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De la formation à la revendication de droits : l’expérience de l’ANMDH (RDC)

Marie-Thérèse KALONDA

04 / 2007

« Les Amis de Nelson MANDELA pour la Défense des Droits Humains » (ANMDH) est une association née il y a 15 ans. L’initiative est partie de Kisangani, ville située à plus de 2000 km de la Capital Kinshasa où un groupe de jeunes congolais s’est inspiré de la lutte menée par Nelson MANDELA contre l’apartheid en Afrique du Sud pour créer un cercle culturel de jeunes dénommé « Cercle Culturel des Jeunes Nelson MANDELA ». L’objectif principal de ce cercle était de « sensibiliser le peuple congolais (Zaïrois) face aux injustices et violations des droits de l’Homme dont il était victime ».

En 1990, après la proclamation de la liberté d’association et du pluralisme politique en RDC (ex Zaïre), les membres ont décidé de transformer le cercle culturel en une organisation non gouvernementale de lutte pour la promotion de la démocratie et des droits de l’Homme par la non-violence active. Dans sa lutte, ANMDH associe intimement l’action pour la démocratie et l’action pour les droits de l’homme, car pour l’association ces deux concepts font route ensemble.

Son action n’est pas seulement concentrée dans les grands centres urbains. Elle est essentiellement basée dans les milieux ruraux et dans les quartiers périphériques de quelques villes, qui sont parfois très difficiles d’accès (inaccessibilité en transport, insécurité, incompréhension de certaines autorités, etc.).

Ses activités correspondent à sa triple mission : la promotion, la protection et la défense des droits humains. Sa mission de promotion consiste à vulgariser les droits de l’Homme, sensibiliser, éduquer et former la population à la démocratie et aux droits humains. Elle se réalise par l’organisation des séminaires de formation, l’animation des conférences et causeries-débats, l’organisation des journées de réflexion, etc. Sa mission de protection, consiste à pousser le gouvernement à ratifier et à respecter les textes juridiques internationaux, à publier les textes juridiques nationaux et internationaux (codes, lois, etc.). Elle consiste également à dénoncer les lois iniques. Enfin, dans le cadre de sa mission de défense, elle intervient en cas de violation des textes juridiques ou des droits humains par la publication des communiqués de presse, de rapports, l’envoi des lettres, le contact direct avec les autorités, l’assistance des victimes, etc.

Les actions de l’ANMDH visent à renforcer les structures de base afin de leur permettre d’une part de trouver les moyens de leur propre développement et, d’autre part, d’amener la population à participer aux décisions qui engagent son avenir. Cela signifie également renforcer la capacité de ses membres, des hommes et des femmes sur lesquels reposent son action. Ainsi, chaque année ANMDH assure une formation et un recyclage de ses responsables nationaux et provinciaux autour des questions de droits de l’Homme, appliquées au vécu quotidien des populations dans les campagnes.

L’articulation entre les actions de formation et de revendication de droits

La stratégie d’action de l’ANMDH repose sur plusieurs axes, liant actions de formation et actions de revendication :

  • La formation d’activistes des droits de l’Homme et de la population sur le concept de droits de l’Homme, leur origine et leur évolution, les principaux instruments internationaux et mécanismes permettant de les protéger. Le but visé est de permettre aux populations de bien appréhender le concept de droits de l’Homme et notamment de souligner la différence qui existe entre DROIT, comme science, et DROITS comme culture.

  • La formation pratique des membres aux techniques de revendication des droits de l’Homme auprès des autorités étatiques et non-étatiques. L’ANMDH vise par là à aider ses membres et la population à mieux revendiquer leurs droits fondamentaux par la non-violence, à mieux faire la distinction entre les violations des droits de l’Homme et les infractions de droit commun, entre les prisonniers d’opinion et les prisonniers politiques, et surtout à mieux cerner comment un activiste des droits de l’Homme peut se comporter devant les violations commises par les autorités étatiques et par les groupes d’opposition armée. Ce thème permet aux membres et au public d’acquérir des méthodes et des stratégies appropriées pour revendiquer leurs droits en période de paix comme en période de conflit armé.

  • La formation pratique des membres aux techniques de documentation relatives aux violations des droits de l’Homme et à la rédaction des rapports, aux techniques de communication et d’animation de groupes. Il s’agit de savoir comment mener une enquête sur un cas de violation des droits humains, comment rédiger un rapport, un communiqué de presse et quelles actions envisager. Il s’agit également d’étudier les méthodes de diffusion des messages au public.

  • La formation des parajuristes sur l’organisation et la compétence judiciaire, la saisine des cours et tribunaux, les droits de la famille, la prévention et la résolution pacifique des conflits. Cette formation permet à ces derniers de bien suivre les dossiers des victimes et d’animer les Boutiques de Droits qui sont notamment des lieux d’information et d’orientation des victimes. A travers ces Boutiques de Droits, l’ANMDH conseille, oriente et contribue quotidiennement à dissiper et/ou à résoudre de nombreux cas de brimades et/ou de violations des droits de l’Homme.

Les causeries-débat : des espaces d’information et de dialogue entre la population et les autorités

Les structures locales de ANMDH organisent chaque mois ou quand les circonstances le nécessitent des causeries-débats qui sont animées en langue locale sur les sujets d’actualité en rapport avec la démocratie, la justice, les droits de la femme ou encore les droits de l’enfant. Ces causeries-débat sont des espaces au sein desquels les autorités locales et la population échangent sur différentes situations et essaient de trouver ensemble des solutions. Les causeries-débats permettent parfois à l’association de recueillir des informations sur des cas de violations des droits humains (voir fiche Les Tribunes d’Expression Populaire aux causeries-débats: des espaces de dialogue et de concertation entre populations et autorités).

La relation aux autorités pose parfois des difficultés. Elles pensent en effet trop souvent que les ONG des droits Humains sont là seulement pour dénoncer les méfaits du gouvernement qu’elles travaillent pour le compte des partis politiques d’opposition et des occidentaux. Cela pose parfois problème pour la sécurité des militants, surtout en milieu rural.

Dans sa méthodologie de travail, ANMDH ne cherche pas la confrontation avec les autorités mais plutôt une concertation permanente pour la recherche de la paix et le respect des droits de l’Homme par tous. ANMDH essaie d’aller vers les autorités, d’établir le dialogue avec elles et de les inviter régulièrement aux activités de sensibilisation et d’éducation organisées par l’association afin qu’elles puissent se rendre compte de la valeur du travail réalisé sur le terrain.

Cette approche est efficace car elle favorise la persuasion en lieu et place de la confrontation. Elle amène aussi les autorités être plus sensibles et à intervenir rapidement lorsqu’un militant est victime d’une quelconque tracasserie des agents de l’Etat.

ANMDH (Les Amis de Nelson Mandela pour la défense des Droits Humains) - République Démocratique du Congo - República Democrática del Congo - anmdhkinshasa@yahoo.fr; anmdhcongo@yahoo.fr

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