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Capitalisation : l’art de l’information

Pierre DE ZUTTER

08 / 1993

L’art de recueillir et de gérer l’information est à la base d’une bonne capitalisation de l’expérience. Mais peut-être est-il nécessaire de préciser de quoi il s’agit car suivant les milieux, les cultures et les objectifs, cet art acquiert des dimensions bien particulières.

Pour capitaliser, tout ce qui tourne autour de l’expérience peut être information utile : les faits bien sûr, avec les textes ou documents qui les fondent ou qui les rapportent ; les opinions également, depuis les plus élaborées jusqu’aux impressions, états d’âmes et autres, dans leur plus simple ou plus riche expression ; les réactions ou réponses de la réalité qui ne se traduisent pas dans des mots faciles à enregistrer mais dans des attitudes qui varient, dans de nouvelles activités qui s’entreprennent ou dans d’anciennes qui se transforment, etc.

Le recueil de toute cette information est donc un défi majeur. Un défi que l’on peut assumer de bien des manières suivant les ambitions et les ressources. Souvent on procède a posteriori, au moment où l’on décide de capitaliser : on ratisse les sources les plus proches et les plus faciles, dans les mémoires humaines et dans les écrits, les images, les objets; ou bien on lance un effort plus substantiel pour essayer de retrouver également des sources disparues, par exemple des acteurs qui se sont éloignés, des documents qui ont été emportés… Mais on peut également réaliser un enregistrement systématique dès le début de l’expérience, dès l’intention de l’action.

Quel appui pour nous, lors de la capitalisation du Ppea à Cajamarca, Pérou, en 1989, de retrouver (rangées et reliées) même les notes manuscrites d’Alois Kohler, l’ancien directeur du projet, lors de ses premières visites et entretiens en 1985 ! Une mine incroyable de renseignements sur les subjectifs, les attitudes, les attentes, les susceptibilités qui allaient jouer un rôle fondamental dans les conflits et apprentissages postérieurs !

Les moyens différent selon les cas, mais le recueil de l’information pour capitaliser doit essayer d’être le plus large possible, de s’intéresser à toutes les sources imaginables, de transcender toutes les barrières disciplinaires ou administratives.

Plus le recueil est important, plus se pose la question du rangement et de la gestion de cette information. La capitalisation entraîne donc à son tour une révision des méthodes documentaires afin de les dévier et de les attendrir parfois, afin de les compléter et de les raccorder d’autres fois.

Pour capitaliser on a généralement besoin de dépasser les catégories habituelles de classification et de rangement. Ce ne sont plus les thèmes qui y parlent le mieux mais par exemple les actes et leurs acteurs. Ainsi, capitaliser c’est prendre une expérience concrète et rechercher ce qu’elle nous apprend en révisant différentes sphères qui lui sont plus ou moins directement reliées. Il s’agit de sphères concentriques et leur centre commun c’est l’expérience que l’on capitalise. L’information documentée que l’on possède doit donc pouvoir se redistribuer en s’adaptant aux multiples centres des multiples acteurs qui capitalisent. Ce n’est pas évident et c’est un autre défi majeur que pose la capitalisation.

Un tel défi s’assume d’ailleurs de bien des façons. Une capitalisation en fin d’expérience se limite en général à piocher selon ses possibilités dans les sources existantes. C’est un peu la débrouille. Mais si l’expérience (du projet, de l’institution, de la population locale) doit suivre son cours, il devient tentant de rechercher une adaptation de tout le système de gestion de l’information pour que celle-ci puisse en permanence devenir accessible en termes d’acteurs. C’est ce que nous avons essayé d’entreprendre en 1991 avec le Priv de Cochabamba, Bolivie, en voulant construire une sorte de Mémoire Centrale, que nous n’avons pas (encore ?) réussi à achever.

Palabras claves

información, documentación, descompartimentación de disciplinas, gestión de la información, metodología, capitalización de la experiencia


, Perú, Bolivia, Paises andinas, Cajamarca, Cochabamba

dosier

Des histoires, des savoirs et des hommes : l’expérience est un capital, réflexion sur la capitalisation d’expérience

Comentarios

Capitaliser l’expérience ne s’arrête pas à la capacité d’utiliser les instruments, méthodes et techniques existantes pour le recueil et l’organisation de l’information. Si l’on est ambitieux cela exige d’entrer à comprendre et reprendre l’art de la chose. Car la capitalisation peut être une excellente source d’inspiration pour réfléchir et améliorer les relations entre information et action. Reposer les relations entre expérience et connaissance oblige en effet (ou aide) à reconsidérer celles entre information et action.

Notas

Le PPEA : Proyecto Piloto de Ecosistemas Andinos a été réalisé entre 1985 et 1992 à Cajamarca-Pérou par l’Etat péruvien et le PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement. La capitalisation du PRIV : Proyecto de Riego Inter-Valles, à Cochabamba-Bolivie, avec la Coopération Allemande, a été financée par la GTZ.

Fiche traduite en espagnol : « Capitalización: El arte de la información »

Ce dossier est également disponible sur le site de Pierre de Zutter : p-zutter.net

Version en espagnol du dossier : Historias, saberes y gentes - de la experiencia al conocimiento

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