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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Démarches individuelles et collectives d’innovation

Pierre Yves GUIHENEUF

03 / 1993

Pour le Gerdal, l’innovation n’est pas une fin en soi. La finalité est de renforcer les capacités collectives des agriculteurs à faire évoluer les systèmes de production, à en garder la maîtrise.

L’une des intuitions du Gerdal, c’est qu’une innovation individuelle est rarement transmissible. Un agriculteur qui innove enfreint souvent des normes de comportement locales. S’il le fait sans consultation de ses pairs, il peut s’isoler d’eux. Cela ne conduit pas nécessairement à l’exclusion sociale, mais bloque la diffusion de l’innovation : l’inovateur est sans influence sur son entourage.

Toutes les sociétés locales n’ont pas la même tolérance vis-à-vis d’une remise en cause des normes. Mais s’en affranchir relève toujours d’une entreprise collective. D’où l’intérêt des innovations collectives: elles permettent une discussion et une remise en cause de ces normes. Seules les innovations qui sont passées par cette étape sont durables et diffusables.

Certains agriculteurs peuvent rompre avec leur voisinage (le groupe professionnel local), mais ils dépendent alors -psychologiquement- d’autres réseaux de relations, par exemple ceux des techniciens qui le reconnaissent comme "progressiste". Mais si ce milieu vient à l’exclure, il s’effondre.

En sélectionnant ainsi certains agriculteurs et en les incitant à se démarquer des normes locales sans concertation préalable avec leurs pairs, les techniciens agricoles peuvent déstructurer les réseaux locaux de dialogue. Car la forme de ces réseaux est le fruit de l’histoire locale, mais aussi le résultat de l’action des organismes de développement agricoles. En choisissant de travailler de façon individualisée avec les plus dynamiques, ceux-ci accroissent les différenciations économiques et sociales à l’intérieur des groupes locaux. Et ils arrivent à créer, entre les "élus" et les autres, un relâchement de la communication professionnelle.

Or, le Gerdal a constaté que les réseaux locaux déstructurés étaient capables de moins d’initiatives que ceux où le dialogue professionnel était intense et concernait tout le monde. Leur capacité de réponse à un changement du contexte est moindre. Poser la question de l’innovation revient donc à poser celle du rôle des organismes d’intermédiation.

Key words

technological change, production system, technical innovation, agriculture, agricultural popularization, social change, technician and farmer


, France

Notes

Entretien avec DARRE, Jean Pierre

Source

Interview

GUIHENEUF, Pierre Yves

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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