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Le Plan Local de Développement et les partenaires extérieurs (Walo, Sénégal)

L’espoir et les craintes d’un président d’une association qui a souvent été lâchée par ses partenaires (ASESCAW)

Birahim DIOP, Benoît LECOMTE

11 / 2001

Le président de l’ASESCAW nous parle des difficultés qu’il a rencontrées avec des partenaires :

"Dans la Communauté Rurale (CR) de Ross-Béthio, l’élaboration du plan local de développement (PLD) va continuer. Maintenant, il reste à rassembler autour de ce PLD et des autres plans locaux de développement dans d’autres CR, des partenaires qui seraient prêts à financer cela. Une fois que les difficultés sont reconnues, une fois que les actions sont bien identifiées et que les gens ont bien discuté entre eux, il ne sert à rien de continuer à encore réétudier, ou alors nous dire que cela fait 2 ans qu’on a étudié et que certaines données ne sont plus valables ! Il faut entrer dedans, il faut entrer en action, il faut accepter d’aller, il faut accepter de démarrer avec déjà ce qui est produit comme idées. C’était plus ou moins le fort de l’ONG suisse SIX S (dans les années 77-90) d’accepter de démarrer vite son appui et puis d’essayer d’évaluer pour rapidement rectifier.

En général, les bailleurs viennent toujours avec leurs idées, ils ont choisi une cible à partir de leurs propres normes ou/et à partir d’études que leurs experts ont faites. Mais pour opérationnaliser ces études là, souvent cela rentre carrément en contradiction avec ce que les gens veulent. Le plan local est alors un moyen de contre-proposition pour tempérer les propositions de leurs offres "descendantes". Par exemple des bailleurs disent : "nous, notre programme c’est les problèmes d’eau" alors que la collectivité locale dit : "pour nous, c’est les problèmes d’aménagement" ou que les gens disent : "non, la priorité c’est la santé". Alors comment opérationnaliser ce plan ? C’est une étape sur laquelle on est en train de discuter avec le conseil rural de Ross Béthio. Voilà ce plan, voilà les projets qui sortent de ce plan pour le mettre en ouvre morceau par morceau. Maintenant il faut répertorier l’ensemble des intervenants externes qui peuvent intervenir au niveau de ce plan. On est prêt à discuter avec toutes les institutions privées ou publiques, du Nord ou du Sud, qui peuvent participer à l’opérationnalisation de ce plan. Mais le mal est que chaque conseil rural met beaucoup d’argent, beaucoup d’énergies, beaucoup de temps pour prendre les décisions et pour confectionner des plans et puis qu’à chaque fois qu’un intervenant vient, on oublie cela pour agripper ce qu’il apporte momentanément et dans l’urgence.

Il ne faudrait pas que les bailleurs de fonds s’obstinent à financer seulement projet par projet, mais qu’ils prennent en compte l’ensemble des préoccupations exprimées par un PLD. A partir de celles-ci, il faudra négocier avec eux les priorités. Au fur et à mesure que le temps s’écoule, celles-ci peuvent être rectifiées par une planification glissante : chaque année, une analyse est faite et à partir de cette analyse, on fait une replanification au lieu de s’accrocher à un plan triennal ou bien quinquennal dont on ne peut plus sortir.

Il y a des rectifications qu’il faut faire à temps pendant que le PLD s’exécute. Réussir cela demande que les acteurs du niveau local, les acteurs administratifs et les partenaires extérieurs (qui ont la technique et les moyens financiers) s’accordent dès le point de départ. On pourra y arriver en essayant de voir quels sont les divers critères de performance des activités qu’on mettra en place. Si les acteurs sénégalais et ces partenaires s’entendent sur tel ou tel critère de performance, il y a une possibilité qu’ils s’entendent ensuite sur l’exécution, le suivi, l’évaluation, la reprogrammation. C’est dans ce sens que nous parlons de coopération décentralisée : ce qui est décentralisé, c’est la prise de décision entre acteurs locaux et étrangers au niveau de chaque Collectivité locale.

Key words

local development, planning, local community, decentralization, donor agency, NGO, dialogue


, Senegal, Ross-Bethio

Comments

Le succès de la réalisation du Plan Local de Développement (PLD) élaboré au sein d’une Communauté Rurale est fortement dépendant du comportement des intervenants externes, de ceux que notre interlocuteur appelle "des partenaires qui seraient prêts à financer cela". Or, "cela" (le PLD) est un outil fort différent tant du projet d’aide extérieure que du programme d’une association paysanne. Pour être réalisé, il exige la concertation entre des acteurs locaux, régionaux, nationaux et étrangers plus habitués à mener à bien chacun leur propre intervention qu’à concevoir leurs apports comme une partie d’un ensemble préparé et suivi localement.

Notes

Entretien de Birahim Diop réalisé par Benoît Lecomte, juin 1998 et mars 1999.

Les fiches DPH préparées par l’équipe du GRAD à partir d’interviews auprès de responsables d’organisations paysannes en zone sahélienne, sans cesse renouvelées depuis 1995, sont un instrument commode pour suivre la progression du monde rural de cette région.

Entretien avec DIOP, Birahim, réalisé en juin 1998 et mars 1999.

Source

Interview

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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