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diálogos, propuestas, historias para una Ciudadanía Mundial

Europe : pour une politique agricole solidaire du monde

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1997

Le Groupe de Bruges est composé d’une vingtaine de personnes de différents pays européens, qui se sont réunies pour proposer de nouvelles bases pour la politique agricole de l’Union européenne. Réuni à Munich en septembre 1996, il a adopté les principes suivants.

1 - Les produits agricoles ne sont pas de simples marchandises. Tout d’abord parce que, en tant qu’aliments, ils jouent un rôle essentiel pour la survie des hommes. Ensuite, parce que la façon dont ils sont produits et le lieu où ils sont produits ont une grande importance pour nos sociétés.

En effet, l’activité agricole est productrice d’aliments mais également créatrice d’emploi et source de revenus : c’est là une dimension fondamentale de toute politique alimentaire, puisque la malnutrition est d’abord un effet de la pauvreté. Lorsqu’elle est menée avec un souci de l’intérêt collectif, l’activité agricole est aussi productrice d’autres richesses : paysages, équilibres écologiques, occupation du territoire... Ces co-produits de l’activité agricole doivent être intégrés dans une réflexion mondiale sur les politiques agricoles et alimentaires. Il n’est pas possible aujourd’hui de parler de sécurité alimentaire mondiale à long terme sans choix politiques clairs en faveur de l’emploi et de la lutte contre la pauvreté, en faveur de l’agriculture durable et d’une occupation équilibrée des territoires.

La sécurité alimentaire doit donc être raisonnée dans un cadre large, qui abordera non seulement l’objectif d’un équilibre global entre l’offre et la demande de produits, mais également celui de la répartition spatiale et sociale de l’activité productive et des attentes légitimes de la société envers l’agriculture. Cette réflexion doit donc porter une attention particulière sur la répartition de la production agricole ainsi que sur les techniques et les systèmes de production.

2 - La place des producteurs dans l’élaboration de ces politiques est un point central. Il est nécessaire que le plus grand nombre de producteurs puissent disposer des possibilités de produire et de vendre leur production sur les marchés. Dans de nombreux pays en développement, cela passe par une répartition plus juste des moyens de production, en particulier de la terre et de l’eau. Dans de nombreux pays développés, cela passe par une distribution plus égalitaire des aides publiques et des droits à produire. Partout, cela suppose que la voix des producteurs - mais également celle des autres secteurs de la société civile - soit entendue. Des espaces démocratiques doivent être ouverts, qui garantissent leur accès à la prise de décision en matière de politique agricole et alimentaire.

3 - La sécurité alimentaire suppose que soit garantie la qualité des aliments. Dans l’Union européenne, la crise de la viande bovine l’a bien montré : la sécurité alimentaire n’est pas uniquement affaire de quantité.

4 - La sécurité alimentaire est un bien public. Elle ne peut pas être garantie par le jeu exclusif des forces du marché. Elle requiert au contraire l’intervention volontaire des États et des sociétés tout entières. Dans l’Europe de l’abondance et des excédents, la malnutrition a fait de nouveau son apparition, mettant en évidence l’incapacité du marché à faire oeuvre de répartition. Répondre à ces besoins par l’aide alimentaire ne constituera pas une solution durable, il faut réduire durablement la pauvreté et l’exclusion.

5 - Les marchés mondiaux doivent être stables. Sur les marchés agricoles et alimentaires mondiaux, des fluctuations erratiques de plus en plus marquées découragent les producteurs dans leurs investissements à long terme. Le marché a un rôle à jouer, mais il doit être épaulé par des politiques publiques volontaristes. C’est l’autorité des États qui doit s’exercer sur les marchés, et non pas l’inverse.

6 - L’Union européenne doit contribuer à la sécurité alimentaire mondiale. Non pas en produisant à la place des pays déficitaires, au risque de décourager leur propre production et d’aggraver les déséquilibres écologiques mondiaux. Mais :

- en réduisant l’agressivité de sa politique agro-exportatrice, de façon à ce que ses principes de coopération, qui mettent à juste titre l’accent sur le renforcement des capacités productives des pays déficitaires, inspirent également sa politique commerciale. Les pratiques de dumping doivent être définitivement abandonnées. Tous les pays doivent pouvoir se protéger, temporairement ou partiellement, des importations afin de préserver les formes d’agriculture qui répondent aux souhaits de leur population et aux nécessités de leur indépendance ;

- en permettant que les producteurs des pays les moins favorisés aient accès à ses marchés intérieurs, sans mettre en péril ses propres producteurs mais dans des conditions qui assurent la juste rémunération des plus défavorisés ;

- en mettant en place sur son propre territoire une politique de lutte contre la pauvreté qui garantisse la satisfaction des besoins de tous ;

- en offrant à son agriculture des perspectives d’avenir, non pas orientées exclusivement vers la conquête des marchés mondiaux, mais vers la satisfaction des nombreuses attentes de sa société ;

- en garantissant aux consommateurs européens une alimentation de qualité produite dans le respect de l’environnement ;

- en contribuant à stabiliser les cours mondiaux des produits agricoles ;

- en interpellant les États des pays déficitaires et en les invitant à mettre en place des politiques agricoles et alimentaires faisant une juste place aux producteurs les plus défavorisés ;

- en participant à l’élaboration d’une stratégie mondiale et en renforçant le rôle que la FAO, en concertation avec les États et les organisations non-gouvernementales, doit jouer dans ce processus.

Palabras claves

agricultura y alimentación, agricultura, agricultura campesina, alimentación, soberanía agrícola, política alimentaria, mercado agrícola, malnutrición


, Europa

Notas

Ce texte fait partie d’une série de cas portant sur la question de la sécurité alimentaire, recueillis parmi les membres du réseau Agriculture paysanne et modernisation (APM)lors de la rencontre de Yaoundé, en septembre 1996.

Fuente

Documentación gris

Groupe de Bruges, Note de travail pour le réseau APM, 1997 (France)

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Francia - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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