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Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme

Association d’appui aux groupes de défense des droits de l’homme en Amérique Latine

Béatrice TROUVILLE

12 / 1998

Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme est une ONG créée en 1989 par l’association ARVEL, agence de voyage associative promouvant un tourisme différent basé sur le respect et l’échange avec les pays visités. Cette agence ayant produit des bénéfices, son fondateur, André Barthélémy et son conseil d’administration ont constitué un fonds permettant de créer et d’alimenter Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH). En dehors d’un besoin bien réel, malgré le processus de démocratisation en cours, le choix se justifie par rapport au manque de moyens octroyés dans ce domaine (la pauvreté mobilise plus facilement les bonnes volontés). De plus, la stratégie adoptée va dans le sens du respect identitaire des populations concernées, tel que l’a développé ARVEL dans sa démarche. Ainsi, AEDH n’intervient pas directement sur le terrain mais finance des groupes locaux, organisés pour défendre leurs droits au quotidien. Il s’agit d’appuyer "ceux qui dans leur pays prennent le risque de la parole et de l’action pour qu’aucun homme ne soit ’interdit de droits de l’homme", que ces droits soient politiques, sociaux, économiques ou culturels.

Partant du principe que les nationaux sont les mieux à même de gérer un projet, AEDH apporte un appui financier et exprime une solidarité avec les acteurs en créant un réseau de partenariat. AEDH se place comme intermédiaire rapprochant les acteurs locaux d’autres ONG ou des instances internationales, pour qu’ils trouvent de nouveaux appuis institutionnels et financiers, et soient au coeur d’un échange. AEDH n’intervient pas sur le plan technique ni ne tente d’orienter politiquement l’organisme appuyé. Un conseil stratégique peut à l’occasion être donné, tel que saisir telle ou telle instance, ou bien de participer à une conférence. Les partenariats se font au coup par coup, au travers de rencontres, par l’intermédiaire d’autres organismes ou en réponse à une demande directe. L’organisme recherchant un financement doit oeuvrer spécifiquement dans le domaine des droits de l’homme (défense des victimes et des prisonniers, conseil juridique)et présenter un projet précis et cohérent, dont les moyens d’action sont déjà élaborés puisque le partenaire doit porter seul le projet. AEDH ne finance pas de projets d’aide au développement ou d’assistance humanitaire, sauf lorsque le projet a trait aux enfants. Ainsi, au Brésil, AEDH finance un centre se consacrant aux enfants des rues. Les droits économiques sont aussi moins pris en compte, à part en Mauritanie, que les droits civils et politiques. AEDH a fêté cette année son dixième partenariat avec l’Amérique latine. Celui-ci est dans son ensemble le plus récent, l’association étant traditionnellement plutôt présente en Afrique francophone et au Proche-Orient.

En Amérique latine, l’axe de travail prédominant est la lutte contre l’impunité des dictatures passées, mais aussi contre l’impunité au quotidien. Ainsi, au Chili, AEDH appuie les familles de disparus, en Argentine les Mères de la Place de mai, au Mexique la Ligue Mexicaine des Droits de l’Homme, en Colombie une association de juristes et d’avocats intervenant sur des procès très "sensibles", et à Cuba la Commision Cubaine des Droits de l’Homme et de la Réconciliation Nationale.

Tout aussi cruciale est l’action d’autres partenaires travaillant plus particulièrement sur l’accès des plus pauvres à la justice et la formation des populations rurales au Droit et aux mécanismes de la citoyenneté. Ainsi, au Brésil, AEDH soutient un organisme de défense des habitants des favelas, en Bolivie un groupe de juristes assistant les détenus les plus pauvres, et en Colombie un organisme formant les communautés paysannes d’une province.

L’enjeu défini en Amérique latine est de "démocratiser la démocratie".

En Afrique, l’origine d’une action de défense des droits de l’homme s’avère souvent être une activité de développement qui, à un moment donné, a conduit les acteurs à s’organiser pour défendre leurs droits ou mieux connaître le Droit. En Amérique latine, la conscientisation est très ancienne. Une intervention directe se justifie d’autant moins qu’il existe des personnes bien formées, des militants compétents et organisés. Il est donc inutile d’agir à leur place, mais il est important d’appuyer leur action dans un contexte de fragilité des libertés civiles et politiques, dont la consolidation doit passer, selon les partenaires, par la lutte contre l’impunité. Cependant AEDH entend rester rigoureusement neutre et ne finance pas de partis politiques, ni de syndicats. Les associations ne doivent pas avoir un caractère nationaliste et doivent s’afficher non violentes. Cela ne va pas sans une certaine ambiguïté face aux mouvements indigénistes ou ethniques, ou à certaines prises de position des partenaires. Le problème se pose moins en Amérique latine où les mouvements des populations autochtones ne se déclarent pas autonomistes.

Exceptionnellement, AEDH peut prendre directement la défense de victimes, mais seulement dans les cas d’urgence, en partenariat avec des organismes tels que Amnesty International. En Amérique latine, le cas peut se produire notamment en Colombie où la violence est plus extrême qu’ailleurs. AEDH rejoint parfois des campagnes d’opinion ou de pression mais dispose de peu de moyens pour ce type de mobilisation. Cependant, elle s’est engagée de façon exceptionnelle dans l’organisation d’un colloque sur l’Impunité au Pérou, au Chili et en Colombie en 96, étant donné l’importance de ce thème. AEDH entreprend peu d’actions en France et n’apporte son soutien qu’à des organismes travaillant en lien avec l’étranger ou avec les étrangers résidant en France. L’action de sensibilisation reste aussi modérée, se faisant surtout à travers le bulletin et des interventions à des conférences. AEDH serait prête à élargir son partenariat en Amérique latine si de nouvelles demandes se présentaient.

Key words

human rights, support structure, tourism


, France, Latin America

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La spécificité d’AEDH est d’avoir créé un outil de soutien aux acteurs des sociétés civiles latino-américaines, en leur apportant l’appui le plus nécessaire à leur autonomie : des moyens financiers. Le bulletin d’AEDH est aussi révélateur d’un parti-pris pour la valorisation des acteurs locaux : il n’y a pas de rapports sur la situation des droits de l’homme en soi mais une présentation des actions des partenaires ou d’autres actions dont le contenu est riche d’enseignements pour notre propre société. Ainsi sont exposées par exemple l’expérience humaine de prisons boliviennes, à certains égards plus respectueuses des détenus que les prisons françaises, ou l’action courageuse intentée contre le général Pinochet par l’Union Progressiste des Procureurs Espagnols en lien avec l’association de familles de détenus disparus du Chili.

Notes

AEDH=Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme, 31, cours Emile Zola - 69100 Villeurbanne. Tel 04.72.44.24.99

Entretien avec ROUAULT, Madame

Source

Interview ; Internal document

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CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org

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