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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Une Ville se Raconte et le long terme : entre réussite et échec, les conditions d’une action innovante

Hélène BOISSIERE

02 / 1993

"Une ville se raconte" se trouve confrontée à des problèmes d’identité, notamment à partir de l’année 1989, avec une pointe en 1992 : des obstacles imprévus, une perception subitement confuse de la situation, une tension entre acteurs, autant de raisons qui vont mettre en cause subitement la crédibilité du projet :

- Un renouvellement des acteurs de l’association.

- Inflation des demandes de formation en ateliers.

- Désintérêt des animateurs pour la récithèque.

- Déplacement des intérêts et finalités en faveur de la création, et contre l’animation. Engouement facteur de cloisonnement, de conduites individualistes.

- Evolution de positions en ce qui concerne le souci de cohérence entre l’organisation interne et les visées externes.

Il s’est révélé urgent de faire une analyse des possibilités d’"Une ville se raconte", à partir de ses 12 années d’expérience. Cette réflexion intervient alors même que le Théâtre du Campagnol, principal collaborateur de l’association, partenaire sur de nombreux ateliers et sur lequel également reposait la notoriété du lieu, décida de partir à Corbeil, autre ville de banlieue de la région parisienne.

- Les agents de l’équipe de pilotage ne comportent plus sa première génération: les "mères porteuses" comme on a pu les appeler, Liliane Mayerowitz, Louise Bluman, et M.A. de France. Ils sont des héritiers avec les problèmes posés par le statut héritier : il s’agit à la fois d’assumer l’héritage, et en son sein, redéfinie, un nouveau projet qui soit mobilisateur.

Les acteurs périphériques pour leur part manifestent un engagement partiel dans le projet. Il s’est opéré un glissement, les stagiaires ou les jeunes peuplant les ateliers jouent un rôle de moins en moins impliquant au sein de l’association.

On peut s’interroger sur l’imaginaire socio-culturel qui nourrit le projet de restructuration auquel sont amenés les acteurs et sur sa capacité à préformer des choix. Tout projet donne lieu à des justifications qui le fondent et lui confèrent sa légitimité ; ces justifications appartiennent à un double registre dont la conciliation se révèle difficile :

- celui des buts et visées en lien avec la situation analysée. L’héritage ou plutôt les origines de l’association socio-culturelles, liées à toutes les idées forces de l’éducation populaire, et encore vivaces dans les années 70, ne sont plus assimilées, voir ignorées. C’est tout un aspect des justifications théoriques et des idées maîtresses qui se trouve par là rejetée.

- celui de l’histoire personnelle.

Deux points de vue sont en présence :

l’action étant déjà bien éloignée de ses intentions d’origine, faisons ce que bon nous semble, disent les premiers ; et les seconds, "les fondateurs" se révèlent incapables, de leur côté, de renouveler la formulation des inspirations d’origine.

Face à ce qui est perçu comme une trahison par certains, la question surgit : De quelle fidélité le projet est-il porteur ? Le discours de L. Mayerowitz, dans ce contexte, se veut heuristique, c’est un discours ouvert sur son propre remaniement, non normatif, il annonce des propositions indicatrices, attendant de la réalisation des nouveaux projets, une réfutation pour reprendre ces propositions.

Il convient d’une part de s’appuyer sur les réussites, comme élément de mise en confiance et de motivation, d’autre part de tenir compte des crises comme élément d’interrogation et de stimulation pour agir sans trop d’illusion, ni trop de résignation.

A partir de ces réflexions, des initiatives ont été tentées par un recours à la situation : les possibles identifiés, les besoins localisés devront constituer le déclencheur de la créativité dans la mesure où ils vont provoquer l’imaginaire des acteurs.

La présidente de l’association émet diverses propositions :

- Que l’association prenne au sérieux les petites victoires qu’elle obtient : nombre de personnes venant aux journées "portes ouvertes" de l’association (environ 1.000 chaque année), fidélisation des différents partenaires...

- Que l’association établisse un plan se concentrant sur des sujets concrets et réalisables, avec des actions échelonnées dans le temps.

- Inviter différentes compagnies de théâtre déjà en phase avec l’association pour habiter le lieu et susciter de nouvelles dynamiques de création.

- "Une ville se raconte" doit enfin favoriser une culture de participation dans ses rangs : créer des ateliers centralisateurs, susciter des thèmes et activités communes.

- Multiplier les témoignages retraçant l’histoire de l’association.

De plus, un lent et long travail interne d’élaboration doit être pris en compte : c’est une expérience personnelle qu’il s’agit de rendre créative en faisant surgir un projet de vie.

Key words

prospecting, development history, collective reflection, self evaluation, experience enhancement, theater


, France, Châtenay-Malabry

Comments

Il est nécessaire de réfléchir sur les rapports entre la vie d’une association et le temps : une association doit, selon Liliane Mayerowitz, envisager la durée et insérer le travail d’éducation, de formation dans le quotidien des personnes, ce qui ne peut se faire qu’à long terme. C’est là que réside l’efficacité d’une association dont on ne doit pas surestimer l’importance et les possibilités.

Discours qui fait preuve d’un véritable esprit de responsabilité et d’honnêteté. C’est une déontologie de la prise de parole et de l’action qui se perçoit en filigrane.

Source

Pax Christi

Pax Christi France - 5 rue Morère, 75014 Paris, FRANCE - Tél. 33 (0)1 44 49 06 36 - France - paxchristi.cef.fr - pax.christi-france (@) wanadoo.fr

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