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Le Réseau Mexicain d’Action contre le Traité de Libre Commerce (RMALC)ou l’Etat face à la globalisation

Lydia NICOLLET

07 / 1994

Le Réseau Mexicain d’Action contre le Libre Commerce (RMALC)est né en avril 1991 pour répondre au besoin d’espaces démocratiques et autonomes nécessaires pour construire une analyse et un débat critique sur l’intention du gouvernement de célébrer un accord commercial avec les Etats-Unis et le Canada.

C’est en juin 1990 que George Bush annonce l’"Initiative pour les Amériques", pour créer une zone de libre échange et former le "bloc commercial le plus grand du monde"; dix mois après, plusieurs syndicats, organisations non gouvernementales et associations créent le RMALC. Il regroupe aujourd’hui plus de 100 organisations syndicales, paysannes, non gouvernementales, coopératives, entreprises et chefs d’entreprises, personnalités publiques, avocats, chercheurs, ... qui ensemble, dénoncent, au nom de la société mexicaine, le contenu du Traité de Libre Commerce (TLC). Cette initiative ressemble plus, disent-ils, à une situation de soumission des pays sud-américains aux Etats-Unis qu’à une véritable collaboration.

Cette mobilisation sociale était indispensable car le gouvernement mexicain n’a jamais consulté la population, à tel point que celle-ci a été informée de l’accord par la presse étrangère. Le réseau insiste sur le fait que, même si un groupe de consultants des principaux organismes du pays assiste aux négociations, ses membres ne représentent pas tous les acteurs sociaux. C’est pourquoi dès le début, le RMALC a voulu augmenter son champ d’actions en intégrant diverses organisations et créer un corps de conseillers qui appuie le travail de recherche et d’analyse.

Concernant le processus de négociation, le Réseau a dénoncé les points suivants : le manque de consultation de la société et d’informations sur le déroulement des négociations; le choix des représentants à la Commission de négociations, effectué par le gouvernement et non par la société; l’exclusion des différents acteurs sociaux des procédures de négociations; et enfin, le calendrier des négociations, imposé par les Etats-Unis.

Pour ce qui est du contenu de l’accord, la dénonciation générale du RMALC porte sur l’incapacité du gouvernement mexicain à réguler l’emprise des intérêts de la grande industrie exportatrice en fonction de ceux de son pays; celle-ci suit une logique de construction des blocs commerciaux internationaux (triangle de compétition Amérique-Europe-Asie), au dépens de l’économie nationale et en partie des petites et moyennes entreprises. Plus qu’un traité de commerce, le TLC ressemble à un traité d’investissements, ce qui ne poserait pas de problèmes si ces investissements étaient soumis à des conditions particulières, bien au contraire. Or ce n’est pas le cas : aucune norme ne régule l’investissement étranger concernant le transfert des technologies, la balance commerciale, la protection de la production nationale et le respect pour l’environnement; c’est là un véritable danger pour l’industrie nationale et locale. Ce traité affecte en outre la capacité nationale d’autodétermination; par exemple, les négociations ne sont pas allées dans le sens d’une meilleure répartition des revenus au Mexique, problème pourtant majeur dans le pays. Finalement, dans de telles conditions, le traité finira par affaiblir définitivement l’industrie nationale liée à l’intérêt public et au bien-être des citoyens, au profit des Etats-Unis et des entreprises transnationales.

Face à ces multiples faiblesses, le RMALC veut maintenir une mobilisation permanente et orienter son travail sur trois axes principaux :

  • Diffuser régulièrement des informations de qualité.

  • Susciter la motivation des citoyens à participer au débat. Il faut que les négociations se fassent avec la société et les secteurs sociaux concernés; pas seulement avec les chefs d’entreprises et les syndicats officiels, mais avec tout le syndicalisme mexicain, toutes les associations et organisations.

  • Analyser des propositions et élaborer des alternatives de développement économiquement viables, socialement justes et compatibles avec l’environnement.

Le problème de la concertation est fondamental car il permettra peut-être d’orienter l es négociations au-delà d’un accord formel ne prenant pas en considération la situation et les besoins du pays. Il faut aussi faire en sorte que le prolongement des négociations se fasse au-delà de la concertation, de façon que les acteurs sociaux puissent avoir une réelle influence sur les décisions finales. Pour cela, le défi de construire des alternatives à partir des organisations sociales, de la société civile est essentiel pour maîtriser ce processus de globalisation et de régionalisation.

Le RMAL C a accompagné ces critiques de propositions qu’il lui semblait indispensable d’intégrer dans le Traité. Nous citerons ici les principales : création d’une Commission pour l’environnement; interdiction d’introduire sur le territoire mexicain des produitsindustriels nocifs, des médicaments non agréés; création d’un Fond pour les projets de défense de l’environnement; création d’un Fond pour le développement garantissant la mise en place d’une technologie adaptée au pays, compatible avec l’environnement et protégeant les petites et moyennes entreprises; formation d’une Commision de travail constituée par des organisations sociales; institution d’une Charte des Droits de l’Homme et des Syndicats reconnaissant l’assymétrie et les inégalités économiques entre les différentes nations; rédaction d’un accord sur les travailleurs immigrés reconnaissant le respect de leurs droits; rédaction d’un code de conduite pour les entreprises transnationales.

Le Réseau travaille beaucoup avec les médias pour diffuser l ’information et susciter l’intérêt des citoyens, en particulier les journaux et les radios, qui sont plus accessibles et ouvertes à de tels débats que la télévision. La coopération entre le RMALC et des réseaux semblables au Canada et aux Etats-Unis est également stratégique : elle facilite la diffusion d’informations et la mise en oeuvre d’actions coordonnées à des moments clés. Ainsi, les relations entre le RMALC et les organisations canadiennes ont été très utiles, car l’expérience de ces dernières aoffert aux Mexicains de nombreux thèmes de réflexion et enseignements sur la méthode d’organisation et le travail d’analyse et de recherche. La coordination avec les Etats-Unis est également importante pour faciliter la participation aux espaces de négociation.

Key words

State and civil society, international agreement, economic globalization, micro macro relations, world wide extension, multinational company


, Mexico

Comments

Le RMALC insiste sur la nécessité d’orienter les négociations du TLC à partir d’une analyse des problèmes internes les plus urgents, et pas uniquement en fonction d’une action guidée par un processus économique et politique international. Mais comment surmonter le défi de la mondialisation de l’économie sans affaiblir l’économie interne ? Jusqu’à quel point les pays "moteurs" peuvent-ils mener la barque sans éclabousser les radeaux environnants et les couler?

Notes

Cette fiche a été saisie dans un traitement de texte; l’ajustement nécessaire à la taille maximale de la fiche DPH a pu entraîner des coupures ou des remaniements du texte original.

Bertha Lujan. Red de Accion Frente al TLC-FAT. Godard N 20. Col. Guadalupe Victor

Entretien avec LUJAN, Bertha

Source

Internal document ; Interview

DE CHAPONAY, Henryane, Impresiones y reflexiones en torno del tema Estado y sociedad. Ciudadania y democracia, 1993/09

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