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L’Education, un bien public

Gustavo MARIN

10 / 1999

La Confédération des Travailleurs de l’Education d’Argentine (CTERA) mène depuis 1973 une lutte intense pour sauvegarder l’éducation comme un bien public de la société argentine. Cet objectif, qui peut paraître évident dans des sociétés où l’éducation publique est prédominante, devient un objet de combat quotidien là où l’Etat non seulement se désintéresse du sort de l’éducation, mais en plus, prône ouvertement la privatisation du système éducatif, des écoles et du financement de l’éducation.

Cette situation s’aggrave encore plus dans les pays comme l’Argentine, soumis aux fortes contraintes, pour ne pas dire manifestement conditionnés aux politiques d’ajustement imposées par le FMI et la Banque Mondiale. Ces politiques ne font que renforcer la privatisation généralisée prônée par l’Etat des entreprises ainsi que par les systèmes de santé, de sécurité sociale et d’éducation. Pour compléter ce tableau, l’éducation comme système d’apprentissage de la citoyenneté, de socialisation des connaissances, d’appropriation de l’histoire et de la culture, devient une chimère dans des pays qui ont subi des périodes prolongées de dictature militaire et se trouvent entravés dans des transitions politiques aggravant les inégalités sociales et détériorant l’environnement industriel et rural.

Depuis les années 60, l’Argentine survit dans un cycle d’alternances de récession économique, décomposition sociale, crise politique et régimes corrompus.

La CTERA, forte de plus de 230 000 enseignants, qui adhèrent activement au syndicat, et consciente que l’école et les enseignants constituent un patrimoine inestimable de la vie civique, a décidé de se battre contre cette dégradation de la société argentine. Le début de cette lutte a été complètement corporatiste : il fallait protester contre la détérioration du pouvoir d’achat du personnel enseignant. Mais, en cherchant à réagir, les dirigeants syndicaux ont compris, d’emblée, que pour défendre les revendications des enseignants et sauvegarder l’école comme un bien public, il ne fallait pas faire de grèves à répétition. Ou, s’il fallait faire grève, il fallait s’y prendre autrement.

Tout d’abord pour une raison « domestique » ou familiale, car la majorité des enseignants argentins sont des femmes et elles sont également nombreuses à être mères de famille. Elles n’allaient donc pas faire grève au détriment de leurs propres enfants. De plus, les enseignants ont vite compris que les grèves de services publics provoquent une gêne généralisée qui isole et encercle le mouvement de protestation. Mais il fallait protester face au gouvernement qui ne paie pas les salaires et organise de plus la privatisation de l’enseignement. La CTERA a donc décidé de lancer la grève mais sous une forme singulière : la grève de la faim. Et c’est ainsi que depuis plusieurs années les enseignants font la grève de la faim à tour de rôle sur les principales places des grandes villes d’Argentine. La plus importante et longue dure encore, depuis avril 1997, sous la « tente blanche », une grande tente installée en plein centre de Buenos Aires, face au Palais du Congrès. Dans ce lieu, des milliers d’enseignants font la grève, par groupes de 30 ou 40 par semaine, en provenance de toutes les régions du pays. La présence de ces femmes et de ces hommes, maîtres et maîtresses d’écoles, en grève de la faim, provoque des sentiments profonds d’émotion et de sympathie auprès des élèves et des argentins en général.

Mais, la CTERA a très tôt compris que la protestation par la grève de la faim, si forte et nécessaire soit-elle, ne suffit pas à contrecarrer les politiques néo-libérales imposées par les gouvernements et les organismes financiers multilatéraux.

Le problème du financement de l’éducation s’est posé avec une acuité particulière. Comment financer l’éducation lorsque la restriction, voire la diminution du budget de l’Etat devient le mot d’ordre de la politique publique ? Comment sauvegarder l’école comme un bien public lorsque l’Etat impose la privatisation ? Comment répondre à la demande de milliers d’élèves d’apprendre et de comprendre alors que le Ministère de l’Education abandonne son rôle d’orientation et est incapable d’actualiser les programmes éducatifs ?

Face à la défaillance de l’Etat, la CTERA a pris la décision d’ouvrir le débat à la société toute entière pour que la survie de l’école et de l’éducation publique soit précisément une affaire publique, de l’ensemble des citoyens. Si l’Etat argentin est devenu incapable de prendre en mains ses responsabilités élémentaires de gestionnaire des biens publics, il revient alors à la société de la faire. L’Etat, du moins l’Etat argentin, n’a pas le monopole des biens publics, notamment de l’éducation. Pour assumer cette responsabilité civique, la CTERA a mis en ouvre un large processus participatif. Les congrès éducatifs et les rencontres régionales rassemblent les enseignants mais pas uniquement ; y participent également des élèves, élus locaux, parlementaires, associations, entreprises, etc. le but est d’ouvrir le débat, d ’élaborer les programmes d’enseignement, de préparer les budgets pour l’éducation. Dans ce processus les dirigeants de la CTERA ont rencontré l’Alliance pour un monde responsable et solidaire. En 1993 ils ont participé aux rencontres régionales aboutissant à la Convention préparatoire aux Etats généraux de la planète où la Plate-forme pour un monde responsable et solidaire a été lancée. Depuis ils participent activement à la construction de l’Alliance. La Plate-forme est un texte de référence dans les programmes scolaires, utilisé par les enseignants pour les cours d’histoire, d ’éducation civique, d’économie et de sciences. Les textes de l’Alliance servent à animer les cours traitant de questions relatives à la complexité, la diversité et l’unité, l’imaginaire, etc.

Pour répondre à l’éternelle question « qui éduque les éducateurs ?", la CTERA a organisé un programme de formation post-doctorale, destiné aux enseignants et chercheurs argentins, dispensé par des alliés du chantier éducation de l’Alliance ou autres chantiers « voisins », sous forme de cours interactifs.

Palabras claves

educación, financiamiento de la educación, política educativa, docente, enseñanza pública, resistencia civil, sindicato, Estado y sociedad civil, privatización, mujer


, Argentina

dosier

Idées, expériences et propositions sur les sciences et la démocratie

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Afin de laisser une trace écrite de cette expérience de la CTERA et des contenus de sa réflexion théorique, méthodologique et historique, une série de publications est en préparation.

Notas

Contacts : Laura Maffei, Carlos Galano. CTERA. Rivadavia 3623. 1204 Buenos Aires. Argentine. Email : lauramaffei (at) hotmail.com

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