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Les intégristes contre l’Algérie

Jean Christophe LALLEMENT

03 / 1999

1988, l’Algérie aspire à la démocratie. Les Algériens occupent la rue et revendiquent pour une société plus ouverte et plus juste. Au détour des rues d’Alger, un intellectuel aperçoit un nom encore lisible, vestige de l’époque coloniale : rue Anatole France. Le mot France, barré, avait été remplacé par Algérie, " Djazaïr " en arabe. Anatole Djazaïr, tel est le pseudonyme choisi par l’auteur pour exprimer son attachement à ces deux cultures et à cette date historique. Depuis, l’Algérie sombre jour après jour dans la barbarie et Anatole Djazaïr, pris entre les menaces de mort des intégristes et les pressions du gouvernement, s’est exilé en France. Au fil des pages défilent des épisodes de son existence et comment, et pourquoi il fut obligé de se déraciner pour sauver sa tête. Autobiographie qui donne une image de la société et des conditions de vie qui ont permis le développement monstrueux de l’intégrisme et du chaos politique en Algérie. Car, constate l’auteur, l’Algérie ne connaît pas le prix du savoir et de la culture.

Le pays obtint son indépendance au prix d’un affrontement meurtrier, source de malheurs et de destruction. Ceux qui dirigeaient le F.L.N se rendirent finalement maîtres du pays. Leur mentalité, forgée par des années de guérilla contre l’état colonial, était peu propice à une réflexion sur l’éducation des générations nouvelles et l’avenir du pays. En somme, l’Algérie une fois libérée du joug colonial est restée marquée du sceau de la violence et de l’oppression. Pourtant, du temps même de l’Algérie française, le peuple algérien cultivait des valeurs aptes à promouvoir une société pluraliste et respectueuse de la dignité individuelle. Anatole Djazaïr se souvient de cet attachement à des valeurs constructives. Il rapporte combien son propre père, bien que très pauvre, sacrifia pour qu’il puisse étudier, tant à l’école française que coranique, pour échapper au cachot de l’ignorance et du sectarisme. Il se souvient aussi de ces colons, capables du meilleur et du pire, et des relations pétries de respect et de mépris qui liaient pieds-noirs et arabes. Cette société rurale, attachée à la mise en valeur de son terroir, entretenait le culte du travail, du mérite, de la frugalité et de la convivialité.

Mais la haine et la violence ont eu raison de ces vertus. Une gestion politique exécrable, le mépris des jeunes générations, l’intolérance et la glorification de la violence, le déni des intellectuels, le refus d’ouverture vers un monde en mutation rapide ont, depuis la libération, gravement érodé la cohésion sociale et dispersé pour longtemps les valeurs qui la fondait. Anatole Djazaïr assiste impuissant depuis son exil à la dérive de l’Algérie. Il est un exemple vivant de la fusion entre deux cultures qui, loin d’être vécue comme un déchirement, pourrait ouvrir aux algériens l’un des épineux chemins qui mène à la concorde.

Key words

religion, history, democracy, national history


, Algeria

Source

Book

DJAZAIR, Anatole, Les intégristes contre l'Algérie, L'Harmattan, 1998 (France)

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