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L’émergence d’une réflexion dissidente sur la politique étrangère en Russie

Le conseil pour la politique étrangère et de défense

Arthur MALININE

12 / 1996

A la suite de son arrivée au pouvoir, Mikhail Gorbatchev lance une réforme de la politique étrangère de l’URSS. Souhaitant rompre avec la course aux armements qui affaiblit son pays, il lance des concepts nouveaux tels ceux de "suffisance raisonnable" ou de "maison commune européenne". Ces concepts ne naissent pas instantanément mais de l’expertise conduite par des instituts de recherche civils écoutés par le pouvoir. Rompant avec la tradition d’expertise militaire soviétique, M.Gorbatchev accorde son oreille aux chercheurs de l’Institut des Etats-Unis et du Canada et à l’Institut des relations économiques internationales. En 1988, il crée l’Institut de l’Europe, démontrant là son intérêt pour le vieux continent.

A la suite de la disparition de l’URSS et du départ à la retraite de M.Gorbatchev, les structures de recherche soviétiques sont transférées à l’Académie des sciences de Russie. Parallèlement, les structures de prise de décision se réorganisent au sein du pouvoir exécutif russe. Le gouvernement de B.Eltsine utilise moins volontiers les compétences des chercheurs des instituts civils. Un fossé se crée progressivement entre la politique du gouvernement russe et les propositions des instituts de recherche en politique étrangère.

Face à cette évolution, un certain nombre de personnalités indépendantes décident de créer un Conseil pour la politique étrangère et de défense. Il est constitué à Moscou le 25 février 1992. Ce Conseil a pour vocation de réunir des hommes politiques, des hommes d’affaires, des scientifiques, des militaires et des journalistes pour émettre des propositions alternatives en matière de politique étrangère. Il regroupe une soixantaine de membres cooptés, qui représentent les tendances réformatrices modérées de l’élite décisionnelle moscovite. On compte parmi ses membres A.Arbatov, vice président du comité de la Douma pour la défense, V.Vinogradov, président de Inkombank, Iou.Doubinine, vice ministre des affaires étrangères, E.Kiselve, vice président de la chaîne de télévision NTV, M.Kolesnikov, chef de l’état major général des forces armées russes...

Le Conseil organise des conférences, lance des programmes de recherche et mène une activité de groupe de pression. Entre 1992 et 1995, il publie une série de points de vue : "Une stratégie pour la Russie", "La Russie et l’OTAN", "Le dialogue russo-ukrainien"... Ces textes sont publiés dans le journal indépendant "Nezavisimaâ Gazeta", dont le rédacteur en chef, Vitalii Tret’âkov, est membre du Conseil pour la politique étrangère et de défense.

Les thèses défendues par le Conseil ne sont pas révolutionnaires. Elles insistent surtout sur la nécessité pour la Russie de mener une réflexion intense sur ses intérêts et ses objectifs, réflexion qui semble faire défaut au sein des structures exécutives et législatives. En ce qui concerne l’élargissement de l’OTAN à l’Europe centrale et orientale, qui constitue un thème d’actualité, les membres du Conseil sont unanimes pour s’y opposer. Ils dénoncent l’évocation rampante par les dirigeants russes de compensations en échange de l’élargissement de l’Alliance atlantique et le manque de lisibilité de la politique étrangère russe.

Au fil de ses publications, les idées défendues par le Conseil pour la politique étrangère et de défense se teintent de conservatisme. En 1994, il publie une immense tribune dans la Nezavisimaâ Gazeta. Ce texte dénonce l’orientation pro occidentale de la politique russe, qui minore les intérêts de ce pays et provoque l’incompréhension de la population.

L’influence réelle du Conseil pour la politique étrangère et de défense est difficile à évaluer.

Key words

defence policy, foreign policy, international relations


, Russia

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La liste des personnalités membres du Conseil pour la politique étrangère et défense témoigne de son influence potentielle puisqu’il est représenté dans tous les cercles de la prise de décision. Il témoigne aussi de la schizophrénie rampante de certains membres du pouvoir exécutif qui critiquent en son sein la politique qu’ils mènent au gouvernement. Les difficultés financières de laNezavisimaâ Gazeta, et sa parution erratique, ont contribué à limiter l’expression du Conseil depuis 1995.

Notes

Entretien avec BORISOVNA, Tatiana

Source

Interview

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