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Espace urbain et action éducative et culturelle pour l’intégration socio-culturelle des enfants

Dimitri GERMANOS

09 / 1994

L’espace urbain est considéré d’une part comme une source de stimuli socio-culturels provenant de la société, qui peuvent être associés à des processus d’apprentissage; ces derniers, même quand ils sont informels, développés en dehors du cadre scolaire, sont jugés importants du point de vue éducatif. D’autre part, les milieux spatio-culturels dans lesquels vit l’enfant lui offrent des terrains et des occasions pour agir et communiquer; les pratiques quotidiennes de l’enfant s’associent à son processus de développement (corporel, cognitif, affectif et socio-culturel), de même qu’à des processus d’apprentissage.

Apparaît ainsi une nouvelle dimension de l’espace urbain, celle qui est constituée par son potentiel éducatif, et qui complète ses autres dimensions, physique, sociale, économique et culturelle. L’espace urbain peut englober et renforcer les processus de développement et d’apprentissage concernant l’enfant, et devenir le cadre matériel de la "zone proximale de développement".

De son côté, l’éducation est considérée comme un processus d’intégration dans des entités socio-culturelles et économiques, permettant le développement des rôles des acteurs dans les processus d’évolution de nos sociétés. Les processus éducatifs s’inscrivent toujours dans des espaces physiques (bâtiments scolaires, quartiers, villes).

Dans le cas d’un système normatif, l’école transmet des modèles spatio-culturels dominants et stéréotypés, qui mettent en valeur des éléments conformistes et rigides existant déjà dans la structure des relations sociales; or, cela laisse peu de place aux pratiques spatiales de l’enfant qui seraient liées à l’exploration et au renouvellement du champ de significations de l’espace urbain. Cette situation ne favorise pas l’intégration de l’enfant dans le tissu urbain. Mais l’élément le plus important dans ce contexte est la disparition quasi-totale d’une catégorie d’espaces situés dans l’intervalle compris entre les espaces "privé" et "public". Ces espaces, liés à des pratiques d’émergence de cultures ascendantes, épaulaient autrefois le développement d’une vie collective interne du quartier, en intégrant les enfants dans cette structure spatio-culturelle urbaine.

Face à cette situation dont résulte la marginalisation socio-culturelle, nous assistons à une dynamique de ré-appropriation de l’espace urbain par les jeunes. En réalité, il s’agit d’une dynamique d’intégration complexe qui, dans son évolution, passe par des pratiques et des types de conflits qui différent selon les âges. Parmi les acteurs impliqués dans ces phénomènes, on trouve le groupe d’enfants qui cherche des espaces pour jouer et qui, pour cette raison, occupe "sauvagement" tout territoire qui lui est accessible; on trouve aussi la bande d’adolescents qui cherche à circonscrire son "espace vital" dans son quartier, un terrain lié à son identité et à sa cohésion interne.

La question de l’intégration socio-culturelle des enfants nous met devant des problèmes d’un type nouveau qui se présentent en milieu urbain, et qui sont relatifs aux processus de dynamique culturelle. Une nouvelle ouverture de l’école qui, par ses pratiques pédagogiques et ses centres d’intérêt, se tournerait vers son milieu spatio-culturel urbain, ne suffirait plus pour l’intégration sociale et culturelle des enfants : si les structures urbaines et les acteurs sociaux ne sont pas disponibles pour cette ouverture, la tentative risque d’être sérieusement entravée.

Une nouvelle compatibilité entre structures éducatives et spatio-culturelles de la ville devient alors indispensable. Il faut repenser le rapport enfant-espace et valoriser le potentiel éducatif de l’espace urbain, en vue de favoriser les processus de développement et d’intégration sociale et culturelle de l’enfant.

Il ne suffit plus d’intervenir dans le mode d’organisation de l’espace urbain; il faut aussi intervenir au niveau des modalités d’utilisation. L’enfant doit avoir accès à de larges parties du tissu urbain et pouvoir y créer ses lieux à lui, afin de profiter du potentiel éducatif de l’espace. Il faut alors proposer à l’enfant des alternatives d’utilisation de l’espace de la ville, acceptables par la collectivité, en vue de lui permettre d’y avoir un accès orienté vers des processus d’intégration sociale et culturelle.

Key words

apprenticeship, education system, school, child, teaching, urban environment, education and social change, social insertion


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Cette approche met l’accent sur l’émergence de nouvelles formes de dynamique culturelle qui s’exprime au travers de la relation de l’enfant à l’espace urbain. Son intérêt principal est la mise en relief des possibilités offertes par le développement de relations entre structures spatiales, culturelles et éducatives, dans une perspective d’intervention en vue de favoriser l’intégration socio-culturelle des enfants et des jeunes.

Notes

Intervention au colloque "Transformations sociales : processus et acteurs", Perpignan, 1994, organisé par l’ARCI et l’Université de Perpignan.

Source

Colloquium, conference, seminar,… report

GERMANOS, Dimitri

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