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Longue durée

Textes et photographies sur le chômage et les chômeurs

Michel SAUQUET

03 / 1996

Didier Demazière, sociologue, Marc Hellebois, photographe et Jacques Mondoloni, écrivain, ont rencontré une trentaine de chômeurs de longue durée, au cours d’un stage de réinsertion au centre de formation AFER (Action formation étude recherche)de Lille. "On parlait autour d’un magnétophone, raconte Jacques Mondoloni, dans un coin tranquille. Dès que j’appuyais, c’était le torrent. J’étais le capteur de paroles, eux, ils étaient ceux qu’on n’écoute plus."

Il ressort de ces entretiens des parcours pluriels, parfois inattendus, que les auteurs ont voulu faire partager à ceux qui ont un emploi. On y rencontre un artiste peintre yougoslave, un cuisinier au chômage qui aime à porter ses habits de travail au moment où le photographe appuie sur le déclencheur, un ancien brancardier épris de sagesse orientale, deux Algériennes cassées par un mariage arrangé et réfugiées en France, sans travail, avec leurs enfants sur les bras, un soldat viré de l’armée qui ne pense qu’à être para, comme son grand-père...

Au fur et à mesure que le chômage s’incruste dans la société, ses relations avec le travail se distendent. Le chômage n’est plus une parenthèse d’inactivité dans un parcours professionnel ou un purgatoire nécessaire en début de carrière. Entre RMI, stages dits d’insertion, contrats aidés et autres formes de précarité institutionnalisée, il finit par constituer un espace en friche en marge de l’inaccessible emploi. C’est une zone de flou où les gens s’habituent à vivre, à bricoler, à investir dans une incertitude qu’ils apprennent à apprivoiser. Ce n’est pas toujours un temps d’inactivité, mais c’est un temps souvent marqué par la spoliation. Car dans une société où le travail rémunéré conditionne la reconnaissance sociale, la valeur de ces activités - bénévolat, services de voisinage, entraide, etc - n’est pas reconnue. Alors que la recherche d’emploi, souvent illusoire, est vue comme légitime et essentielle, les autres activités du chômeur sont considérées comme accessoires et risquent même de lui faire perdre son statut. Ce sont pourtant elles qui aident à vivre.

On trouve cependant dans ces portraits trouve une incroyable quantité de rêves, d’idées fixes, d’espoirs. Comme si, au delà de l’attitude désespérée que l’on imagine du dehors et qui est le plus souvent une réalité il y avait toujours, irréductible, un désir enfoui, tenace, irréductible. "J’ai fait mille boulots, dit l’une des personnes qui témoignent dans ce livre, j’ai vécu mille galères. J’ai cru que je m’en étais sortie. Mais je suis une héroïne de chanson populaire : alors la maladie m’a frappée, une de ces longues maladies, comme on dit. On m’a considérée comme une pestiférée, les voisins m’évitaient dans l’escalier. Mais j’ai tenu bon, j’ai guéri. Je suis une battante, je me bats, j’écris partout. Regarde mes dossiers qui racontent que je veux rester vivante."

Palabras claves

pobreza, marginación social, desempleo, desigualdad social


, Francia

Fuente

Libro

DEMAZIERE, Didier, HELLEBOIS, Marc, MONDOLINI, Jacques, Longue durée. Vivre en chômage, SYROS ALTERNATIVES, 1994 (France)

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