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ORDIK France, ORDIK Mali, une communication difficile

Anne FONTENEAU

10 / 1994

Créée à la fin des années 80, dans les foyers d’émigrés de la région parisienne, ORDIK France (Organisation Rurale pour le Développement Intégré de la Kolimbine)rassemble les migrants de neuf villages maliens. Avec le retour au pays de son premier président, une seconde association et un projet ORDIK Mali ont vu le jour, regroupant les mêmes localités. En France, chaque migrant cotise pour son village en cas de besoin d’une infrastructure sur place (puits, barrage, école...). Sans caisse commune aux neuf villages, ORDIK Mali possède néanmoins, tout comme son homologue française, un bureau et un comité de trente-quatre personnes représentant les différentes communautés villageoises. En théorie, tous les premiers samedis du mois, le président convoque par lettre ou coup de téléphone répercutés dans les foyers, l’ensemble du comité. Celui-ci prend connaissance des informations transmises par écrit ou écoute une cassette sur laquelle le président et le vice-président de la structure malienne font le point des dernières activités en cours. La discussion s’engage alors en France sur la base des renseignements fournis par le Mali. A l’issue de la réunion, chacun des délégués regagne son foyer et a pour mission de convoquer une assemblée afin de procéder à la restitution. Cependant, dans la pratique et malgré le recours possible à ces différents moyens, la communication entre les deux ORDIK est assez mauvaise. Pour Kande Kamissoko, vice-président d’ORDIK France, cet état de fait résulte de trois facteurs. Les migrants tout d’abord, n’ont pas tous compris le fonctionnement de l’association et la signification d’un tel regroupement. Kande déplore par ailleurs l’absence d’une caisse commune aux neuf villages pour financer la commmunication avec le Mali : courrier, fax, cassettes audio-visuelles. Enfin, le faible pourcentage de migrants alphabétisés en français ou en soninke - et parmi eux, ceux réellement capables de comprendre un document de projet, par exemple avec notamment son volet financier - intervient également dans ces relations difficiles. Ibrahim Traore, premier président d’ORDIK France et aujourd’hui chef de projet dans la structure malienne ajoute d’autres éléments explicatifs. Pour lui, le centre d’intérêt de toute l’entreprise s’est déplacé : des discussions en France, pleines d’enthousiasme et d’idéal, on est passé aux réalisations concrètes sur le terrain. Les migrants se sont sentis en porte à faux avec le projet d’où peur et méfiance face à quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas. S’ils se plaignent en France d’être mal informés, Ibrahim quant à lui, déplore que les cassettes ne soient écoutées que plusieurs mois après leur envoi et les compte-rendus insuffisamment diffusés. Enfin, selon Ibrahim, certains migrants sont aujourd’hui entrés dans une démarche plus individualiste qui les conduit à négliger les associations de développement. L’idée de recourir à la video pour améliorer la communication entre le village et le foyer a été proposée et des formations organisées des deux côtés. Pour Ibrahim, il faut relativiser l’avantage d’un tel moyen, au moins dans l’immédiat. L’argument du manque de temps sera très certainement à nouveau avancé par les migrants et l’effet cinéma (on rit de l’image en perdant de vue le message qu’elle veut faire passer)risque de jouer, faute d’éducation audiovisuelle suffisante..

Palabras claves

audiovisual, comunicación, desarrollo comunitario, emigrante, financiamiento del desarrollo, organización comunitaria, proceso de desarrollo


, Mali

Comentarios

Malgré certains efforts déployés, la communication entre ORDIK France et ORDIK Mali demeure une préoccupation constante de l’équipe technique. Ibrahim s’avoue pessimiste : "Je n’ai jamais vu une association née de l’immigration, venant ici (au Mali)pouvant rester en contact permanent avec les migrants." A un observateur extérieur, il semble que l’enjeu, pour le bon fonctionnement des deux ORDIK, d’une communication bien établie, n’ait pas été parfaitement perçu dans les foyers.

Fuente

Entrevista

FONTENEAU, Anne; KAMISSOKO, Kande

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