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Dans la baie de Hann, au Sénégal, des habitants se mobilisent pour combattre la pollution industrielle et familiale

Vladimir UGARTE

02 / 1998

« Les 15 kilomètres de la Baie de Hann, la deuxième plus grande baie du monde après Rio sont devenus le triste scénario d’un des plus grands dépotoirs d’ordures du Sénégal ».

C’est ainsi que s’exprime Maguette Diop, habitant membre de l’Association Yaraax, un de ceux qui refusent d’accepter la dégradation à grande vitesse du quartier qui les a vu naître. « A la pollution causée par la vidange des cargos viennent s’ajouter les déchets de 80% du potentiel industriel du Sénégal présent dans la baie, dont les raffineries rejettent directement leurs déchets dans la mer. Le plomb, la soude caustique, le mercure et le phénol sont l’environnement obligé des poissons qui se font de plus en plus rares. Les 20 000 habitants de la baie voient avec stupeur comment diarrhées, pneumonie et bronchites augmentent vertigineusement affectant notamment les plus jeunes et les vieillards. L’Institut Africain de Développement Urbain a calculé à une hauteur de 2, 88 degrés la pollution dans le secteur, exposant les habitants à trois voies d’infection : ingestion, contact et nourriture. Même nos poissons sentent le pétrole ».

« Devant cette situation et alertés en 1985 par le Séminaire de l’Université de Dakar qui tirait la sonnette d’alarme sur la dégradation systématique de l’environnement dans la baie, les jeunes se sont mobilisés pour lancer une grande opération permettant de sensibiliser 4000 personnes à cette situation. Une semaine fut organisée pour nettoyer la baie. Des causeries regroupaient des poignées d’habitants et des jeunes très actifs. Une lettre fut rédigée et envoyée au Président de la République Abou Diouf. Une numéro spécial de la revue « S’Informer » fut consacrée à cette vaste mobilisation. »

« Nous avons pu obtenir que les français installent des puisards (endroits servant à stocker les eaux usées) sur la plage, nous comptions sur cette technique pour limiter la pollution produite par les familles qui viennent jeter leurs ordures ménagères à quelques mètres de leur logis. Les installations ne durèrent qu’une semaine, car les déchets n’étaient pas triés et les filtres se bouchaient avec les déchets solides. Le puisard devenant une grande benne à ordures. »

« Les principaux problèmes auxquels nous nous sommes confrontés sont :

* Le manque d’éducation des populations concernées

* Notre manque de formation qui ne nous a pas permis de bien expliquer les enjeux de la situation aux habitants

* Le fait que depuis février 97, la décentralisation n’a absolument rien changé à notre situation, malgré la création de la Commune de Hann et Bel Air (avant la baie était rattachée à la commune de Dakar)

Nous pensons néanmoins que quelques propositions pourraient être pour nous des voies de solution :

* Fermer les deux canaux qui déversent les produits toxiques dans la baie pour empêcher les branchements clandestins des entreprises

* Fédérer l’ensemble des associations environnementales pour créer un rapport de force nous permettant de porter plainte contre les industries. Leur installation ne répond à aucune réglementation.

* Lier notre situation aux enjeux de la pêche en général, cette dernière étant la plus grande entrée de devises du Sénégal. »

Key words

industrial waste, water pollution, mobilization of the inhabitants, decentralization, information, public authorities, health and environment, environmental education


, Senegal, Hann Plage

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Regards croisés sur la gestion de l’eau

Comments

Selon Maguette deux idées force ressortent de la mobilisation des habitants :

a/ L’information et la formation jouent un rôle essentiel sans quoi les citoyens n’ont pas conscience de leur droits fondamentaux. Sans formation nous sommes désorientés, sans arguments de poids pour défendre notre cause. Sans conscience pas de responsabilité qui puisse nous faire agir ensemble

b/ Il faut que les pouvoirs publics expliquent clairement les vrais enjeux de la décentralisation. Nous concevons celle-ci comme la possibilité que les habitants jouent un rôle actif dans la vie de la commune. « Qu’ils nous disent ce qu’ils veulent faire et nous pourrons expliquer ce qu’on doit faire. »

Notes

Cette fiche a été réalisée au cours de la rencontre à Dakar qui a réuni en février 1998 des habitants, des élus, des techniciens des villes de onze pays d’Afrique (Ouest et Cameroun).

Source

Entretien avec DIOP, Maguette, Hann Plage, Quartier Abdoulaye Fal

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