español   français   english   português

dph is part of the Coredem
www.coredem.info

search
...
dialogues, proposals, stories for global citizenship

C’est quoi faire du développement ?

L’expérience d’une animatrice burkinabé

Mariam MAIGA, Christophe VADON

11 / 2001

Mariam Maïga exprime ainsi ses convictions :

"Si on parle de développement, cela veut dire qu’il faut arriver à traduire toutes tes connaissances aux autres. Il faut leur montrer. Il faut pas aller s’asseoir seul. Parce qu’on ne peut pas faire du développement en restant individualiste. Tu as des connaissances, tu es obligé de les transmettre. Et en les traduisant pour les gens, tu formes. Par exemple, quand on dit "gestion", c’est tout un ensemble de choses qui font avancer votre structure. Vous recevez une lettre, il faut répondre ; vous recevez un financement, il faut répondre; vous finissez de travailler, il faut rendre compte. Cela c’est la base d’une coopération. Si vous gérez seule, vous serez seule à faire tous les papiers, et quelques fois il y a des personnes qui vont dire qu’elles n’ont rien compris, et vous vous énervez.

Non ! Au départ, vous mettez tout le monde avec vous, de temps en temps vous vous arrêtez, vous prenez un tableau, vous mettez au tableau et vous regardez : "voilà, par rapport à telle dépense, qu’est-ce que vous avez dépensé ?" Ils ont leur compte : "Ah ! nous on a acheté cela tant de francs, nous on a acheté ceci tant de francs". Notre argent disponible au départ c’était tant, et maintenant il reste combien ?" Et ils font les calculs. Moi j’ai toujours travaillé avec les gens comme ça. Et cette façon de travailler vous enlève tout doute, vous êtes au clair, vous ne perdez pas de temps.

Mais dans certaines associations, il faut que le même bailleur qui a financé trouve quelqu’un pour venir rester au Burkina pour les aider à collecter toutes les pièces et tous les rapports ! Ce n’est pas normal. L’association doit faire ça sans que quelqu’un vienne de l’extérieur.

Il faut faire ça pour impliquer les gens sinon vous allez être seule à chercher tout, à faire tout, à gérer tout. Et en formant tu leur montres quelque chose et alors tu es en train de mettre en place une compétence et un jour tu peux être contestée. C’est ça le développement. Un jour les gens peuvent te dire : "ah non, nous actuellement on peut faire ça, on peut faire ça, on peut voler de nos propres ailes". C’est tout un mécanisme, c’est très long, c’est dur, il faut aimer le faire. Mais c’est intéressant car à un moment donné, vous sentez que vous avancez et que vous faites avancer les autres. Parce que vous arrivez à montrer aux autres qu’ils étaient à ce stade et que maintenant ils sont arrivés à un autre niveau. Je crois que c’est là la richesse du développement.

Pourquoi j’aime être contestée ? Il y a la mondialisation qui est en train de nous envahir et il ne faut pas être là avec des anciennes méthodes. Toute méthode doit être améliorée. Vous pouvez mettre en place une méthode, alors il faut accepter qu’on vous conteste. C’est cela même qu’il faut viser avec les populations que vous formez. Avec un groupe, vous êtes obligée de lui poser la question : "comment avez-vous ressenti le travail d’hier ?" Et si vous avez quelqu’un qui vous dit : "ah, en tous cas hier on a fait ça mais moi j’ai l’impression que si on avait fait ceci, on aurait mieux avancé !" Là, vous ouvrez encore d’autres voies et personnellement c’est ce que j’aime. Et tout le temps je discute avec les bénéficiaires, avec les groupes".

Key words

local development, development agent, assessment, continuous training, business management


, Burkina Faso, Ouagadougou

Comments

"Partagez vos connaissances, provoquez des occasions pour que celui que vous aidez soit, lui d’abord, responsable, respectez les contrats passés avec celui qui vient épauler votre action, acceptez volontiers la critique du groupe que vous avez formé et faites tout pour devenir inutile"; voilà la pratique proposée par Mariam Maïga à ceux qui veulent "faire du développement". Une liste de critères aussi simples qu’exigeants.

Notes

Entretien avec MAIGA Mariam, réalisé à Ouagadougou en août 1998

Source

Interview

VADON, Christophe

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

legal mentions