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Inondations au Bangladesh

Le déménagement d’un village menacé par les crues comme exemple de gestion populaire

Tom ROBERTS

05 / 1993

On considère souvent que l’un des problèmes majeurs du Bangladesh est sa vulnérabilité face aux catastrophes naturelles : inondations, cyclones et raz de marée sont des phénomènes omniprésents dans la vie du pays. A titre d’exemple, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en collaboration avec le gouvernement du Bangladesh, a chiffré les dégâts occasionnés par les inondations de 1987 à 0,5 milliards de dollars, et ceux de 88 à 1,3 milliards.

De telles conséquences économiques et humaines justifient le plan international de « contrôle des inondations au Bangladesh ». Il s’agit d’un projet ambitieux destiné à réguler le cours des principaux fleuves du pays… Plan soumis à de nombreuses critiques par rapport à ses effets « secondaires ».

Dans les différentes études de faisabilité menées, il est rarement fait allusion à la dimension humaine si ce n’est pour annoncer les bienfaits du projet sur les populations. Néanmoins, il n’est pas exact de dire que les populations sont démunies face aux éléments naturels. Au contraire, l’histoire du pays a permis l’émergence de solutions de « gestion » locales qui pourraient inspirer les grands architectes du projet. Une de ces solutions a été rapportée par un volontaire agronome de l’AUI en 1990. Voici un extrait de son rapport :

« Bhuapur : gros problèmes d’érosion : un des « sub-center » -Rajapur- est pratiquement parti à l’eau. La dernière fois que j’y étais, la moitié du village (dont le « flood shelter ») était déjà englouti par la Jamuna ; l’autre moitié achevait d’être transférée quelques centaines de mètres plus loin. (…) L’ambiance est calme : on comprend vite que cette situation n’est pas inhabituelle : les hommes transportent à travers champs les toits de leurs maisons. Les femmes continuent leur cuisine en plein vent, sur ce qui était quelques heures plus tôt le seuil de leur maison. »

En d’autres termes, face à la menace que représentait l’effondrement des berges du Jamuna, les habitants ont appliqué une solution assez simple : ils ont déménagé le village, ou du moins, ce qui en restait.

Pour qu’une telle solution soit possible, il est nécessaire que les techniques et les matériaux de construction y soient adaptés. La réalisation de bâtiments en dur n’est pas adaptable… ironiquement, le « flood shelter » (abri anti-inondation) fut englouti.

Key words

natural disaster, cultural development, alternative development, habitat, cultural interdependence, cultural dimension of development, adaptation process, traditional knowledge, traditional knowledge enhancement


, Bangladesh

Comments

Un tel système de gestion populaire se construit à travers une histoire longue et s’inscrit dans une culture. Dans l’exemple cité, il est évident qu’une disponibilité des terres est nécessaire et que l’environnement (naturel et administratif) doit s’y prêter (imaginez un cas similaire en France).

Deux réflexions :

1) Tout projet de développement doit prendre ces systèmes de gestion populaire en compte car les conséquences d’une altération risque d’être démesurées par rapport aux bienfaits escomptés des changements.

2) Ne serait-il pas utile, avant la mise en oeuvre du « grand projet de contrôle des inondations du Bangladesh » de se pencher sur les systèmes de gestion populaire et de s’en inspirer pour lutter contre les agressions naturelles ? Une telle démarche serait souhaitable avant de mettre en place un chantier aux coûts exorbitants dont l’impact reste sujet à caution.

Source

Grey literature

AUI=Action d’Urgence Internationale

AUI (Action d’Urgence Internationale) - Terrasses Montcalm, 1401 rue Fontcouverte, 34070 Montpelllier, FRANCE - Tél 33 (0) 4 67 27 06 09 - fax 33 (0)4 67 27 03 59 - France - www.aui-ong.org - info (@) aui-ong.org

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