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Les acteurs du commerce équitable

Johanne WILK TATIN, Pierre JOHNSON

08 / 2002

« Sont acteurs du commerce équitable toutes celles et tous ceux qui par leur travail, leur pratique sociale ou leur action contribuent à la promotion d’échanges économiques plus équitables ». On retrouve les acteurs du commerce équitable depuis la production du produit jusqu’à sa commercialisation puis sa vente effective. Afin de mettre en place une classification plus appropriée au rôle de chacun, nous nous inspirerons de la classification faite par EFTA :

Les producteurs

Ils se regroupent souvent en coopératives ou syndicats de travailleurs afin de mettre en place une véritable action commune leur permettant de partager les plus-values que leur offre le commerce équitable (car c’est pour leur assurer des revenus plus stables, plus justes et dans la durée que ce mouvement est apparu).

Le circuit de distribution : centrales d’achat, importateurs et labels

Il existe ensuite deux circuits principaux de commercialisation pour les produits :

  • soit ce sont des centrales d’achat du commerce équitable qui les importent pour les diffuser par la suite,

  • soit ce sont des importateurs privés. Dans ce dernier cas, des agences de certifications indépendantes procèdent à la certification des produits grâce à la mise au point de critères adaptés à chacun d’eux. La labellisation qui en découle rend alors possible leur introduction dans la grande distribution (par exemple). Elle permet, de plus, d’empêcher les utilisations détournées du terme « commerce équitable ».

La diffusion des produits s’effectue donc par le biais de l’un de ces deux acteurs. Cette phase est primordiale dans la mesure où elle permet la mise en relation entre les producteurs et les futurs acheteurs.

« Magasins du monde » et grande distribution

Les clients des centrales d’achats sont des magasins tels que « les magasins du monde » et les détaillants. Majoritairement présents dans les pays du Nord (du fait d’une notoriété liée à l’apparition de mouvements citoyens), les magasins du monde sont néanmoins présents dans les pays du Sud où ils s’occupent de distribuer des produits locaux.

Enfin la Grande Distribution (elle aussi cliente des centrales d’achat) a son rôle dans l’évolution de ce type de commerce du fait de sa couverture géographique qui offre une plus large diffusion des produits alimentaires équitables tels que le café, le cacao, la banana, etc. Le pourcentage de chiffre d’affaire représenté par ces produits labellisés reste cependant très faible. Cela n’est pas sans déplaire à certaines personnes qui voient dans ce partenariat avec la grande distribution un risque considérable de perte de contrôle de cette appellation au profit de certaines entreprises voulant jouer la carte de l’éthique à des fins lucratives.

Associations, ONGs et collectivités impliquées dans le développement du commerce équitable

Certaines associations ou coopératives de consommateurs ont un rôle de sensibilisation et sont les instigatrices d’une conscientisation du consommateur quant à la responsabilité qu’implique l’acte d’achat. Elles entreprennent aussi des actions dans la commercialisation des produits en créant leur propre système de distribution de produits régionaux ou d’importations équitables.

Les organisations de solidarité internationale et certaines collectivités locales s’impliquent de plus en plus dans le développement du commerce équitable. Les premières participent à la promotion du commerce équitable, appuient les efforts pour organiser de nouvelles filières ou instaurent des programmes pour un développement durable qui s’ajoutent aux effets positifs du commerce équitable. Elles aident aussi parfois à la mise en place par les producteurs de normes adaptées au marché intérieur ou à l’exportation. Elles apportent donc une aide technique. De même, certaines organisations actives dans le secteur financier participent au bon acheminement des placements éthiques et à l’obtention de taux privilégiés.

Enfin, les gouvernements nationaux ou locaux peuvent agir en faveur du commerce équitable lorsqu’ils instaurent des cadres juridiques favorisants son développement ou lorsque les collectivités s’approvisionnent en produits issus du commerce équitable.

Les groupements d’organisations

Ils ont un rôle de coordination des actions menées par les acteurs présents dans différents pays. On en distingue 4 principaux :

  • IFAT, Fédération Internationale pour un Commerce Alternatif (International Federation for Alternative Trade) met en relation les producteurs des pays en développement avec les organismes soutenant cette forme de commerce dans les pays du Nord.

  • EFTA, Fédération Européenne du Commerce Equitable (European Fair Trade Association) a pour but de rassembler les centrales d’achat importatrices et de faciliter la diffusion de l’information entre les membres. Elle a aussi les moyens de faire pression sur l’Union Européenne et est à l’origine de campagnes d’information.

  • NEWS ! Le Réseau de Magasins du Monde Européens (Network of European World Shops) est un réseau d’associations nationales de magasins du monde.

  • FLO - Organisation Internationale de Labellisation du Commerce Equitable (Fairtrade Labelling Organizations International) est un réseau permettant la mise en relation des organisations de labellisation. Elle vérifie le suivi des critères et leur convergence.

Key words

producer’s association, information campaign, certification, fair trade


, Europe

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S’il existe de nombreuses organisations veillant au bon déroulement et à la promotion du commerce équitable, ces dernières se limitent géographiquement aux pays développés (Europe notamment) qui ont su développer très rapidement les structures et réseaux nécessaires à leur mise en place et fonctionnement.

Se pose alors le problème d’une réelle intégration des pays en développement (directement concernés par ce mouvement) quant à la certification des produits par exemple. En effet, les agences compétentes dans ce domaine sont majoritairement issues des pays du Nord. Cela pose un problème de coût pour les producteurs des pays en développement qui doivent passer par elles et donc payer des sommes plus élevées du fait de la distance. Il est donc important de favoriser la participation encore trop faible des producteurs locaux dans la mise au point et dans la veille du respect des critères afin de ne pas pénaliser ces derniers.

De même, l’accent doit être mis sur les alliances stratégiques entre secteurs ayant des finalités communes (agricultures biologiques, finance éthique) afin d’aboutir à une réelle cohérence des actions.

Cette inégalité dans la répartition des organismes compétents va de paire avec une expérience récente que j’ai eue lors d’un séjour au Chili : nous entendons parler de plus en plus du commerce équitable dans nos pays développés, mais une fois en Amérique latine, je me suis rendue compte que même des gens très cultivés et à l’écoute du déroulement des événements mondiaux n’avaient jamais entendu parler de ce mouvement, et mettaient son évolution sur le compte d’une nouvelle mode apparue dans les pays développés. Ainsi, dans une optique de développement Sud/Sud, qui permettrait une meilleure application de la logique « Trade not Aid », ne faudrait-il pas accentuer les campagnes de sensibilisation dans ces pays tout autant qu’elles le sont dans les nôtres ?

Notes

Pour plus d’information sur le chantier sur le commerce équitable : fairtrade.socioeco.org

Le document cité en référence existe en trois versions : français, anglais, espagnol.

Pour plus d’information sur l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, consulter : fairtrade.socioeco.org

Source

Report

Proposition pour le développement d’un commerce équitable au 21ème siècle, Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, 2001/11/01, 44 p.

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