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La petite librairie de Monsieur Djavdan

Claire FAUVINET

1993

Monsieur DJAVDAN, la quarantaine, d’origine iranienne mais de nationalité française, habite depuis dix ans en France. Il a une formation et une expérience d’acteur de théâtre aux Etats-Unis et en France. Cependant, ce métier ne suffisant pas pour vivre, il a travaillé parallèlement dans une librairie du 3ème arrondissement à Paris. Licencié économique au bout de deux ou trois ans, il s’inscrit à l’ANPE et décide de créer sa propre librairie. Par hasard, à la mairie du 10ème, il fait la connaissance de Monsieur Buechler, membre bénévole de l’association PIVOD (Prospective-Innovation-Valorisation-Opportunité-Disponibilité)et permanent à la mairie. PIVOD va alors l’aider dans ses démarches pour obtenir l’ACCRE (Aide aux Chômeurs Créateurs ou Repreneurs d’Entreprise)qui s’élève à 43.000 FF et qui lui sera octroyée après deux demandes et un an d’attente.

C’est donc grâce à son activité dans le théâtre et à des amis et parents qui lui envoient de l’argent de l’étranger qu’il lui sera possible de vivre au début./Il se souvient du soutien précieux de PIVOD et de Monsieur Buechler en particulier, jugé très sympathique et très serviable : "Heureusement que des gens comme lui sont là", dit-il.

Puis, il entre en contact avec l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique), qui lui consent un prêt de 20.000 FF. Avec ses économies en complément (15.000 FF), il débute l’exploitation de sa librairie, d’abord en Nom Propre de 1990 à 1992, puis avec un statut de SARL au capital de 50.000 FF. Quant aux banques, ayant essuyé un refus de prêt par le Crédit Lyonnais, il n’a pas insisté; cependant, il entretient de bonnes relation avec la sienne (Banque Nationale de Paris)qui lui autorise un découvert de 20.000 FF.

Son chiffre d’affaires pour 1992 a été d’environ 240.000 FF. Cette année, il sera catastrophique : ses ventes ont tellement baissé que depuis sept mois il ne peut plus se payer et vit grâce à ses économies et au soutien de son amie. Il estime pourtant s’être installé sur un boulevard suffisamment fréquenté (bd. de Strasbourg). Mais il manque de fonds pour compléter son stock de marchandises, insuffisant pour l’instant. Il se fait donc concurrencer fortement par Gibert Jeune, situé à proximité et qui présente un éventail d’ouvrages très varié. Pourtant, Monsieur DJAVDAN a essayé de se distinguer en se spécialisant en partie dans les ouvrages anciens et les livres d’occasion, qu’il rachète comptant, contrairement à Gibert Jeune qui paye avec un délai de deux semaines.

Dans les conditions économiques actuelles, il pense au dépôt de bilan. Mais s’il se retrouve sans emploi, il n’aura pas droit aux indemnités chômage, étant donné qu’il est le gérant de sa librairie.

Il attribue ses problèmes essentiellement à la conjoncture économique. Il reconnaît avoir toujours eu de bons conseils de la part de PIVOD et de l’ADIE, qui ont gardé contact avec lui. Il pense, par contre, que les pouvoirs publics n’incitent pas à la création et que l’aide financière est insuffisante : le cumul des indemnités chômage pour un an revient plus cher que le versement de l’ACCRE. Il estime donc que l’ACCRE devrait au moins correspondre à un an de droits de chômage pour ne pas défavoriser les créateurs.

Key words

financing, technical assistance, support structure, financial institution, company creation, association, credit


, France

Comments

Etant donné la situation de Monsieur DJAVDAN, on est en droit de se demander si l’étude de marché était sérieuse et si l’ADIE a réellement bien étudié son dossier, avant de lui accorder un prêt.

Notes

Entretien avec Mr. DJAVDAN, le 7 avril 1993, Paris.

Source

Interview

FAUVINET, Claire, CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE

CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org

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