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L’arbre qui cache le bœuf

La déforestation, un problème de maldéveloppement et de surconsommation

Jeanne PLANCHE, Une Seule Planète

03 / 2011

Parce que la déforestation est surtout une conséquence de la conversion des forêts tropicales pour des cultures d’exportation, de l’extraction minière… elle relève d’un problème de mal développement. C’est donc au changement des modèles de consommation et de production qu’il faut s’atteler.

Au-delà du pillage des bois tropicaux et de l’exploitation légale du bois, c’est la conversion de forêts tropicales en monocultures d’exportation qui constitue aujourd’hui le principal moteur de la déforestation. Cet accaparement indirect de terres par les pays du Nord, mais aussi par certains pays émergents comme l’Inde ou la Chine, résulte d’une demande internationale croissante en ressources naturelles : huile de palme, soja, viande, papier, minerais… Or notre modèle de développement, basé sur la (sur)consommation, n’est pas universalisable.

Un effet bœuf

L’ouverture de la forêt pour l’exploitation du bois est la première étape de sa destruction. Production de bois dur ou de pâte à papier, cette exploitation est historiquement au cœur de la relation coloniale, et aujourd’hui encore c’est principalement à l’exportation que se destinent ces arbres. L’enjeu va cependant bien au-delà. Car, souvent, après avoir exploité le bois commercialisable, les entreprises rasent et brûlent le reste afin de planter des cultures d’exportation. Dans l’Amazonie brésilienne, l’équivalent de 2475 terrains de football sont déforestés chaque jour, pour faire pousser du soja, de la canne à sucre ou paître des bovins dont l’élevage est responsable à 80 % de la déforestation. Un récent rapport des Amis de la Terre Europe montre que l’Union européenne est le 4e plus grand importateur de viande brésilienne (plus de 250000 tonnes de boeuf en 2009), l’un des principaux marchés pour le soja (soit 1/3 de la production du Brésil) et le premier importateur d’éthanol produit à partir de la canne à sucre (soit 26,5 % des exportations brésiliennes d’éthanol en 2009). La demande européenne croissante de ces produits contribue donc très clairement à la destruction de l’Amazonie brésilienne (1).Les conséquences écologiques et sociales sont telles qu’il est aujourd’hui essentiel de remettre en cause ce modèle, en commençant par exiger une réglementation contraignante pour les entreprises qui exploitent ou utilisent ces ressources naturelles que sont les forêts et les terres (2). Aujourd’hui, lorsque certains Etats semblent avoir des velléités de limiter la destruction des espaces forestiers, de puissants lobbies se mobilisent. Ainsi en Indonésie, l’instauration d’un moratoire sur la destruction des forêts, prévu dans un accord signé en mai 2010 avec la Norvège, est toujours repoussée, sous la pression du lobby des industries du palmier à huile et du papier. Au Brésil, agro-industrie tente régulièrement de faire amender la législation forestière relativement protectrice. Sans compter que ces industries sont en train de se placer aux premiers rangs pour bénéficier des financements REDD qui pourraient être mis en place dans le cadre des négociations climat…

Imaginer de nouveaux modèles

Des pistes alternatives sont explorées pour lutter contre la déforestation tout en réduisant la pauvreté : relocalisation de l’économie forestière, gestion communautaire des forêts à l’origine de filières de commercialisation de bois tropicaux plus équitables, agro-foresterie, etc. Mais c’est aussi et surtout les causes plus structurelles de la déforestation qu’il faut évoquer: aujourd’hui seule une réduction de la consommation dans les pays du Nord permettrait de diminuer la pression sur les forêts tropicales.

L’Europe est le continent qui, relativement à sa population1, importe le plus de ressources naturelles. Des millions de mètres cubes de bois, débarqués dans les ports de La Rochelle ou de Sète, servent à fabriquer nos parquets, fenêtres et meubles2. Et malgré l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, nous consommons toujours plus de papier. Sur un continent qui a détruit ses propres forêts de façon continue depuis le Moyen-Âge, et qui s’accapare de plus en plus de matières premières au Sud, mettre en place des politiques publiques visant à réduire la consommation de ressources devrait être une priorité.

Pourtant l’Europe continue de proposer des politiques publiques incohérentes avec cet objectif comme, par exemple, le fait de viser 10% d’agrocarburants dans les transports, d’ici à 2020, qui crée une pression indirecte très forte sur les forêts tropicales. Réduire notre consommation de ressources naturelles au Nord, afin que les pays du Sud puissent accéder durablement et de façon équitable à ces ressources : cet impératif doit se traduire par l’émergence d’une économie nouvelle, dont la sobriété en termes de ressources naturelles et d’énergie sera un critère central.

Comment imaginer des modèles de développement qui auraient pour objectif le «bien vivre » et non pas la production et la (sur)consommation? Cela implique de s’interroger sur le rôle de la croissance économique3 et sur les liens entre l’utilisation des ressources, la qualité de la vie et le bonheur… Des solutions existent. Mais la volonté politique se fait attendre.

1 From forest to fork, rapport des Amis de la Terre Europe, janvier 2011.
2 Voir le site Les règles pour les multinatinales.

Palabras claves

protección de los bosques, bosque, protección de los recursos naturales, gestión de recursos naturales, sobreexplotación de los recursos


, Brasil, Amazonia, Europa

dosier

Pour une gestion durable et équitable des ressources naturelles

Comentarios

Pour en savoir plus :

  • GISTI (2008), Quel statut pour les réfugiés environnementaux ?

  • Migreurop (2009), Atlas des migrants en Europe, géographie critique des politiques migratoires, Armand Colin.

Notas

Centre de ressources commun Une seule planète

www.uneseuleplanete.org

Sites internet de membres du réseau Une seule planète

4D www.association4d.org

AITEC aitec.reseau-ipam.org

Amis de la Terre www.amisdelaterre.org

Artisans du monde www.artisansdumonde.org

CCFD-Terre solidaire ccfd-terresolidaire.org

CNCD 11.11.11. www.cncd.be

CRID www.crid.asso.fr

Greenpeace www.greenpeace.org

Ingénieurs sans frontières www.isf-france.org

Petits débrouillards www.lespetitsdebrouillards.org

Réseau ressources Naturelles en RDC www.rrnrdc.org

Ritimo www.ritimo.org

Walhi-Friends of the Earth Indonésie www.walhi.or.id

Autres sites internet d’information sur ces sujets

www.partagedeseaux.info

www.agter.org

encyclopedie-dd.org

www.bastamag.net

alter-echos.org

www.pambazuka.org/fr

Fuente

Article publié dans Altermondes n°25, mars 2011

CRID-Centre de Recherche et d’Information pour le Développement - 14, passage Dubail - 75010 Paris Tél. : 01 44 72 07 71 Fax : 01 44 72 06 84 - www.crid.asso.fr/ - info (@) crid.asso.fr

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