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Quelles possibilités d’une meilleure maîtrise de l’aide par les Sahéliens présente l’émergence du rôle des collectivités locales ?

Bernard LECOMTE, Raogo Antoine SAWADOGO

02 / 1999

Les contextes socio-politiques nationaux sont marqués par l’apparition d’une pluralité d’interlocuteurs. Du côté du secteur public ces nouveaux interlocuteurs sont soit des autorités étatiques indépendantes de l’exécutif (Parlement, Justice, etc.)qui entendent marquer leur autonomie en matière de négociation et de gestion de l’aide, soit des autorités décentralisées qui selon les pays peuvent être communales, provinciales, départementales ou régionales. Au nombre des libertés qui sont reconnues à ces collectivités, figurent généralement celles en matière d’endettement et de négociation d’aide même si elles sont canalisées et limitées. Du côté du secteur associatif, les nouveaux interlocuteurs sont des milliers d’organisations de producteurs, paysans, associations de développement et divers réseaux locaux ou faîtiers.

Parallèlement à la multiplication des activités, on observe la multiplicité des outils, des canaux et des types d’aide. Chacun de ces différents dispositifs d’aide dispose d’un régime qui lui est propre et qui est variable selon chaque donateur.

Pour gérer cette complexité, l’Aide a fait apparaître une nouvelle profession de gestionnaires d’aide ainsi que leurs nombreux associés et intermédiaires. L’action de ces professionnels est bien intégrée au système des pays fournisseurs. Et au Sahel, elle a ses antennes et ses ramifications à tous les niveaux.

Les processus de décentralisation consacrent la légitimité des représentants des populations au sein de circonscriptions territoriales clairement définies. Les collectivités territoriales décentralisées - légalement investies de la maîtrise d’ouvrage, du pouvoir de décision et donc de négociation et de la conception des plans locaux de développement - offrent tout naturellement un cadre idéal de mise en cohérence de l’aide au niveau local. Il reste à trouver les voies et les moyens d’éviter les écueils dénoncés dans la "professionnalisation" de l’aide.

La maîtrise de l’aide par les sahéliens paraît être une véritable gageure. Elle commence dès le début du processus c’est-à-dire avant, puis au moment des négociations. Il s’agit d’identifier la capacité juridique des demandeurs à engager la collectivité publique ou l’institution au nom de laquelle l’aide est sollicitée, de s’assurer que la négociation est conforme à la procédure instituée par les textes de l’Etat concerné ; de vérifier que le projet pour lequel le financement est demandé répond aux priorités, est pertinent pour l’institution ou la collectivité respecte les règles de jeux permettant une synergie d’actions et vise une obligation de résultats ; d’informer les autorités étatiques et l’organe délibérant de la collectivité des résultats de l’issue des négociations.

Mais c’est surtout pendant la phase d’exécution du projet que la plus grande rigueur se doit d’être observée.

Cela nécessite en particulier :

a)la responsabilisation du bénéficiaire et du donateur quant à la bonne exécution du projet, dont la paternité appartient aux deux parties,

b)l’information des populations bénéficiaires afin que les motivations et les attentes du donateur soient connues des populations bénéficiaires,

c)le respect des engagements et des rôles de ces dernières car l’aide, si elle est perçue comme une manne tombant du ciel, déresponsabilise.

Enfin, nous voudrions insister sur la mise en place de mécanismes de coordination, d’observation et de suivi de l’aide. Chaque bailleur ne sait pas forcément ce que fait l’autre, ce qui peut conduire à des doubles emplois, à l’absence de synergie et à renforcer la tendance de certains bénéficiaires à se jouer des bailleurs. Un mécanisme de coordination entre bailleurs de fonds agissant sur une zone ou un secteur déterminés, s’avère donc nécessaire.

Chaque Etat devrait également créer, ou renforcer, des structures nationales chargées de la coordination, structures qui pourraient se charger également de l’appui technique aux organisations en matière de négociation. L’action de ces deux mécanismes de coordination pourrait être utilement complétée par la mise en place d’un observatoire du financement des collectivités locales.

Key words

project assessment, local community, decentralization


, Sub-saharan africa

Notes

Raogo Antoine SAWADOGO est Président de la Commission Nationale de Décentralisation (Burkina Faso).

[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]

Source

Original text

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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