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Le professionnalisme du flou

Identité et savoir-faire des journalistes français

Christophe BEAU

10 / 1995

Bien souvent, pour le grand public, le journaliste est avant tout celui qui présente le 20 Heures à la télévision. Denis Ruellan, sociologue et ancien journaliste, tente d’aller plus loin que la simple image d’Epinal... Les journalistes agacent. Touche-à-tout insaisissables, on ne sait guère ce qu’ils font, comment ils produisent, où ils se situent, à quelle catégorie les rapporter: ils semblent inclassables", écrit Denis Ruellan. Leur activité est donc très floue. Elle est d’autant plus difficile à cerner que ce groupe professionnel "est très peu ouvert à l’observation par la recherche, en particulier quand celle-ci prétend être critique". Le statut du journaliste existe depuis une loi de 1935 qui a créé la carte de presse. Une carte dont l’auteur relève la "dimension symbolique". Et qui est attribuée selon des critères matériels et non pas déontologiques ou de compétence. Pourtant, bien souvent, les gens de presse mettent en avant ces notions de professionnalisme et de compétence pour "écarter tout esprit médisant". Et éviter certaines interrogations sur leur légitimité, leur déontologie, leur rapport avec le public... La thèse de l’auteur s’appuie sur une étude historique approfondie . Il explique ainsi pourquoi les journalistes n’ont jamais créé un "Ordre", comme l’on fait les médecins, les architectes ou les avocats. Il insiste par ailleurs sur le caractère propre de la presse hexagonale. Et notamment sur l’influence, apparemment peu connue, qu’a exercée sur elle la littérature naturaliste. Il en profite pour relativiser les apports de la presse nord-américaine. Le reportage, une des pratiques reines du journalisme, serait ainsi en fait issue d’une vieille tradition française. Mais on l’affubla "d’un nom anglo-saxon pour rehausser son crédit", explique Denis Ruellan en citant un certain Levrault (qui écrivait au début du XXème siècle). L’auteur réfléchit par ailleurs sur le problème essentiel et apparemment antinomique de la transmission de l’information: la nécessité de rendre la connaissance le plus fidèlement possible tout en la rendant attractive et agréable. Il complète sa réflexion par des portraits d’hommes et de femmes rédacteurs, caméramen, photographes... Portraits originaux où ceux-ci décrivent notamment leurs conceptions du métier, leurs manières de travailler...

Palabras claves

ciencias de la comunicación, prensa, información, periodista, periodismo


, Francia

Comentarios

L’auteur semble surtout s’intéresser à la presse parisienne et à la catégorie forcément restreinte des grands reporters, en général considérée comme le nec plus ultra de la profession. On parle peu des médias régionaux et spécialisés qui ont pourtant une audience considérable. De la même façon, on regrettera que dans ce livre, la pratique du journalisme semble se limiter la plupart du temps au reportage. Or le travail quotidien d’un rédacteur, c’est aussi la "couverture" de réunions et de conférences de presse, le "rewriting" de dépêches, la mise en forme de communiqués, le travail sur dossiers... L’ouvrage n’en fourmille pas moins d’idées et d’informations inédites. Lui-même ancien journaliste, l’auteur connaît visiblement bien son sujet (on aimerait d’ailleurs qu’il fasse plus explicitement référence à son expérience). Une analyse souvent juste. Et justifiée.

Fuente

Libro

RUELLAN, Denis, Le professionnalisme du flou, Presses U. de Grenoble, 1993 (France)

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