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Le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux du Sénégal met l’Etat à l’écoute des paysans

Le CNCR, un partenaire incontournable pour l’Etat sénégalais

Albert Patrick EYA’A AKOUMBA

05 / 2002

En Afrique de manière générale et particulièrement au Sénégal, le pouvoir politique et l’administration ont toujours décidé en lieu et place des ruraux. C’est pourquoi la plupart des projets engagés ont souvent été voués à l’échec, faute d’une implication sérieuse des principaux concernés, petits producteurs et paysans. Dans ce contexte, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), qui regroupe en son sein les petits producteurs, les organisations paysannes et les coopératives, a mis sur pied une stratégie efficace digne d’un syndicat et a fini par attiré l’attention des autorités politiques sénégalaises. En effet, depuis 1993, année de sa création à la suite d’une longue réflexion avec tous les acteurs de développement sur l’avenir du paysan sénégalais, le CNCR s’est donné trois objectifs. D’une part, faire la promotion de l’exploitation paysanne familiale pour garantir l’épanouissement socio-économique des petits producteurs et des exploitations familiales. D’autre part, promouvoir la concertation et la coopération entre ses membres. Enfin, encourager le partenariat entre l’Etat et les autres acteurs de développement publics et privés et favoriser l’émergence et le développement d’une plate-forme de concertation avec des organisations similaires en Afrique de l’Ouest. Pour mener sa lutte, le CNCR a mis sur pied une politique basée sur la mobilisation de ses membres. Les dirigeants du conseil ont commencé par faire le diagnostic des forces et des faiblesses de l’organisation, avant de mettre l’accent sur la culture de l’entente mutuelle au sein de la structure. Tout cela s’est réalisé dans des cadres de rencontres, dont la plus importante a eu lieu en 1994 et a regroupé autour d’une table les paysans, les éleveurs, les coopératives et les représentants de l’administration sénégalaise. En prenant en charge toute la démarche avec des moyens produits par les différentes composantes paysannes du conseil, le CNCR a voulu maîtriser l’ensemble du processus. Et à la suite de cet atelier, il a fait des propositions à l’Etat sur un ton menaçant, exigeant la mise en place d’une véritable politique de relance de l’agriculture au Sénégal. En retour, l’Etat a visiblement cherché à diviser le mouvement qui, aussitôt, a engagé une vaste campagne d’interpellation de ses membres, en particulier des fonctionnaires. Il a également mobilisé les médias nationaux et internationaux lors de conférences de presse. Et cette stratégie d’interpellation, d’anticipation et de propositions a fini par influer sur l’appareil étatique. Après deux audiences chez le Premier ministre et chez le Président de la République, Abdou laye Vadé, juste avant le dernier sommet sur le financement du NEPAD (le nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique mis sur pied par des chefs d’Etats africains) tenu à Dakar, le CNCR est désormais considéré comme un partenaire incontournable par les pouvoirs publics sénégalais, qui l’associent dorénavant à toutes les prises de décision.

Key words

partnership, farmer, agricultural policy, state intervention in agriculture, State and civil society, NEPAD


, Senegal

Comments

Cette expérience menée par le CNCR au Sénégal est un bel exemple qui pourrait inspirer d’autres organisations qui connaissent des problèmes de marginalisation. Il me semble que la force et l’efficacité de ce groupement repose sur son choix de privilégier le dialogue, la solidarité, l’engagement et la détermination.

Notes

Cette fiche a été réalisée au cours de la Rencontre mondiale des paysans, à Yaoundé, Cameroun, du 6 au 11 mai 2002.

Contact : Samba Guy, BP 249, Dakar, Sénégal - Tel : 221 825 56 65. Fax : 221 824, 57 65. E mail : cncr@cncr.org

Entretien avec GUEYE, Samba

Source

Interview

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