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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Une revue pour les enfants victimes de guerre en Transcaucasie

Ina RANSON

10 / 1996

En 1996, la Géorgie est encore loin d’avoir surmonté les dégâts causés par la guerre civile (déc 91 - janvier 92)et par deux guerres sécessionnistes (avec l’Ossétie du Sud, en 1991-92 et l’Abkhasie, en 1992-93). Les problèmes politiques concernant l’Ossétie du Sud ne sont pas résolus, même si les négociations en cours permettent quelque espoir ; ce n’est encore guère le cas pour les relations entre la Géorgie et l’Abkhasie. Les réfugiés (ou "internal displaced persons", IDP)des anciennes provinces géorgiennes attendent en vain de pouvoir rentrer dans leur patrie. Face au désespoir répandu, face aussi à l’esprit de vengeance, il est très difficile de construire des ponts.

A côté des efforts déployés au niveau diplomatique, un réseau d’associations indépendantes tente de renouer des contacts "par le bas". Leur objectif est immense : travailler à surmonter l’image encore virulente de l’ennemi, convaincre l’opinion publique que la réconciliation est possible.

A Tbilissi, un petit groupe de personnes membres d’associations nationales (Femmes I.D.P., Helsinki Citizens Assembly, comité local)ou internationales (HCA international, United Nations Volonteers)ont lancé une revue mensuelle qui s’adresse aux enfants et qui les invite à s’y exprimer. La revue est distribuée dans toutes les zones touchées par les guerres, en russe et en géorgien. Le premier numéro parut en octobre 1995, avec le concours de l’UNICEF et de l’UNV (United Nations Volonteers). Julia Kharashvili, rédactrice en chef, explique qu’il s’agit d’un des premiers vecteurs de communication. "Il y a toujours très peu de communications entre les zones des conflits armés. Nous nous sommes adressés aux organisations d’aide humanitaire présentes sur les lieux, et elles ont accepté d’assurer la distribution de la revue et de recueillir les réponses des enfants. Au début, nous craignions de ne pas en recevoir beaucoup. Mais nous en avons tout de suite reçu 250, et aujourd’hui, nous recevons chaque fois plus de 4.000 lettres et dessins de différentes régions ! Grâce à la revue, nous avons maintenant beaucoup d’amis, en Ossétie du Sud et ailleurs. Les enfants aiment beaucoup notre revue. Il n’existe d’ailleurs guère d’autres publications pour eux. Nous essayons de faire une revue à la fois amusante et éducative, avec des histoires, des bandes dessinées, des sujets pédagogiques, tels l’hygiène, l’art, la musique, l’écologie. Dès le deuxième numéro, une page a été réservée aux lettres et aux dessins des enfants. Nous les encourageons à exprimer tout ce qu’ils ressentent. Et nous recevons des réponses si belles et si intelligentes que nous trouvons très difficiles d’en choisir seulement quelques-unes pour les publier.

En février 96, à l’occasion des débats sur les conséquences de la guerre en Abkhasie, au parlement géorgien, nous y avons organisé une exposition des dessins et des lettres envoyés par des enfants IDP de l’Abkhasie. Tous les députés s’y sont intéressés. Une autre exposition, organisée dans le hall d’un grand hôtel international, nous permit d’obtenir un financement prolongé de 6 mois et de préparer un élargissement de la revue vers l’Arménie et l’Azerbaïdjan (pays souffrant des conséquences du conflit autour du Haut Karabakh). Maintenant nous avons réussi à faire participer àla revue des gens d’Abkhasie, de Tskhinvali, de Bakou et d’Erevan. En mai 96, la revue a été distribuée, pour la première fois, en Arménie. Le prochain numéro publiera des contributions des peintres d’Azerbaïdjan et peut-être des lettres d’enfants refugiés à Bakou. Alors nous espérons qu’à partir du huitième numéro la revue sera transcaucasienne. Nous sommes en contact avec des associations locales et avec les représentants de l’UNDP en Azerbaïdjan. Notre désir est de distribuer la revue dans les camps des réfugiés azerbaïdjanais (surtout à Sabirabath, le camp le plus terrible). En ce qui concerne le Haut Karabakh, nous y avons des contacts par HCA (Helsinki Citizen’s Assembly), de même qu’à Bakou et Erevan. C’est par ce réseau que nous espérons y envoyer aussi notre revue, à plus long terme. Mais il nous faudra aussi résoudre les problèmes de son financement."

Les experts de l’UNICEF à New York ont jugé que cette revue distribuée dans des zones où l’image de l’ennemi est encore virulente, est exemplaire, une réussite incontestable. Cependant, comme l’UNICEF vient de subir d’énormes pertes financières au Tadjikistan (corruption...)il n’est pas du tout sûr que l’expérience pourra continuer. A partir de novembre 96, il faudra trouver d’autres appuis pour assurer l’édition mensuelle, au total 6 000 dollars par mois.

Key words

peace education, construction of peace, representation of the enemy, transition from war to peace, media and peace culture


, Georgia, Caucasus, Ossetia, Abkhazia

Notes

UNICEF/UNV Children’s MagazineJulia Kharashvili/Editor Eristavi Gamziri 9 380079 TBILISSI Republic of Georgia Tél. + 995 32 98 23 28 93 56 45 99 85 52 Fax + 995 32 95 44 97 E-mail : giatm/cipdd.ge

Entretien avec KHARASHVILI, Julia

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Interview

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