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La radio ’audizioni italiane’ -RAI-

Un pas en avant, deux pas en arrière

Ivano CIPRIANI

10 / 1995

En 1975, le Parlement italien approuvait une loi réformant la Radio Audizioni Italiane (RAI)qui était alors un service public de radio-télévision en situation de monopole. La loi était le résultat d’une bataille menée depuis au moins dix ans par les forces de la gauche et se fondait sur le principe de la décentralisation tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des structures productives. La loi introduisait une représentation des régions et des syndicats au sein des organismes dirigeants; elle prévoyait des émissions d’accès public et l’abolition de toute censure tandis que le contrôle de la radio-télévision passerait du niveau ministériel au Parlement. L’hypothèse stratégique qui avait soutenu la lutte et qui sous-tendait maintenant la loi, percevait la démocratisation du monopole comme la seule option permettant de réaliser un système de radio-télévision pouvant répondre aux intérêts des citoyens et leur permettre de participer activement aux communications.

Mais ce rêve fut de courte durée. Entre 1977 et 1978, trois faits qui allaient renverser la situation survinrent dans la vie politique et la mise en ordre des communications. Premièrement, la Cour constitutionnelle libéralisa la radio-télévision. Deuxièmement, la RAI se divisa entre les forces politiques siégeant au gouvernement : la RAI Uno passa à la Démocratie chrétienne (DC)et la RAI Due au Parti socialiste (PSI). En 1979 naquit le troisième réseau qui devait être régionalisé mais, après une dizaine d’années d’efforts infructueux, le projet de régionalisation fut abandonné et ce réseau fut attribué à l’opposition soit au Parti communiste italien (PCI). Troisièmement, le groupe de l’honorable Bettino Craxi assuma la direction du Parti socialiste et modifia l’orientation du parti selon certains principes : l’anticommunisme, la défense de l’économie de marché et la transformation de la culture de solidarité de l’état social italien en une culture d’arrivisme et de darwinisme social et professionnel. Le parti socialiste et Craxi lui-même allaient ensuite tremper dans la corruption, les scandales et les procès. Le PSI et la DC allaient disparaître de la scène politique italienne, mais allaient laisser des traces très profondes au sein de la culture de la classe moyenne et ce, surtout par l’intermédiaire des médias privés.

à la fin des années 70, certaines maisons d’édition de premier plan (Mondadori, Rusconi)donnèrent naissance à des réseaux de télévision qui firent bientôt faillite. Ces réseaux furent vendus à un entrepreneur en construction qui avait déjà créé une chaîne de télévision et qui bénéficiait de puissants appuis politiques et, par conséquent, de crédits bancaires substantiels : Silvio Berlusconi. Dès lors, après à peine dix ans de déréglementation et de mesures en sa faveur, le nouveau géant des communications réussit à se tailler un empire. Les éditeurs qui avaient donné vie aux premières stations de télévision nationales privées avaient, par erreur, pris comme modèle la RAI, essayant de proposer une programmation de qualité accompagnée de messages publicitaires. Berlusconi, au contraire, renversa ce modèle : mettant la publicité au centre ("Je ne suis pas au service du public mais au service des entrepreneurs", affirmait-il), il entoura celle-ci d’une programmation culturelle mais fonctionnelle ce qui lui permit la conquête d’un vaste auditoire. Il joua donc, sans scrupules, toutes les cartes de la libre concurrence pour frapper la RAI qui, contrainte par son propre adversaire, se lança, dès lors, dans une course suicidaire.

En 1992, le Parlement italien approuvait la nouvelle loi de réglementation du système de radio-télévision décrivant avec précision le système actuel soit un monopole à double face comprenant la RAI et Fininvest qui comporte maintenant, en plus des avoirs de Berlusconi, la participation d’actions de l’Allemand Leo Kirch, du Saoudien Al Waleed et du Sud-Africain Johan Rupert. Un duopole qui dévore 95% des ressources publicitaires, laissant 3% à quelques rares stations de dimensions interrégionales et les 2% restants à près de 700 stations locales. De plus, la loi ignore les nouvelles technologies laissant pour le moment l’Italie hors du circuit mondial. (Le gouvernement vient tout juste de communiquer son intention de prendre en considération le câble et les satellites.)

Enfin, en avril dernier, la bataille référendaire se termina par une défaite électorale où toutes les positions défendues par le groupe Fininvest et par les forces de centre-droite des milieux de la télévision eurent le dessus. Mais ce résultat n’est pas définitif car une sentence de la Cour constitutionnelle impose l’élimination du duopole. Par conséquent, les perspectives d’une lutte possible tendent à élargir le champ de la concurrence en augmentant le nombre de sujets opérant sur le marché, à réglementer démocratiquement tout le système d’information avec l’introduction d’une forte autorité, à équilibrer le marché publicitaire et à affronter enfin le problème des nouvelles technologies.

Key words

communication, commercial competition, reform of the legislation, democracy


, Italy

Comments

Et qu’en est-il du droit pour tous de communiquer? Je crois que l’état des choses impose une révision stratégique et c’est tout à fait normal que la lutte à ce sujet se déplace du domaine des médias traditionnels à celui de la télématique et de l’autoroute électronique.

Notes

Fiche traduite en anglais et en espagnol.

Professeur Ivano Cipriani est titulaire de la chaire de Théorie et de techniques de la communication de masse au département des spectacles et des communications littéraires à : Tre-Terza Università degli Studi di Roma, Via Madonna dei Monti, 40, Roma, 00184, Italia. Tél. (39 6)481 4093. Fax (39 6)488 3962

Source

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Videazimut, Défendre le droit de communiquer in. Clips, 1995 (Canada), 9

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