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Un parcours vers le bilinguisme

Didier DONSTETTER

12 / 1994

"Rêveur et lucide, c’est ainsi que j’ai abordé la surdité, et ces deux pôles contradictoires m’ont guidé dans mon parcours vers le bilinguisme.

Dès que le mot sourd est prononcé, une évidence suit : l’orthophonie, et derrière ce mot se cachent de nombreuses techniques. Dans le cas de l’enfant, on ne se rend compte que trop tard que les moyens utilisés sont mauvais. Car c’est au moment des résultats qu’on apprécie que l’objectif est atteint ou pas. De sorte que le choix se fait à l’aveuglette. Faire de l’enfant sourd un enfant parlant est une chose voulue par tous. Celui qui n’adhère pas à cela encourt la même réprobation générale que celui qui n’envoit pas ses enfants à l’école. Il est difficile d’apprécier les conseils sur une chose qu’on ignore totalement. Parmi les conseils, des objections à la L.S.F.:

- recourir à la L.S.F. c’est faire du sourd un muet en ne lui permettant pas d’accéder à la parole,

- la L.S.F. c’est l’enfermement dans un ghetto avec les sourds,

- il ne pourra pas tout dire,

- la L.S.F. est difficile à apprendre pour les parents.

Chacun de ces arguments m’a été soutenu. Mais les choix que j’ai faits, j’entends qu’ils soient respectés.

Les parents ont beaucoup de difficultés à apprendre la langue des signes mais, de la part d’un entendant, c’est un acte d’amour. L’enfant sourd n’est pas dupe. Les sentiments et les passions transcendent la grammaire. Et c’est cela qui est important.

Peut-on tout dire en L.S.F.? Ce qu’un homme pense, il peut le dire dans sa langue. Si le mot n’existe pas, il l’emprunte ou l’invente. C’est le propre des langues vivantes. On parle de quartier juif ou de quartier bourgeois pour le 16ème arrondissement de Paris. En revanche on parle de ghetto pour certaines banlieues. Les sourds sont-ils dans un ghetto? Reste qu’ils veulent vivre entre eux. Un sourd qui est dans la dynamique du respect, qui n’essaye pas de devenir ce qu’il n’est pas -entendant- forcera le respect d’autrui. Il n’entend pas ou peu, il est donc différent; c’est en montrant du respect pour lui qu’il deviendra respectable et donc respecté.

L’Etat accomplit-il son devoir à l’égard des sourds? Une seule réponse : plus de 90% d’entre eux n’ont pas accès au texte!

Affirmer le bilinguisme ce n’est pas simplement marmonner quelques mots dans une langue étrangère. C’est connaître la culture du pays. Il est impossible de se prétendre bilingue si on n’a pas une implication réelle chez les sourds. Je dis haut et fort qu’un enfant sourd doit faire l’objet d’un respect qui ne peut pas faire l’économie de ce qui lui est constitutif. Ce respect ne s’impose pas parce qu’on peut aller chez le boucher et lui faire croire qu’on est entendant, mais parce que, sourd, on sait faire valoir sa différence. Si le mot bilinguisme a un sens, ce sens est là.

Palabras claves

comunicación, educación, enseñanza, familia, desarrollo cultural, necesidades básicas


, Europa, Francia, Paris

Comentarios

Réflexion d’un père d’enfant sourd qui a choisi le bilinguisme.

Notas

GESTES Groupe d’Etude Spécialisé "Thérapies et Surdités"a organisé à Paris, en décembre 1994, le troisième congrès international de l’ESMHD European Society for Mental Health and Deafness. Les actes du congrès sont en préparation.

Fiche rédigée d’après l’intervention de Marc BENDAYAN, président du GERSGroupe d’Etude et de Recherche sur la Surdité, 11 place de la République, 75003 Paris, FRANCE. Tel/Fax: 42 78 92 61

Fuente

Actas de coloquio, encuentro, seminario,…

BENDAYAN, Marc, GESTES

GESTES (Groupe d’Etudes Spécialisé Thérapies et Surdité) - 8 rue Michel Peter, 75013 Paris, FRANCE. Tel/Fax 00(331)43 31 25 00 - Francia - gestes (@) free.fr

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