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Créer une contre culture par l’action politique : 3 - la culture est-elle une force de changement ? Le cas de l’Inde

Edith SIZOO

02 / 1993

"Si je prends la question de culture au sérieux, c’est que je suis convaincu qu’il faut créer une contre-culture. Les Dhalits, en s’organisant politiquement, représentent une contre-culture. Celle-ci est intrinsèquement liée à la lutte politique. Elle joue le rôle d’un processus de libération, d’éveil, de renouvellement culturel. En fait, les Dhalits mettent en pratique l’idée de Paulo Freire que les opprimés peuvent jouer le rôle de libérateurs des opprimeurs, de libération de toute la société. Les Dhalits ne le font pas parce que Freire le leur a dit, mais parce qu’ils ont pris leurs sort en main, non pas en louant la culture indienne, mais en créant une contre-culture dans l’action politique. Ceci dit, il faut reconnaître qu’à part le cas des tribus et des Dhalits, la question de savoir si la culture est une force créatrice et libératrice dans l’ensemble du contexte indien, reste une question complexe. Beaucoup d’acitivistes sociaux n’y voient qu’une force négative. D’autres hésitent. En tous cas, nous ne savons pas très bien comment nous y prendre sans être pris dans un tissu de contradictions impossibles. Il ne faut pas oublier qu’en ce moment-ci en Inde une mobilisation a lieu autour de facteurs culturels : l’intégrisme musulman, les mouvements conservateurs hindous, le Sikkisme. Il est donc bien difficile de convaincre des activistes sociaux de voir la culture comme force positive. La culture est une réalité ambiguë. Comment la prendre en compte dans l’action sociale ? Ce n’est pas évident. Même un grand Swami, leader religieux et politique comme Agnaveshi, me dit qu’il a beaucoup de difficultés avec la notion de culture. Il faut des campagnes contre le traitement des intouchables, des veuves, des jeunes mariées (maltraitées par leurs belles-mères ou parfois même brûlées "par accident" quand la dot est considérée insuffisante)et toutes autres formes d’oppression. Le seul travail culturel qu’il fait est de contribuer à créer une contre-culture. Les moyens qu’il utilise dans ce travail sont surtout des techniques modernes de mobilisation politique de masses, de la pression politique, du lobbying. Contrairement à Gandhi qui prônait la notion classique de la femme hindoue, Agnaveshi propose plutôt des notions modernes. Il parle des droits de la femme dans un sens tout à fait moderne. Il se bat pour des lois qui humanisent notre société, p. ex. le droit d’entrée dans les temples pour les intouchables. Bien sûr, au début, les hautes castes faisaient toutes sortes de cérémonies pour repurifier le temple. Mais petit à petit ils cessent de le faire".

Key words

cultural development, hinduism, politics, cultural change


, India

Notes

Dialogue FPH/DPH Inde Bangalore 3

Source

Interview

SIDDHARTA, RESEAU SUD NORD CULTURES ET DEVELOPPEMENT, 1993/04/01

Réseau Sud Nord Cultures et Développement - 172 rue Joseph II. B-1040 BRUXELLES. BELGIQUE. Tel (19)32 2 230 46 37.Fax (19)32 2 231 14 13 - Belgium

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