuite des "relais sociaux" chargés de poursuivre l’action dans les villages.

Key words

AIDS, farming community, communication, popular culture, woman, national language, health, rural environment, theater


, Mali

Comments

Cette information sur le SIDA par le théâtre, en brousse où le niveau de connaissances sur cette maladie est faible, présente plusieurs avantages. Aux jeunes actrices impliquées, elle a offert une formation pratique sur le SIDA et une activité nouvelle qui leur a beaucoup plu. A travers elles, leurs familles ont également été touchées car il a parfois fallu vaincre la réticence parentale envers le théâtre jugé propice à des comportements répréhensibles, en insistant sur l’importance du message à transmettre. En prenant une apparence festive, cette sensibilisation a très certainement permis d’atteindre un public plus vaste et plus varié que les causeries habituelles. Cependant, à Kabate, la troupe s’est heurtée à l’opposition du chef de village et de l’immam qui ont refusé que la protection par le préservatif soit abordée sur scène. Malgré le recours à une forme ancienne de communication et un travail de préparation des différentes autorités villageoises, la pièce s’est vue amputée de l’essentiel de son message.

Source

Interview

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