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Opium et guerre en Asie du Sud-Est

12 / 1994

Ce vaste ensemble géographique a connu depuis un siècle et demi des bouleversements considérables, dans lesquels la drogue, en l’occurence l’opium, a joué, dès le milieu du XIXème siècle, un rôle prépondérant.

Pour obtenir des débouchés pour sa production d’opium en Inde, la Grande-Bretagne a conduit de 1840 à 1842 ce qu’il est convenu d’appeler la "guerre de l’opium" contre le régime affaibli des empereurs de Chine, afin de contraindre les autorités à laisser entrer librement sur leur territoire toutes quantités d’opium que les producteurs/exportateurs britanniques jugeraient rentable d’y écouler, d’abaisser les droits de douane sur ce produit, sans tenir aucun compte de la toxicomanie ainsi générée. Cette guerre, gagnée par le Royaume Uni, a contribué à répandre massivement la consommation d’opium en Chine, et a abouti à la cession du rocher de Hong Kong à la Couronne britannique. Le site, désert à l’époque, permettait de développer un port abrité en eau profonde idéal pour transborder les marchandises, dont l’opium, importées de ou exportées sur l’immense marché chinois.

Au XX ème siècle, cette région a été profondément marquée par la guerre de conquête déclarée par le Japon contre la Chine, qui fut le prélude à la Deuxième Guerre mondiale, et déstabilisa de manière durable l’ensemble du sud-est asiatique. L’écrasement du Japon fut loin d’annoncer un retour à la stabilité. Les débuts de la "guerre froide" ont marqué les luttes conduites en Indochine contre la présence coloniale française, pendant qu’en Chine le régime du maréchal Chiang Kai Chek était vaincu au terme d’une dure guerre civile par les communistes du président Mao. La défaite française à Dien Bien Phu en 1954, suivie de la partition du Vietnam et de l’indépendance du Laos et du Cambodge, n’apportèrent pas de véritable répit à une région devenue théâtre d’affrontements entre les deux blocs. Dès le début des années 60, la présence militaire américaine au Vietnam se fit sentir, jusqu’à l’évacuation de l’ambassade de Saïgon en 1975. Ces multiples soubresauts ont eu des retombées très marquantes en matière de drogue, pour l’essentiel l’opium et ses dérivés injectables ou fumables: l’héroïne.

Jusqu’en 1954, l’armée française, pour pallier les "insuffisances budgétaires" et parvenir à financer des opérations de "contre-guerilla", encouragea et protégea des cultures de pavot dans certaines zones montagneuses du Laos tenues par des minorités telles que les Hmong (aussi appelés Méo); des appareils et des véhicules de l’armée française transportèrent l’opium ainsi produit dans des enceintes militaires de la région de Saïgon où il était raffiné puis écoulé sur les marchés internationaux par des civils, souvent liés au "milieu corse".

La guerre "américaine" au Vietnam récupéra les usages français en la matière, à une plus grande échelle, alors que parallèlement, depuis 1949 et l’avènement du pouvoir communiste en Chine, les services secrets des Etats-Unis, avec l’aide de Taiwan, entretenaient une véritable armée secrète au Nord de la Birmanie. Ces troupes, les restes d’ armées "nationalistes" du Sud de la Chine, s’étaient réfugiées avec armes et bagages dans l’état Shan (au nord-Est de la Birmanie), et le gouvernement de Rangoon n’avait pas eu les moyens de les désarmer (contrairement à ce qui avait été fait par l’armée française au nord du Tonkin au même moment).

Dès le début des années 50, il devint évident que l’emploi initialement prévu de cette armée - un élément de la reconquête de la Chine pa r le maréchal Chiang Kai Chek réfugié à Taiwan depuis l’avènement des communistes - était chimérique. Progressivement, ces troupes du KMT (Kuo Min Tang, nationaliste)privées d’objectif réaliste et dont les ressources - injection de fonds, d’armes, munitions et vivres par les services spéciaux américains - diminuaient, ont été amenées à se tourner vers des activités à la fois lucratives et adaptées à leur position géopolitique.

D’importants camps d’entrainement, des cantonnements où les soldats et leurs familles résidaient hors opérations ont été installés non loin de la frontière thaïlandaise. Cette implantation fournissait une base logistique idéale pour contrôler - c’est à dire protéger et taxer- tous les flux d’échanges entre l’Etat Shan et le nord-Est de la Birmanie d’une part, et la Thaïlande d’autre part. A la fin des années 50 et pendant les années 60, l’armée secrète du KMT, entretenue conjointement par les Etats-Unis et Taïwan, exerçait un contrôle effectif sur la partie utile du "Triangle d’or", devenu pendant cette période la première zone de la planète productrice d’opium.

Au cours des vingt dernières années, la prédominance des forces du KMT dans le "Triangle d’Or", dont les cadres ont largement dépassé l’âge de la retraite, s’est progressivement amenuisée, non sans de nombreux et parfois sanglants soubresauts, pour laisser la place à de nouveaux opérateurs, plus jeunes et mieux en phase avec les réalités géopolitiques du moment.

Key words

drugs, international trade, drug addiction, geopolitics of drugs, drug trafficking, drug consumption


, South-east asia, China, United Kingdom, Taiwan, Vietnam, France, Myanmar

Notes

Les sources d’information de cette fiche sont confidentielles et non communicables.

Source

Internal document

OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France

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