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La reconnaissance des organisations professionnelles paysannes ou maritimes d’Afrique de l’Ouest par les institutions de leur pays

Sophie NICK

02 / 1996

Pierre Herry est depuis plus de vingt ans secrétaire général du CEASM. Il travaille notamment sur un programme régional pour la valorisation des produits de la mer à l’échelle de seize pays d’Afrique de l’Ouest. Un des rôles du CEASM est de favoriser l’émergence des organisations professionnelles et leur reconnaissance par les états.

"Les organisations professionnelles paysannes ou maritimes en Afrique de l’Ouest doivent avoir une reconnaissance de leurs statuts juridiques. Ce n’est pas toujours aisé car en raison des législations de certains pays basées sur une conception de l’encadrement des secteurs. C’est le cas du Sénégal ou les GIE (Groupements d’Intérêt Economiques), sont des coopératives de conception étatique avec une hiérarchie pyramidale. Dans ce pays, on appelait initialement ces structures "coopératives primaires d’avitaillement" mais c’était un schéma tout à fait théorique. Ici, je veux parler de reconnaissance d’organisations qui ont leurs propres objectifs de défense professionnelle ou d’orientations économiques lorsqu’il s’agit par exemple de créer un comptoir d’avitaillement pour la pêche ou une mutuelle d’épargne et de crédit. Ce sont des formes multiples d’associations professionnelles et celles-ci demandent à être reconnues comme partenaires pour discuter des politiques qui concernent leur secteur. La reconnaissance des ONG, si elle n’existe pas juridiquement, peut quand même se faire d’une autre façon. On reconnaît ainsi les mutuelles, les coopératives et les entreprises d’avitaillement qui ont le statut soit d’une Société Anonyme, soit d’une coopérative suivant la législation des pays. C’est avant tout la reconnaissance de ce que les professionnels ont souhaité comme forme. Cela provoque un débat dans les pays où les dirigeants ne sont pas habitués à voir une myriade d’initiatives qui ne collent pas toujours avec le schéma qu’ils avaient préalablement conçu. Pour reprendre l’exemple du Sénégal, les mutuelles y constituent aujourd’hui un réseau important bien que la législation sénégalaise ne reconnaisse pas cette forme d’entreprise. Récemment, le Ministre du budget et du plan a été saisi pour résoudre cette question et a fini par reconnaître le bien-fondé de la requête sous la pression, en partie, des bailleurs de fond européens. La Caisse française de développement est intervenue pour faire accepter cette forme d’entreprise en matière d’épargne et de crédit car elle ne pouvait pas, jusqu’à présent, assurer des prêts directs aux secteurs rural et maritime. En soutenant, dans plusieurs pays, le développement des réseaux d’épargne et de crédit, ce bailleur de fonds a oeuvré pour la reconnaissance officielle de ces réseaux, comme la Fédération Nationale des Mutuelles d’Epargne et de Crédit au Sénégal.

La reconnaissance peut se faire aussi par la pression des professionnels comme l’a montré le CNPS (Collectif National des Pêcheurs sénégalais), syndicat de 7000 à 8000 adhérents, en se mobilisant constamment pour défendre ses intérêts sur des sujets importants comme l’accès à la ressource, la défense de la pêche artisanale face à la pêche industrielle, la possibilité de pouvoir participer à la définition des accords de pêche entre l’Union Européenne et le Sénégal... Des interpellations fortes entre l’Administration et le CNPS ont conduit progressivement les représentants de l’Etat à convier les dirigeants du CNPS à des réunions de travail. Il y a deux ans, ils ont reconnu officiellement le CNPS en tant qu’organisation nationale des pêcheurs. Auparavant, selon le modèle conçu par l’administration, tout groupement de pêcheurs devait avoir la forme d’un GIE avec des structures locales, départementales et régionales. Le tout chapeauté par une fédération nationale des GIE de pêche dirigée par des fonctionnaires. C’était une coquille vide. Le CNPS correspond à tout un mouvement de pêcheurs né sur la base de leurs droits.

Dans le programme régional sur la valorisation des produits de la mer, la majorité des seize Etats a finalement accepté que l’organe de suivi du programme soit constitué à la fois de représentants des Etats et des organisations professionnelles. Ca a été beaucoup débattu, c’est une idée qui n’a pas été facile à faire passer. Quand, dans un programme de ce type, sollicité par les Etats, il y a dans le comité de suivi des représentants professionnels, c’est aussi une forme de reconnaissance. Cela signifie que les organisations professionnelles sont maîtres d’oeuvre pour la programmation qui n’est plus seulement le fait des Etats. Le programme est élaboré en fonction des besoins qu’ils ont exprimés. C’est sur cette base que sont retenues les activités annuelles à mettre en place, des activités internationales destinées aux communautés de pêcheurs et aux femmes transformatrices et commerçantes. En général, les programmes de coopération régionale sont sous le monopole des administrations d’Etat qui choisissent une équipe technique chargée de mettre en oeuvre les actions déterminées. Dans le cas du programme régional, ce n’est pas le cas. L’équipe technique a été choisie par l’ADEPA (un collectif constitué de trois ONG africaines et du CEASM)qui est l’agence d’exécution du programme."

Palabras claves

pesca, mar, ONG, cooperación, Estado y sociedad civil, sindicato, toma de participación


, Senegal

Comentarios

"Pour moi, c’est cette forme de reconnaissance qui est de loin la plus importante car là, les Etats acceptent qu’il y ait programmation, donc participation des professionnels à la politique de développement d’un secteur (à partir des besoins qu’ils ont eux-mêmes exprimés), au suivi et à l’évaluation des programmes. C’est un élément important du développement."

Notas

Entretien réalisé par Sophie Nick au CEASM dans le cadre de la capitalisation d’expérience de cette association.

Entretien avec HERRY, Pierre

Fuente

Entrevista

CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) - Le CEASM a arrêté ses activités en 2001. - Francia

menciones legales