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Sur la piste du virus d’Ebola

Marie Lise SABRIE

11 / 1996

A la fin des années 1970, apparaissaient en Afrique les premières épidémies dues aux filovirus, une famille de virus récemment décrite et à laquelle appartient le virus Ebola. Les souches pathogènes des filovirus provoquent des fièvres hémorragiques qui en quelques jours déciment plus des deux tiers des populations infectées.

Vingt ans après que les filovirus eurent été pour la première fois identifiés, leur cycle naturel (sites d’apparition, vecteurs du virus, modalités de diffusion, etc.)demeure quasi méconnu. Aussi une étude épidémiologique, menée par l’Orstom (Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération)en collaboration avec l’institut Pasteur de Bangui (République centrafricaine), Der Institute für Virologie Philipps Universitäte (Allemagne)et l’Union européenne, a-t-elle été lancée en 1995 afin de mesurer, dans une région d’endémie, la prévalence des personnes touchées par des filovirus et les facteurs favorisant l’infection par ces virus. L’étude a été conduite dans le district de la Lobaye, au sud de la République centrafricaine, dans des villages et campements situés dans la forêt tropicale humide et à ses abords. Cette région a été choisie pour sa proximité géographique, ses similitudes culturelles et écologiques avec les premiers sites d’apparition du virus Ebola, le nord du Zaïre et l’extrême sud-ouest du Soudan.

En novembre 1995, les chercheurs ont effectué des prélèvements sanguins sur près de 300 personnes - 200 pygmées vivant dans des campements forestiers et une centaine de villageois bantous sédentaires - et les ont analysés afin d’y détecter la présence d’anticorps contre deux filovirus, le virus Ebola et celui de Marburg. Des analyses du même type ont été par ailleurs réalisées sur des échantillons sanguins provenant de rongeurs, chauves-souris et singes chassés par les pygmées.

Les résultats de cette étude laissent aujourd’hui apparaître que ces deux virus circulent activement chez les habitants ainsi que chez certains primates de la zone d’étude. Les taux de personnes séropositives lors des tests sont respectivement de 17% pour le virus Ebola et de 13% pour celui de Marburg. Les chercheurs ont également identifié deux espèces de singes (Cercopithecus aethiops et Erythrocebus patas)porteurs d’anticorps contre le virus de Marburg. En l’absence de signes cliniques de maladie chez les personnes présentant une sérologie positive, les souches de ces filovirus circulant en République centrafricaine ne semblent pas pathogènes pour l’homme.

Par ailleurs, il est apparu que les pygmées des campements forestiers sont plus touchés par ces filovirus (18% ont des anticorps contre le virus Ebola, 14% contre le virus de Marburg)que les villageois sédentaires (respectivement 13% et 8%). Parmi les populations pygmées, ceux vivant dans la forêt profonde sont deux fois plus nombreux à avoir été infectés par l’un et l’autre des ces virus que ceux habitant dans des campements proches des routes. Ces derniers pratiquent dans une moindre mesure des activités de subsistance (chasse, cueillette)dans la forêt du fait d’échanges commerciaux avec les agriculteurs villageois.

L’analyse de ces différents résultats et leur confrontation avec ceux d’études antérieures ont conduit les chercheurs à formuler deux hypothèses : la famille des filovirus présenterait en Afrique diverses souches dont les unes seraient pathogènes et les autres pas ; le contact avec la forêt tropicale humide constituerait un facteur de risque d’infection par les filovirus, en favorisant un rapprochement de l’hôte avec la source de ces virus. Pour vérifier cette dernière hypothèse, une nouvelle phase de ce programme de recherche sera lancée au début de l’année 1997 et utilisera des images satellitaires dans l’objectif de caractériser précisément les composantes de l’environnement (densité du couvert végétal notamment)dans lequel les filovirus circulent de façon prépondérante.

Key words

research, epidemiology, health, medicine, epidemic


, Central African Republic, África

Notes

Cette fiche est reproduite ici intégralement, conformément à un accord entre la FPH et l’ORSTOM.

CONTACTER : GONZALEZ, Jean Paul, Orstom, Yale University, New Haven (Etats-Unis), tel. 00 1 203 785 6110, fax 00 1 203 785 4782, e-mail : gonzalez@biomed.med.yale.edu

Bibliographie :

-GONZALEZ, Jean Paul, NAKOUNE, E., SLENCZKA, W., MORVAN, J., VIDAL, P.«Human and animal filovirus surveillance in endemic areas of Central Africa»,à paraître.

-GONZALEZ, Jean Paulet VIDAL, P., «Ebola : les arcanes d’un virus mortel», Orstom Actualités, n 49, 1996;

- GONZALEZ, Jean Paul, «Des virus, des rongeurs et des fièvres», Orstom Actualités, N 47, 1995;

- JOHNSON, E.D., GONZALEZ, Jean paul, GEORGES, A.J., «Filovirus activity among selected ethnic groups inhabiting the tropical forest of Equatorial Africa», Transactions of the Royal Society of tropical medicine and Hygien, n 87, 1993.

Source

Articles and files

SABRIE, Marie Lise, ORSTOM=INSTITUT FRANCAIS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE POUR LE DEVELOPPEMENT EN COOPERATION in. Fiche d'actualité scientifique, 1996/11 (France), 26

ORSTOM (Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération) - L’ORSTOM a été renommé en 1998. La nouvelle appellation de l’institut est IRD (Institut de recherche pour le développement). - France - www.ird.fr

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